dimanche 22 avril 2012

Ouverture ! !


Pâques 2 Samedi       (Ac 6,1-7 -Jn 6,16-21)

                La mer, dans la Bible, évoque toujours le chaos primitif où Dieu a fait régner l’ordre et l’harmonie en dix paroles et en sept  jours, déployant  sur le cosmos tout entier les énergies victorieuses dont il fera sans cesse preuve par les délivrances opérées dans l’histoire au bénéfice du peuple élu.

Le peuple hébreu n’est  pas un peuple de marins - loin de là ! - comme ses voisins phéniciens. Il n’y a pas de ports naturels au sud du Carmel. (Césarée-Maritime a été construit bien plus tard, par Hérode le Grand). Du haut des collines, ils contemplent une côte sablonneuse et rectiligne et s’étonnent que Dieu réussisse à contenir ce reste de chaos primitif, cette puissance maritime par une simple ligne de sable.
Moi, dit Dieu par le prophète Jérémie (Jr 5,22), ne me craindrez-vous pas ? Ne tremblerez-vous pas devant moi qui ai posé le sable pour limite à la mer, barrière éternelle qu'elle ne franchira point. Ses flots s'agitent, mais sont impuissants ;  ils mugissent, mais ne la franchissent pas !“

                Je crois que c’est en évoquant ce contexte biblique, qu’on rejoint le mieux la manière dont St Jean rapporte, dans l’Evangile, la marche de Notre Seigneur sur les eaux. Jésus, comme Dieu, domine le vent et les flots, et calme la tempête comme le Créateur aux origines a mis de l’ordre dans le chaos primitif. Il se révèle, là, comme le maître de la création. Si ses disciples se confient à lui sans crainte, rien ne pourra leur nuire.
                Il y a beaucoup de tempêtes, parfois, dans nos vies ! Au milieu des diverses agressions - même d’ordre spirituel - sachons reconnaître la venue du Seigneur : il vient, comme Dieu au matin de la création, pour nous tirer du chaos et nous re-créer sans cesse “à son image et ressemblance“ !


                La lecture nous montre que l’unité des cœurs, l’harmonie qui régnaient dans la communauté primitive de Jérusalem, n’a pas tardé à être troublée par des dissensions. St Luc ne les dissimule pas. Ces dissensions semblent être, au sein des croyants d’origine juive, entre ceux qui parlent grec et ceux qui pratiquent la langue hébraïque. Parmi les diacres que l’on ordonne pour remédier à la situation, un seul,  que Luc nomme, est païen, originaire d’Antioche, converti au judaïsme : Nicolas. Il apparaît comme une exception. Il n’y a pas encore de séparation entre les disciples de Jésus et le judaïsme de l’époque.

Mais St Luc, par ce récit, nous fait déjà soupçonner que les chrétiens de langue hébraïque ne vont pas jouer le rôle principal dans l’expansion universaliste qu’il va raconter dans la suite du livre des Actes. En bon écrivain, St Luc annonce que cette expansion fut d’abord comprise et pratiquée par les Juifs convertis qui parlaient grec. Il veut souligner dans ce texte l’importance qu’a joué le judaïsme alexandrin dans l’éclosion qui va se produire, celle du peuple élu, aux dimensions universelles, comme l’avaient prédit les prophètes.
Et maintenant le Seigneur a parlé, lui qui m'a modelé dès le sein de ma mère pour être son serviteur, pour ramener vers lui Jacob, et qu'Israël lui soit réuni ; …Il a dit : « C'est trop peu que tu sois pour moi un serviteur pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d'Israël.  Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre »“  (Is 49,5-6).

                Si précieuse que soit la Massore, le texte hébreu, minutieusement ponctué par les scribes de Tibériade au 9ème siècle après J.C., il ne faut pas pour autant négliger la tradition grecque des Septante qui fut fondée à Alexandrie, deux siècles avant la naissance du christianisme. Elle peut renfermer des textes plus proches des originaux et dont certaines modifications dénotent un progrès théologique vers la plénitude des temps et en particulier vers cette expansion universaliste que chante le vieillard Siméon dans le temple en recevant l’Enfant Jésus dans ses bras.
“ Lumière pour éclairer les nations et gloire d’Israël ton peuple“ !

                La lecture d’aujourd’hui ne nous parle que d’un accroissement du nombre des croyants à Jérusalem même.
“La parole du Seigneur gagnait du terrain, le nombre des disciples augmentait fortement à Jérusalem“ !
                Ce n’est qu’un début, en attendant la suite, si je puis dire !
                Et ce n’est jamais fini ! Prions à cette intention : le salut de Dieu pour tout homme, pour le monde entier. Ce doit être une préoccupation constante de notre prière.


                St Luc note encore qu’une grande foule de prêtres accueillaient la foi. Bien des commentateurs de la lettre aux hébreux, pensent que cette lettre avait précisément comme premiers destinataires ces prêtres convertis et que l’auteur, s’il est fortement imprégné des pensées de St Paul, serait plutôt un juif d’Alexandrie, peut-être cet Apollos dont il est parlé plus loin dans le livre des Actes des Apôtres.
“Un Juif nommé Apollos, originaire d'Alexandrie, était arrivé à Éphèse.  C'était un homme éloquent, versé dans les Écritures.  Il avait été instruit de la Voie du Seigneur, et, dans la ferveur de son âme, il prêchait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus, bien qu'il connût le baptême de Jean seulement. Il se mit donc à parler avec assurance dans la synagogue.  Priscille et Aquilas, qui l'avaient entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie“. (Ac 18,24-26)

                Retenons peut-être pour aujourd’hui que, malgré les chaos de notre temps, les tempêtes de nos vies, le Seigneur mène la barque de son Eglise vers une expansion qui ne sera rien moins qu’une re-création :  le “Royaume de Dieu“.

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