dimanche 29 avril 2012

Le Bon Berger !


4ème dimanche de Pâques 12 – 

Chaque dimanche, voire chaque jour, nous sommes rassemblés pour répondre à l'appel de l'unique Berger - “Je suis le bon berger !“, dit Jésus -. Par l'Eucharistie, nous célébrerons sa mort et sa résurrection, ce mystère immense par lequel il a réconcilié les hommes avec Dieu, par lequel il fait Alliance entre le ciel et la terre.

Mais son œuvre doit être continuée, poursuivie, actualisée de génération en génération. Il le fait par ceux qu'il a choisis et par chaque baptisé. Certes, aujourd'hui, l'Eglise nous rappelle la mission particulière du prêtre au service de l'Evangile et des sacrements, et en particulier de l'Eucharistie. Mais c’est aussi  la “Journée mondiale de prières pour les vocations“ !  Pour toutes vocations ! Oui, chaque baptisé est invité, selon sa propre vocation  à prendre sa part à cette annonce de l'Evangile, cette “Bonne Nouvelle“ qui nous sollicite à suivre le “Bon Berger“, jusqu’en la gloire de son Père !

Or toute vocation est un appel, une réponse et un envoi.

Et le premier Appelé, c'est Jésus-Christ lui-même. Car le premier Berger, ce n'est pas Jésus, c'est Dieu. Déjà dans l'Ancien Testament, Il se déclare le Berger d'Israël qui est son peuple, son troupeau. “Il conduit ses brebis dans de verts pâturages“, dit le psaume. Jésus le nomme son Père. C'est ce “Dieu-Berger et Père“ qui le choisit à être Berger à son tour : “Tu es mon Fils Bien-aimé !“ (Mc 1.11) ; sois le Pasteur de mon troupeau tout entier, afin qu'il n'y ait qu'un seul troupeau et qu'un seul Pasteur ! Ainsi Jésus peut dire : “Je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis !... Voilà le commandement de mon Père“, le “Berger“ d’Israël.

A cet appel du Père, à cette vocation, Jésus répond : “Me voici, je suis venu pour faire ta volonté“ (Heb 10.7,9). Avant de devenir Berger par rapport à son troupeau, Jésus est l'Agneau par rapport à son Père à qui il répond : "Me voici". - Et il est envoyé pour sauver le troupeau : “Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde“ (Jn 1.29). Il donne sa vie pour toutes les brebis du Père. Cette vie, dit-il, “nul la prend, c'est moi qui la donne !“. Comme l'Agneau pascal, il s'immole pour faire le don de son corps, de son sang, de sa personne. Voilà comment se réalise sa vocation de “berger“ : en étant d’abord l’“agneau immolé“ !

On n'a pas suffisamment remarqué ce renversement, cette révolution, apportée par Jésus dans le sacrifice qu'il fait ainsi de sa vie pour toutes les brebis. En effet, comment d'ordinaire se comporte un Berger ? Il finit par tuer ses brebis pour les manger, car il est le Maître ! Jésus, lui, parle du mauvais berger qui vient pour égorger, voler, détruire, piller. "La raison du plus fort et toujours la meilleur", disait La Fontaine. Et delà vient l'angoisse des hommes devant la vie, devant le temps, face à la mort et face à Dieu lui-même, parfois.

Or voilà que Jésus nous révèle sa vocation de Bon Berger, à la suite de son Père ! Ce n'est pas de nous dévorer, mais de se laisser manger par ses brebis : Je leur donne la vie éternelle, ma propre vie. “Moi, le Bon Berger, je suis le Pain de Vie. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et moi je le ressusciterai au dernier jour“. C'est le monde renversé !

Jésus nous révèle ainsi qui est Dieu, premier Berger qu'il appelle son Père. Et il suffit de le regarder : "Qui me voit, voit le Père". Dieu est bon, il est le Bon Berger, Il donne ; il se donne en son Fils. Dieu est donneur de vie. Dieu est Résurrection. Dieu est Amour. “Le Père et moi, nous sommes un“. Ainsi Jésus est “berger“ en étant “agneau immolé“ !

Aussi, la lettre aux Hébreux pourra conclure solennellement : “Que le Dieu de la paix qui a fait remonter d’entre les morts, par le sang d’une alliance éternelle, le grand pasteur des brebis, Notre Seigneur Jésus, vous rende aptes à tout ce qui est bien pour faire sa volonté“ (Heb 13.20-21)

“…Vous rende aptes… à faire sa volonté !“. Car, à la suite de Jésus, il y a les autres appelés : Jésus, le premier Appelé, va devenir le premier Appelant : “Viens et suis-moi, tu seras Berger. Ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est moi qui vous ai choisis“ (Cf. Jn 15.16).

Quand le Berger appelle, il ne devrait y avoir qu'une seule réponse possible : "Me voici, Seigneur". Comme Jésus lui-même a toujours dit à son Père : “Me voici, je suis venu pour faire ta volonté“ ! C'est la condition du véritable bonheur. Sinon, nous éprouverions ce que le jeune homme riche a ressenti : “Il s'en alla tout triste, car il avait de grands biens“ (Mth 19.22).

“Viens et suis-moi !“-  Dieu propose toujours, mais c'est à chacun de consentir librement, à la suite du Christ. Prions particulièrement aujourd’hui pour que des Jeunes, riches de leurs talents divers, répondent à l’appel qu’ils ressentent - et beaucoup ressentent cet appel du Seigneur- !

Oui, prions pour les vocations sacerdotales ! Etre prêtre, en effet, c'est tout donner pour Dieu-Berger, pour le troupeau, pour l'Eglise ; c’est livrer son intelligence, son cœur, son temps, sa vie tout entière. Le prêtre, à la suite de Jésus, l’“Agneau immolé devenu Berger“, ne peut être le loup qui dépouille les brebis et les dévore, ni le mercenaire, le salarié qui tond le troupeau et l'abandonne au moindre danger. Oui, prions pour les prêtres, pour les jeunes en recherche afin que leur vie n'ait qu'un sens : proclamer avec Jésus et comme Lui : “Voilà mon corps livré pour vous, voilà mon sang répandu pour tous, sans exception“. - “Pour vous et pour la multitude !“, répètent les Prières Eucharistiques !

Enfin, l'Eglise - les brebis appelées par le Christ au nom de son Père - est un Corps organique avec des membres différenciés : les diacres, Religieux, Missionnaires…, les Laïcs avec leurs divers ministères : liturgie, catéchèse, action caritative auprès des malades, des pauvres, les mouvements d’évangélisation... Tous, par leur baptême, leur confirmation, sont des appelés. Chacun a sa vocation unique et irremplaçable.
A la suite de St Paul, prenons une comparaison et pensons à cathédrale de notre diocèse où les chrétiens aiment se rassembler dans les grandes circonstances : tous ne peuvent être l'autel, ni la croix, ni la voûte, ni les vitraux, ni les fondations ! Mais chacun, à sa place, est une pierre vivante.
Et l’une des pierres maîtresses, aujourd’hui, c’est la famille chrétienne, l’“église domestique“. C’est l’appel qui est souvent lancé par notre évêque : s’il y a aujourd’hui des familles chrétiennes, demain, il y aura des prêtres au service du Peuple de Dieu !

Finalement, une seule question importe : Est-ce que dans l'Eglise et dans le monde qui nous attend, je viens pour servir ? Pour m'offrir ? Pour aimer ?

Chacun est sollicitée par cette question : Brebis appelée par l'unique Berger, suis-je devenu moi-même berger pour mes frères ou loup redoutable, suivant ce vieil adage romain : "L'homme est un loup pour l'homme" ? Jésus, Lui, fut un Bon Berger en se comportant comme l'Agneau livré : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde" ! 

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