mardi 30 octobre 2012

Amour conjugal !


30 T.O. Mardi 12/B       -    Le chrétien dans la société !        (Eph. 5.31-5.33)

Les exhortations de St Paul ne visent pas seulement les individus comme il vient de le faire dans sa lettre, mais également les groupes sociaux : les femmes et leur mari ; les enfants et leurs parents ; les esclaves et leurs maîtres (1).

Bien sûr, les considérations de St Paul concernant des groupes sociaux se retrouvent chez les philosophes de l’Antiquité, tels Aristote, Epictète, Sénèque. Et la tradition juive aborde aussi ces sujets. Certes ! Mais les propos de St Paul ne sont tant philosophiques ou culturels que motivés uniquement, comme toujours, par la personne du Christ et par la vie du chrétien en lui !

Les chrétiens doivent découvrir que c’est aussi dans les structures humaines que l’Evangile doit être annoncé, vécu ! Parce que la “Bonne Nouvelle“ concerne tous les hommes en tant qu’individus, elle concerne aussi les structures dans lesquelles ils ont choisi de vivre ou se trouvent pris bon gré, mal gré ! La foi au Christ n’est pas une fuite du monde ; elle doit se vivre dans le monde tel qu’il est ! Il ne s’agit certes pas de révolutionner le monde en changeant les structures - serait-ce toujours possible et opportun ? -. D’ailleurs, aucune de ces structures n’est idéale ; mais toutes peuvent être évangélisées. Autrement dit, toute situation sociale doit être vécue avec le Christ, que ce soit dans la sphère de l’affectivité (rapport époux-épouse), la sphère de l’éducation (parents-enfants) ou la sphère socio-économique (maître esclave). C’est d’abord cela qu’il faut retenir du discours de Paul : Le Christ avant tout ! Par Lui, avec Lui, en Lui !

Ainsi, l’apôtre va-t-il expliquer ce que doit être l’amour humain, l’amour conjugal avec et dans le Christ !
Comme dans sa lettre aux Colossiens (13.18-19), il s’adresse aux épouses et aux maris mais en y ajoutant des considérations sur le Christ et l’Eglise. Amour conjugal et amour du Christ pour l’Eglise, deux thèmes qui vont se croiser, se conjuguer sans cesse rendant quelque peu difficile l’interprétation du texte !

Certes, les femmes doivent être soumises à leur mari comme Paul le dit aux Colossiens (3.18 – Cf. Tt 2.5 ; I Pet 3.5). Mais cette soumission est en référence au Seigneur.
La consigne de Paul n’est pas une réaction à un désir éventuel d’émancipation de la part des épouses qui s’appuierait sur ce que Paul disait aux Galates (3.28) : il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus“.
Le motif est autre. Et St Paul s’en explique par une comparaison : “Le mari est la tête de la femme comme le Christ est la tête de l’Eglise, lui le Sauveur de son Corps“. Si on peut dire que le Christ est “tête“ de l’Eglise, c’est en fonction de sa mission qui se caractérise par la puissance et la perfection de son amour, comme l’apôtre l’a souligné un peu plus haut (2.15-16) : Il a voulu, à partir du Juif et du païen, créer en lui un seul homme nouveau, et les réconcilier avec Dieu, tous les deux, en un seul corps, au moyen de la croix. Ainsi l’Eglise ne peut être qu’en référence à l’amour du Seigneur comme à sa source. Elle est son corps dont il est le principe vital. Le Christ est “tête“ parce qu’il révèle la primauté de son amour, comme l’enseigne encore la lettre aux Colossiens (1.17-18) : “Il est, lui, la tête du corps, qui est l'Eglise…  Car il a plu à Dieu… de tout réconcilier par lui et pour lui, ayant établi la paix par le sang de sa croix“. Oui, répète St Paul, “le Christ est “tête“ de l’Eglise, lui, le Sauveur de son Corps !“.

Ainsi, la soumission de l’épouse à l’égard du mari est analogue à celle de l’Eglise à l’égard du Christ, c’est-à-dire qu’elle est de l’ordre d’un amour rendu parce qu’il est d’abord reçu ! Ce que Paul demande à l’épouse n’a rien à voir avec une obéissance servile et absolue envers le mari. Il s’agit d’une obéissance “en tout“ dans l’amour, obéissance qui est une manière de répondre à l’amour dont on a entendu et senti la profondeur. Telle doit être l’attitude de l’Eglise vis-à-vis de son Seigneur. Telle doit être l’attitude de l’épouse vis-à-vis de son mari !

Et la conséquence est claire : si, dans cette comparaison que prend Paul, le mari est la “tête de la femme“, c’est parce que son agir envers la femme est à l’image de celui du Christ envers l’Eglise, et non en raison d’une supériorité quelle qu’elle soit.

Aussi, Paul va insister longuement : “Maris, aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Eglise !“. Il s’agit d’un amour de donation absolu qui n’a rien à voir avec une condition sociale, même pas avec le seul amour de désir. Le mari est appelé à aimer sa femme “comme le Christ a aimé l’Eglise“, jusqu’au don de soi, au point de ne rien retenir pour lui.

Et St Paul de développer ce qu’est l’amour du Christ pour l’Eglise : “Il s’est livré pour elle“… jusqu’au don total de soi. Ce qui a un triple effet :
- en se livrant, il a sanctifié l’Eglise
- en se livrant, il l’a rendue digne de lui, par la purification du baptême, digne de lui dont l’amour dépasse toute connaissance. Alors, avait déjà dit l’apôtre, “vous connaîtrez l'amour du Christ qui surpasse toute connaissance, et vous entrerez par votre plénitude dans toute la Plénitude de Dieu !“ (3.19).
- en se livrant, il lui a donné sa vocation d’être sainte, irréprochable : J'éprouve à votre égard, dira Paul aux Corinthiens, une jalousie divine ; car je vous ai fiancés à un époux unique, comme une vierge pure à présenter au Christ“ (II Co. 11.2).

C’est à cette profondeur du mystère de l’amour de Dieu pour les hommes, du Christ pour l’Eglise que le mari est appelé à découvrir la qualité de l’amour qui le lie à sa femme. L’amour que le Christ a pour l’Eglise est la mesure et le symbole de celui que le mari doit avoir pour la femme.

Aussi, St Paul ajoute que le mari doit aimer sa femme “comme son propre corps“. Autrement dit, le mari est invité à reconnaître sa femme comme un autre lui-même. “Celui qui aime sa femme s’aime soi-même“, non pas dans la complaisance de soi, mais dans la perspective où Jésus demande d’“aimer son prochain comme soi-même“ (Mth. 22.39), et de l’aimer sans mesure comme lui-même nous en a donné l’exemple.

Et St Paul de conclure à sa façon, lapidaire souvent : “Ce mystère (de l’amour) est grand ! Et je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise !“.

(1) On trouve des recommandations semblables dans la lettre aux Colossiens, mais moins développées.

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