dimanche 15 avril 2012

Thomas l'incrédule ? !

2ème dimanche de Pâques 12

Thomas l'incrédule, Thomas le douteur ! Ainsi vont les idées reçues à son sujet. Mais qu’en est-il véritablement ? Que disent les Evangélistes, et de Thomas et des autres disciples ?

Des disciples d'abord. On le sait, Jésus apparaît en premier aux femmes. Celles-ci rapportent l'événement aux disciples. Aucun ne les croit. Puis Jésus apparaît aux disciples eux-mêmes, lesquels, dit St Luc, pensent voir un esprit. Il faut que Jésus les détrompe : "touchez-moi et rendez-vous compte qu'un esprit n'a ni chair ni os" (Lc 24.39). Cependant, continue St Luc, "Ils ne croyaient pas encore" (24.41). Il n'est pas étonnant que dans ces conditions Jésus "leur reproche leur incrédulité" (Mc 16.14), comme St Marc le relève. L'incrédulité des disciples, de tous les disciples, est affirmée par les Evangélistes, unanimement. Même en Galilée certains doutent toujours, reconnaît St Matthieu (Cf. Mth 28.17).

Oui, sur le moment, les disciples ont été fondamentalement incrédules. Pas plus, mais pas moins que Thomas dont je souhaiterais corriger la réputation. Ils ont pourtant vu et ils n'ont pas cru immédiatement ! Ne les blâmons pas ! Eussions-nous mieux fait qu'eux? La reconnaissance d'une résurrection est-elle chose si habituelle et facile ? Il n'y a jamais eu qu'une seule Résurrection dans l'histoire du monde.

Alors, dans ce contexte, qu’en est-il de Thomas ? Certes, il ne croit pas plus que les autres. Mais il n'oppose pas de refus à priori. Il croira, dit-il, s'il voit par lui-même. Il précise même : "s'il peut mettre ses doigts dans la marque des clous et la main dans le côté de Jésus" (Jn 20.25). Thomas est finalement si peu douteur et si peu incrédule que, face à Jésus, et sans même qu'il soit dit qu'il ait porté la main sur les marques de la Passion, il s'écrie "Mon Seigneur et mon Dieu !". La plus profonde, la plus complète, la plus brûlante confession de foi de toute l'Ecriture !

Cependant Jésus lui dit :"parce que tu vois, tu crois ; heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru". Jésus n'oppose pas l'attitude de Thomas à celle des autres disciples. Car, eux avaient bien vu et n'avaient pas cru. Sauf un seul : Jean qui, à l'annonce faite par Marie-Madeleine, était parti, avec Pierre, au tombeau. Pierre, nous le savons par St Luc, reste étonné, indécis. Jean, lui, voit et croit. Mais que vit-il ? Le tombeau vide, le suaire roulé, les bandelettes à terre. Il ne vit pas Jésus. Il n'eut même pas la vision des anges comme les femmes. Mais il eut l'intuition immédiate de la Résurrection du Maître bien-aimé, si souvent annoncée par Jésus. Jean seul a cru sans avoir vu.

Bien sûr, la certitude de Thomas n'est pas moindre que la foi de Jean. Mais lui a vu, comme les autres apôtres, et il a cru ! Et c'est cette foi de Thomas que célèbre l'Eglise aujourd'hui, car c'est sur elle que, depuis lors, se fonde notre foi, la foi de tous les chrétiens. Thomas est celui qui a eu l'expérience du Ressuscité, et, à travers elle, celle de la révélation de la divinité et de la “seigneurie“ de Jésus : "Mon Seigneur et mon Dieu !".

Peut-être fallait-il que Thomas, en sa qualité d'apôtre, commence par voir et par toucher. En tous les cas, son témoignage, rapporté par son cri de foi, contient le témoignage apostolique en son entier et celui de l'Eglise jusqu'à la consommation des siècles.

Thomas a, en quelque sorte, anticipé toute la prédication des apôtres. Nul ne peut dire "Jésus est Seigneur" que dans le Saint Esprit (Cf. I Co 12.3). Cet Esprit, que Jésus insuffle aux autres apôtres, fond littéralement sur Thomas. C'est par ce même Esprit que Pierre, à la Pentecôte, prononcera son premier discours : "Dieu l'a ressuscité, ce Jésus, nous en sommes tous témoins..." (Ac. 2.32 ; 3.15 ; 5.32). Et tous les autres apôtres en feront autant. Ce témoignage, c'est Thomas qui, le premier, l'a rendu !

Ainsi, Jean a cru sans avoir vu. Les autres disciples ont vu et n'ont pas su ou osé croire, immédiatement. Thomas, lui, a vu et a cru, proclamant aussitôt sa foi en des termes insurpassables, sur lesquels repose aujourd'hui notre foi à tous.

Car c'est de nous et pour nous que parle maintenant Jésus : "Heureux ceux qui croient sans avoir vu". Heureux ! La foi est une Béatitude ! Heureux sommes-nous, dont la foi repose sur celle des témoins de la Résurrection et du premier d'entre eux, Thomas !

Cette unité dans la foi, avec celle des apôtres, Jésus a prié pour elle. Jésus a prié pour nous : "Je ne prie pas pour eux seulement, disait-il de ses disciples en s’adressant à son Père au grand soir du Jeudi Saint, je prie pour ceux-là aussi qui, grâce à leur parole, croiront en Moi afin que tous soient un". (Jn 17.20).

C'est pour nous que les apôtres - et Thomas le premier - ont vu et ont cru : "Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie et qui nous est apparu…, ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons afin que vous soyez en communion avec nous", (I Jn 1.3).

Cette unité dans la foi est en vue du salut de tous dès lors que tous, nous croyons au Ressuscité ! "Sans l'avoir vu, vous l'aimez, dira St Pierre, sans le voir encore mais en croyant, vous tressaillez d'une joie indicible et pleine de gloire, sûrs d'obtenir l'objet de votre foi : le salut des âmes".

Oui, sans l'avoir vu nous l'aimons ; sans le voir encore, nous tressaillons d'une joie indicible : nous savons que Jésus est le Premier-né d'entre les morts, ressuscité et élevé en gloire à la droite du Père. Heureux sommes-nous déjà !

Oui, “Bonne Nouvelle“ aujourd'hui : Jésus est ressuscité, le premier d'entre les morts. "La promesse faite à nos pères, dira St Paul, Dieu l'a accomplie en notre faveur“ (Rm 15.8) : Dieu a ressuscité Jésus ! (Cf I Co 15). C'est tellement évident que l'apôtre ne craint pas d'affirmer : "Si le Christ n'est pas ressuscité, alors notre prédication est vide, et vide aussi votre foi" (I Co 15.14). Mais en contrepoint St Paul ajoute :"Si tu confesses de ta bouche que Jésus est Seigneur et si, dans ton cœur, tu crois que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé". (Rm 10.9).

Oui, gardons dans le cœur, aujourd'hui tout particulièrement, ce mystère pascal du Christ. C'est le fondement inébranlable de notre foi et de notre espérance. Pâques est la plus grande fête de l'Eglise, celle qui se prolonge chaque dimanche, qui est "Jour du Seigneur". Chaque dimanche est une invitation à aller proclamer, en nous appuyant sur la grande miséricorde de Dieu à notre égard :

« C'est vrai ! le Christ est ressuscité. Alleluia ! ».

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