samedi 13 octobre 2012

La postérité d’Abraham


27ème T.O.  - Samedi 12/B  -            (Gal 3.22-29)

En écoutant la lecture d’aujourd’hui, on comprend que Paul s’est ressaisi, si je puis dire ! Il n’est plus sous l’emprise d’une grande déception face à l’égarement des Galates qui accusent son “évangile“ d’“incomplet“ et en reviennent aux prescriptions de la Loi. Son émotion avait été telle qu’il les avait traités d’“esprits sans intelligence(anoètei).

Avec plus de sang-froid et de clarté, il expose désormais sa pensée. L’Ecriture nous apprend, dit-il, que tout a été enfermé sous la domination du péché. Et le préfixe qu’ajoute Paul au verbe grec “enfermer“ signifie que cette enfermement ne laissait aucune issue de sortie ! Il redira cette conviction aux Romains (11.32).

Aussi, ajoute-t-il, La loi a été utile, certes ! La Loi fut comme un bon “pédagogue“, un “surveillant“ qui avait pour mission de nous conduire au Christ, au Christ-Sauveur qui seul a reçu le pouvoir de nous “justifier“, de nous délivrer de la domination du péché ! Aussi, c’est par la foi, par notre adhésion totale au Christ que nous sommes sauvés ! Seule notre relation au Christ nous conduit à Dieu-Père qui, nous voyant libérés, fait de nous ses “fils“. Par le Christ nous sommes enfants de Dieu-Père, dira souvent St Paul !

Désormais, ajoute-t-il avec force dans une formule encore un peu elliptique qui laisse sa pensée inachevée (Mais, si ce n’était pas le cas, ce ne serait plus “du Saint Paul“ qui veut toujours trop dire à la fois !)… Il ajoute donc avec force :
- “Tous, vous êtes fils de Dieu dans le Christ par la foi “
Ou peut-on traduire encore :
- “Tous, vous êtes fils de Dieu par la foi dans le Christ !“

Vous direz que les deux traductions expriment le même sens. Et vous avez raison. Car l’apôtre veut surtout insister sur le fait que la foi qui nous rend “fils de Dieu“ est non seulement une foi qui vient du Christ, ou une foi dont il est l’objet, mais encore une foi qui nous fait “être en Lui“, qui nous lie à Celui qui est le propre Fils de Dieu, venu sur la terre pour faire de nous de véritables “enfants de Dieu“ (“pour qu’il nous doit donné d’être fils adoptifs“, dira-t-il un peu plus loin - 4.5).

Et Paul d’ajouter - et c’est là que la petite nuance de traduction précédente prend une certaine importance - : “Vous tous, dit-il,  qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtus le Christ !“
- Ainsi ceux qui ont lu : “Tous, vous êtes fils de Dieu dans le Christ par la foi “, comprennent : Vous êtes fils de Dieu en étant dans le Christ ; et vous êtes bien dans le Christ parce que vous l’avez revêtu dans le baptême !
- Et ceux qui ont lu : “Tous, vous êtes fils de Dieu par la foi dans le Christ !“ comprennent : Vous êtes fils de Dieu par la foi ; alors, par le baptême, acte de la foi par excellence, vous avez revêtu le Christ !

Distinction et explication un peu absconses, je vous l’accorde, mais qui nous conduisent à une question importante pour une bonne pastorale du baptême, une bonne pastorale sacramentelle en général. Question qui se pose fortement aujourd’hui pour tous les pasteurs… : le baptême, en l’occurrence, est-il signe de la foi, d’une foi indispensable pour le recevoir ? Ou est-il le “signe efficace“, comme on disait, qui donne et donnera la foi ?

Questions importantes que notre évêque veut éclaircir, je crois, au cours de cette année, en recherchant une “pastorale“ adaptée au cheminement de nos concitoyens (tant pour le baptême que pour le mariage). Questions importantes auxquelles moi-même j’ai été affronté bien souvent ! Puisse l’“Année de la foi“ voulue par le pape Benoît XVI nous éclairer. Prions à cette intention !

Et je terminerai aujourd’hui en paraphrasant quelque peu la pensée de St Paul : Certes, le peuple d’Israël en son entier était bien “le fils premier-né“ de Dieu (Ex 4.22 ; Os. 11.1 ; Is. 63.16 ; 64.7) ; Israël était bien son peuple, le peuple de “ses fils“ (Cf. Dt. 21.1-2 ; 32.5-6 ; Ps. 73.15). Mais Israël a trahi le Dieu-Père (Cf. Jér. 3.19-20) qui, Lui, ne cessait de l’aimer (Cf. Jr 31.9-11)… Il avait mission de transmettre l’Alliance divine à toutes les nations ; il ne l’a pas fait !

Mais désormais - destinée merveilleuse -, ce sont tous les hommes qui sont appelés à devenir “fils de Dieu“ ; et ils le sont à un bien autre titre que ne l’étaient jadis les membres de la Communauté juive. Ils le sont tous dès qu’ils croient au Christ, à quelque catégorie sociale qu’ils appartiennent : Juifs, Grecs, esclaves, hommes libres, hommes, femmes…, tous sont appelés à ne faire qu’un dans le Christ !
Oui, nous sommes bien la postérité d’Abraham ! Car, la Loi étant mise de côté, il ne reste que les promesses faites à Abraham. Or ces promesses ont été accomplies dans le Christ. Et en s’unissant à Lui par la foi et par le baptême, les chrétiens, sans distinction de race ni de sexe, ne sont plus qu’un dans le Christ et sont donc associés à ses droits !

Aussi, St Paul de conclure merveilleusement : “Si vous appartenez au Christ, c’est donc que vous êtes la descendance d’Abraham, héritiers selon la promesse !“.

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