jeudi 11 octobre 2012

L'Esprit ou la Loi !


27 T.O. Jeudi 12/B       -      -   (Gal 3.1-5)

La première partie de la lettre aux Galates, fixe, en forme de discussion historique et personnelle, la position de St Paul par rapport à Jésus-Christ, par rapport à l’Eglise, aux apôtres.

La deuxième partie entre dans le vif du sujet. On avait fait croire aux Galates (Que nous fait-on pas croire parfois !) que l’“évangile“ de Paul était incomplet. Le christianisme était bien une “nouvelle Alliance“, mais elle n’abrogeait nullement l’“Ancienne“ ! Jésus étant le descendant d’Abraham à qui les bénédictions avaient été promises, c’est toute la Révélation qui est la seule et vraie religion ! En conséquence, la Loi donnée à Moïse et toutes les prescriptions des prophètes étaient tout aussi sacrées que ce qu’avait apporté le Christ. Il fallait donc également les suivre pour trouver son salut !

Certes, cette manière de voir contenait une part de vérité : l’origine divine des Ecritures, de la Loi. Vérité que Paul, d’ailleurs, n’abandonnera jamais, empruntant beaucoup de ses arguments aux Saintes Ecritures !

Mais les païens convertis ont, eux, en quelque sorte, un argument de fait qui sans cesse confirme leur croyance : c’est le don de l’Esprit-Saint ; c’est lui, l’Esprit, qui leur fait comprendre les Ecritures comme Jésus l’avait fait aux deux disciples d’Emmaüs : “« Esprits sans intelligence, leur avait-il dit, lents à croire tout ce qu’ont dit les prophètes… ! »… Et, commençant par Moïse et tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait“ (Act 24.23,27). Désormais, c’est le rôle de l’Esprit Saint !
Aussi les païens devenus chrétiens connaissent bien, eux aussi, les Ecritures. Ils y voient bien toutes les promesses divines pour le salut des hommes ! Mais, pour eux, ces promesses se sont réalisées en Jésus Christ et se réalisent pour les croyants par Jésus ! Pour eux, les Ecritures concernent d’abord et avant tout le Christ, comme lui-même l’avait dit aux disciples d’Emmaüs. C’est par le Christ qu’est apporté le salut ! Le Christ seul ! Par Lui, avec Lui, en Lui ! Et nous-mêmes, sommes-nous assez accueillants à l’Esprit de Dieu pour aller au Christ, à Lui seul ?

L’apôtre Paul fera toujours cette distinction importante : Oui, les païens doivent entrer dans la perspective divine du salut pour tout homme - perspective contenue dans toutes les Ecritures -. Mais ils le font en tant qu’héritiers des promesses réalisées en Jésus, en union avec Jésus !

Certes, les promesses remontent bien à Abraham. Mais ces promesses existaient bien avant la Loi, avant la pratique de la circoncision ! La Loi ne fut qu’un intermède propre au peuple Juif, ou mieux, une mesure adaptée à l’état inférieur où se trouvait l’humanité par rapport à Dieu. Ne sourions pas ! Peut-être en sommes-nous encore à ce stade qui magnifie l’importance de la Loi, de toute loi ? Pourtant, la Loi n’était qu’un élément provisoire de la pédagogie divine à notre égard qui devait nous conduire à l’état de liberté des enfants de Dieu que nous sommes désormais par le Christ. Aussi, demandera Paul, vous, les Galates, devenus fils de Dieu par le don de l’Esprit Saint, voudriez-vous retourner en arrière, à un état de contrainte imposée, de servitude par la Loi ?  

Si c’est le cas, “O Insensés“ êtes-vous ! - O anoètoi“, mot qui caractérise l’homme privé du “nous“ grec, la partie la plus spirituelle de l’homme. Remarquons que c’est le même qualificatif qu’avait adressé Jésus aux disciples d’Emmaüs : “O anoètoi“, “Esprit sans intelligence“ !

“Qui vous a donc fascinés, vous sous les regards de qui a été exposé Jésus Christ crucifié ?“. - Une lettre n’est pas obligatoirement un exposé théologique. Paul, assez impulsif, en est venu précédemment à parler du mystère pascal du Christ. Alors, il en profite, si je puis dire ; il enchaîne tout simplement : Oui, le Christ crucifié ! Voilà l’essentiel de notre foi ! Le Christ seul ! Tout converge vers Lui ; tout se résout en Lui. C’est le grand leitmotiv de l’apôtre ! Est-ce le nôtre ?

Et Paul de poursuivre : dites-moi, Galates insensés, avez-vous donc reçu l’Esprit à cause des œuvres de la Loi ou parce que vous avez écouté le message de la foi ? Vous qui avez commencé par l’Esprit, allez-vous achever - “épitélein“ a le sens d’une initiation à achever -, allez-vous achever votre formation non par une initiation plus spirituelle encore, mais par la chair ?
- Sans doute que le mot “chair“ fait penser, en la circonstance, à la circoncision. En tous les cas, le judaïsme est regardé par Paul comme une législation d’œuvres extérieures, voire corporelles. Ou bien, avec le Christ, nous sommes sous la mouvance de l’Esprit ; ou bien, avec la Loi, nous dépendons de rites corporels, extérieurs !
- On peut penser aussi que le mot “chair“ signifie surtout la situation de l’homme avant son adhésion à l’Evangile. “Etre dans la chair“, c’est se retrouver impuissant devant le péché et entraîné par lui, ce que Paul soulignera par la suite (Cf. 4.9 ; 5.6,16-25).

Pourtant, continue l’apôtre, vous avez déjà éprouvé tant d’expériences spirituelles, convaincantes ! Alors, serait-ce pour rien du tout ?

“Et si de fait, c’était pour rien… ?! “, ajoute-t-il encore. Il est difficile de préciser le sens de cette formule elliptique.
Est-ce l’expression d’un certain espoir de voir les Galates revenir à une meilleure intelligence des Ecritures : est-ce vraiment possible que ce soit pour rien ? 
Ou est-ce la crainte de penser que la conclusion pessimiste de la phrase précédente (“allez-vous achever par la chair ?“) ne devienne réalité ? Alors oui, ce serait bien pour rien du tout !

Et Paul de conclure en reprenant la question principale posé dès le début : “Celui qui vous a dispensé l’Esprit et opère parmi vous des miracles, le fait-il en raison de la pratique de la Loi ou parce que vous avez écouté le message de la foi ?“. Question toujours actuelle !

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