jeudi 1 novembre 2012

Communion des Saints !


Toussaint 2012 

 Lorsque la mort nous enlève un être aimé, comment ne pas hurler de souffrance et même parfois d'horreur, bien plus peut-être que s’il s’agissait de notre propre mort !  Comme si nous mourions avec l’être aimé qui, dans et par l’amour, est en quelque sorte plus nous que nous-mêmes, devenant vie de notre vie, chair de notre chair ! Nous sommes tellement unis avec ceux que nous aimons que notre vie est la leur et que leur mort est la nôtre !

Et c’est peut-être, paradoxalement, en ces circonstances, en certains de ces moments affreux que notre cœur peut s'ouvrir à un plus grand Amour, indéfinissable parce que très intérieur, que nous pouvons être amenés à faire cette profonde expérience qu'il n’y a finalement qu'une seule vie, la Vie, qu’il n’y qu’un amour, l’Amour qui dépasse infiniment chacun d’entre nous, mais auquel nous, nous participons, telles les vagues dont aucune ne serait sans l'immensité de la mer. Chacune croit mourir sur le rivage, mais l'autre la caressant et l'embrassant, l'emporte à nouveau vers le grand large, ...cet “Océan de l’Amour“ que nous célébrons aujourd'hui !

La “Communion des Saints“, ce grand dogme que l'Eglise catholique célèbre le 1er novembre (priant en même temps pour nos défunts), peut nous permettre de nous plonger dans cet “Océan d’Amour“ qui réunit en ses flots et ceux qui nous ont quittés et ceux qui sont près de nous ! Car cette fête de “Tous les Saints“ signifie justement ceci : nous ne sommes pas seuls, mais tissés les uns des autres, reliés les uns aux autres. Nous avons été créés pour aimer, nous sommes des êtres d’amour ! Et cet amour ne peut disparaître : “La charité ne passera jamais“, nous dit St Paul (I Co. 13.8).

Et nous pressentons alors, plus ou moins consciemment, que notre cœur ne trouvera son repos et sa joie que dans l'embrasement infini de cet "Océan d'Amour", en Dieu, ici-bas déjà et éternellement. Car “Dieu est Amour“, nous dit St Jean !

Cet Amour divin en nous est comme un feu. Après la mort, - ce passage de l'apparence visible à la réalité invisible -, nous brûlerons dans la douleur ou dans la joie, suivant que nous avons consenti ou non à l’Amour durant notre parcours terrestre.
- Ou ce sera un feu atroce attisé par la haine, dans le non-Amour de son frère : et celui-là qui veut détruire l’autre se détruira lui-même sans fin !
- Ou bien ce sera la douce flamme du désir ardent de Dieu-Amour en qui nous nous retrouverons pleinement !

Car la vie même de Dieu est une vie d’Amour : le Père aime le Fils ; le Fils “resplendissement de la gloire du Père“ (Heb 1.3) lui redonne cet Amour dans le lien de leur Esprit commun d’Amour, l’Esprit-Saint. Ainsi  le ciel n'est pas tant un lieu ni même un état - celui de la béatitude que chante l'évangile - qu'une ascension infinie en Dieu-Amour, une union à Dieu qui, en s'approfondissant, accroîtra notre aspiration vers lui, dans une plénitude croissante et inépuisable de joie, dans une union inimaginable avec ceux que l’amour nous unit dès ici-bas !

Nous le savons tous : nous aimons vraiment un être humain lorsque, plus nous vivons auprès de lui, plus sa présence nous comble dans un émerveillement qui ne cesse de grandir.
Imagine-t-on, alors, ce que nous ressentirons quand nous verrons la Beauté même de Dieu-Amour qui surpasse toute beauté, celle dont nous avons toujours eu la nostalgie, car “à son image et ressemblance“ nous avons été créés ? Plus nous l'aurons contemplée, cette beauté de l'Amour divin, dans notre âme ici-bas et en celle de  nos frères, plus nous la reconnaîtrons, et plus nous serons heureux de la partager dans un ravissement toujours nouveau et éternel.

St Jean de la Croix avait raison de s’écrier :
“Que votre beauté, Seigneur, soit telle qu’en nous regardant mutuellement, je paraisse semblable à vous en votre beauté ; et que je me vois en votre beauté.
Cela aura lieu  quand vous m’aurez transformé en votre beauté ; Et je me verrai en vous dans votre beauté.
En votre beauté, je serrai vous. En votre beauté, vous serez moi,  parce que votre beauté même sera mienne”.

Et c’est dans cette “Beauté“ divine qu’est l’Amour de Dieu que nous sommes, que nous devons être unis dès ici-bas… et pour l’éternité !

Et la Beauté de Celui qui est l'Amour même est un ouragan de douceur, de miséricorde, de tendresse, de justice (Cf. Evangile) qui, consumant notre cœur dans le Sien, nous permet de L'aimer et d'aimer comme Lui et avec Lui ceux qu’Il aime, ceux que nous aimons en Lui, avec Lui !
Car qu'est-ce que le ciel sinon Dieu et tous ceux qui sont en Lui ? C'est cela la “Communion des Saints“ ! Chacun est uni à Dieu, le seul Saint, et par Lui aux autres, car plus l'âme s'unit à Dieu, plus elle s'unit aux autres âmes. Par suite, plus nous aurons aimé quelqu'un sur la terre, plus nous l'aimerons au ciel, car ce qui nous attirait vers lui, ce qu'il faisait pressentir de sa beauté, mais qui était encore inaccessible, même pour lui-même, sera alors révélé : “Je connaitrai alors comme je suis connu !“, s’écrie St Paul (I Co. 13.12).

Par légèreté coupable, désinvolture et ignorance, nous oublions que la terre est aussi le ciel, car il n'est pas de lieu où Dieu ne soit.
Et sachons-le : au plus profond des ténèbres que nous traversons parfois, Dieu nous a précédés, car, par Son Fils, il a connu comme nous et plus que nous, la méchanceté sordide des hommes, l’agonie de la souffrance, l'enfermement du désespoir ! Et, toujours, il les traverse, veut les traverser avec nous.

Si nous étions fidèles à Sa Grâce et vivions en Sa Présence, nous verrions dans la lumière de Dieu que tout vient de Son Amour car tout est Amour. Et c’est cet Amour divin qui nous unit fortement avec ceux qui nous ont précédés, c’est cet Amour divin qui nous fait aimer véritablement.

Peut-on imaginer un autre ciel… dès ici-bas ?

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