jeudi 4 octobre 2012

St François d'Assise


4 0ctobre - St François d’Assise

Dimanche dernier, la liturgie de la messe nous invitait à méditer sur les rapports entre Institution et Prophétisme. Rappelez-vous Moïse calmant la jalousie de Josué qui s’indignait de constater qu’Eldad et Médad, qui étaient absents à l’assemblée du peuple, n’en avaient pas moins été bénéficiaires de l’effusion de l’Esprit-Saint et s’étaient mis à prophétiser dans le camp.

Dans la même ligne, l’Evangile nous montrait Jésus, calmant Jean, l’un des “fils du Tonnerre“, qui se scandalisait de voir d’autres personnes que les douze apôtres opérer des miracles au nom de Jésus.

Aujourd’hui, la fête de St François nous invite à approfondir notre méditation sur le problème des rapports de l’Eglise et des manifestations charismatiques, problème qui s’est toujours posé dans l’histoire depuis le temps où St Paul devait s’occuper de calmer les agitations des Corinthiens jusqu’à ce jour où les chrétiens semblent redécouvrir le rôle du Saint Esprit dans les Eglises d’Occident. (En Orient, on n’avait moins perdu ce sens de l’importance de l’Esprit).

Les hérésies jalonnent l’histoire de l’Eglise, elles se multiplient comme à plaisir, semble-t-il, dans les périodes où l’Eglise s’installe dans une certaine sécurité. Je pense à l’époque de la conversion de l’Empire au temps de Constantin (Arianisme etc...) ; je pense à la Chrétienté du temps des cathédrales et des croisades.

Il y a des hérésies doctrinales, bien sûr ! Il y a aussi, plus dangereuses encore peut-être, des hérésies de type moral et ascétique.

Déjà dimanche dernier, St Jacques, l’évêque de Jérusalem, lançait de percutantes accusations contre ceux qui, sous l’étiquette chrétienne, avaient, dès les origines, adopté une logique de vie qui n’avait rien d’évangélique, étouffés qu’ils étaient par le luxe, la richesse, l’injustice sociale : “ils faisaient bombance pendant qu’on massacrait les gens“ !

Au Moyen Âge, à l’époque où l’autorité de l’Eglise régnait sur la quasi-totalité de la population, se mirent à pulluler des hérésies doctrinales et plus encore ascétiques. Ces dernières étaient d’autant plus dangereuses qu’elles dénonçaient des tares alors bien existantes dans la chrétienté de l’époque soumise à diverses mutations politiques, sociales, économiques.

Une des causes principales de cette pullulation des hérésies, surtout morales, furent les écarts de conduite d’une grande partie du clergé qui s’installaient dans le luxe et se mirent à exercer leur autorité de manière tyrannique.

Beaucoup de gens du peuple se révoltèrent et, remarquons-le, souvent dans une intention généreuse. En face de la tiédeur qui affaiblissait l’Institution, beaucoup de gens sincères se levèrent et se mirent à revenir à un idéal tout évangélique, basé sur l’observance littérale des paroles de l’Evangile (On parle aujourd’hui de “fondamentalisme“).

Ne parlons pas encore des Manichéens, des Cathares, des Albigeois, des Bogomiles ou autres mouvements du même genre, mais, pour mieux connaître l’œuvre merveilleuse de St François, pensons plutôt aux Vaudois qui le précédèrent. Au milieu du XIIème siècle, Pierre de Vaux ou Valdo était travaillé comme tant d’autres par son désir anxieux de faire retour aux sources vives de l’Evangile, de ramener l’Eglise du Christ à sa ferveur et à sa pureté. Mais, à un certain moment, il se révolte complètement contre toute autorité supérieure. Les Vaudois finirent par se considérer comme les seuls à être fidèles à l’idéal primitif - toujours l’orgueil à l’exemple de Satan ! -. Ils furent atteints d’un puritanisme qui déniait à l’Eglise le droit de posséder quoi que ce soit. Beaucoup de braves gens se laissèrent séduire par les missionnaires vaudois. Par son origine, le mouvement franciscain a une grande ressemblance avec le mouvement vaudois.

Mais si je vous parle de ces mouvements divers et hérétiques ce matin, ce n’est que pour mieux faire ressortir la différence radicale qu’offre le mouvement franciscain par rapport à ces Vaudois et la merveilleuse personnalité de St François qui sut réintégrer, dans l’Institution, les valeurs authentiquement évangéliques, “sans dévier ni à droite ni à gauche“, comme il est dit dans la Bible à propos du Saint roi Josias (2 Rois 22.2).

Il me semble que c’est dans cet esprit qu’à Assise Jean Paul II, le 27 octobre 1986, avait réuni 130 responsables religieux appartenant à toutes les communautés chrétiennes et autres grandes religions pour prier et jeûner pour la paix.
Le fait que nous soyons venus ici, disait le pape, n'implique aucune intention de chercher un consensus religieux entre nous... Il ne signifie pas non plus que les religions peuvent être réconciliées... dans une concession au relativisme en matière de croyances religieuses… Notre rencontre atteste seulement que, dans la grande bataille pour la paix, l'humanité, avec sa diversité même, doit puiser aux sources les plus profondes et les plus vivifiantes où la conscience se forme et sur lesquelles se fonde l'agir moral des hommes“.
Dans ce sens, le pape soulignait la nécessité de la prière “pour que le monde puisse enfin devenir un lieu de paix véritable et permanente“. C’est toujours de grande actualité, me semble-t-il, et dans un grand esprit franciscain !

Si je n’ai pas beaucoup parlé de St François, c’est que vous le connaissez aussi bien que moi ! Je n’ai voulu mettre en évidence qu’une mission essentielle : travailler à l’unité dans l’Eglise… et, de ce fait, dans le monde, en réintégrant les valeurs évangéliques au sein de l’Institution sans “dévier ni à droite ni à gauche“, en nous rappelant ce que nous recommande sans cesse, St Benoît : l’humilité, la véritable humilité à l’exemple de Notre Seigneur qui cependant savait fortement réagir contre certaines déviances de son temps.

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