vendredi 29 janvier 2010

La faute…, le péché - 3 T.O p. Vendredi - (2 Sam 11.1sv)

Prochainement, nous recevrons les reliques de St Jean-Marie Vianney… Pour nous y préparer, la liturgie nous fait lire, providentiellement, le récit du péché de David. Or, le Saint curé d’Ars passait une grande partie de son temps au confessionnal. Et toute son action était d’abord de faire prendre conscience du péché (ce n’est pas toujours évident) pour remettre le pécheur dans les mains de la miséricorde de Dieu, en cette alliance que Dieu propose toujours à l’homme, à chacun…

Nous savons que la racine du péché, c’est l’orgueil : Satan, parce que “ange de lumière“ - “Lucifer“ -, s’opposa à Dieu ! Adam et Eve, s’arrogeant la connaissance du bien et du mal, voulurent être “comme Dieu“ ! Et toute l’histoire de l’humanité se déroule sur ce désir prométhéen : être comme Dieu ! L’homme, pourtant créé à l’image de Dieu, a tendance à se détourner de Dieu. Sans cesse, il élabore des contre-projets à celui de Dieu. Au début de la Bible, il y a ce symbole impressionnant : “faire des briques !“, faire des briques pour construire une tour afin de prendre d’assaut le ciel lui-même !

Dieu a un projet ! Il met l'humanité en marche vers une ville dont lui seul est "l'Architecte, le Fondateur". Et au lieu de rentrer dans ce projet divin avec enthousiasme, foi, amour, les hommes élaborent des contre-projets : ils font des briques ! Créés pour les épanouissements d’une fécondité divine, les hommes préfèrent les esclavages de la production humaine : faire des briques ! - Alors, très souvent, au lieu de remonter vers son Créateur dans un élan de convergence eucharistique où il retrouve son harmonie, l'homme qui peut être roi de la création mais qui oublie d'en être le prêtre dans un élan d’action de grâces, tombe dans la multiplicité du chaos…

C’est toute l’histoire de David également : arrivé à la gloire de la royauté donnée par le Seigneur, il a le projet insensé de faire lui-même une “maison“ à Dieu ! Comme si le pot allait dire au potier : attends, je vais faire mieux que toi ! (Cf. Is 29.16). Non, lui dira Nathan : c’est le Seigneur qui construit ! C’est lui “l’architecte et le fondateur“ (Cf. Heb. 11.10).

Bien plus, le livre des Chroniques (II Chr 21) raconte : “Satan incita David à dénombrer Israël“ avant une bataille pour évaluer la chance d’une victoire. Or Dieu seul mène le vrai combat contre le mal. Lui seul “donne grandes victoires à son roi“ (Cf. Ps 18.51…), même avec une poignée d’homme (comme avec Gédéon). Inutile d’évaluer humainement ! Il ne faut pas confondre “guerre sainte“, guerre contre le mal, avec guerre humaine, pire avec “guerre de religion“. Pour le combat de la vie, Dieu estime depuis toujours que les instruments simplement humains ne lui conviennent pas. C’est pour cela que St Paul dira qu’il travaille selon la faiblesse et la folie des hommes et que la croix est plus efficace que toutes les forces humaines.

David, là encore, reconnaîtra sa faute, reconnaîtra que seul Dieu est “un Dieu de délivrance“. - C’est en ce sens que David est un “maître en spiritualité“. Car ce grand calculateur, ce fin politique, ce rusé, ce malin très avisé dans les choses de ce monde, n’est pas un “Tartuffe“. La première des dispositions pour une bonne spiritualité, c’est de laisser la vérité de Dieu balayer le fond de son cœur : “Tu aimes la vérité au fond de l’être“ (Ps 50). “C’est un grave péché que j’ai commis. Maintenant, daigne pardonner la faute de ton serviteur, car j’ai agi vraiment comme un fou !“ (II Chr. 21.8).

Et conséquence inévitable : quand on veut être plus fort que Dieu, on veut être plus fort que son frère. On veut le dominer. C’est la nouvelle faute de David que raconte notre lecture : prendre la femme de son frère ! - A noter, au passage, que ce n’est quand même pas très malin d’aller se baigner sous les fenêtres de l’homme qui monte en puissance…, de l’homme qui semble avoir grand avenir… Enfin, il faut bien se faire remarquer comme on peut et avec les atouts que l’on trouve à sa portée !

Mais David se montre là, dans sa faute, d’un cynisme épouvantable ! Dans la bataille qu’il mène contre les Ammonites, Joab son général a subi des revers en s’approchant de trop près de la ville ennemie. Furieux de la perte d’hommes, David le tance en lui faisant dire : pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville. Il y a des antécédents connus !… C’est ainsi que naguère Abimélek fut tué d’une meule lancée des remparts par une femme ! (“Par une femme“ : un comble pour un guerrier !). Le messager revient et, dans la conversation, mine de rien, dit au roi de la part de Joab : “Ton serviteur Urie est mort !“. Un de plus ! Et David, faussement indifférent, d’un affreux cynisme : “Tu diras à Joab : que cette affaire ne t’affecte pas ! Que veux-tu : l’épée dévore tantôt celui-ci, tantôt celui-là !...“. Faut le faire et faut le dire !

Encore une fois, ce sont des hommes comme celui-là, “fait de chair et de sang“, que Dieu ramasse pour en faire des citoyens de la Jérusalem céleste. Et nous sommes tous de ces hommes-là ! Le Curé d’Ars avait bien compris cela !

Il faut ajouter que les fautes de David (nombreuses) lui furent toutes pardonnées ; mais elles furent sources de bien des malheurs. Dieu pardonne, mais il ne peut enlever les tenants et les aboutissements des actes que l’on pose dans l’existence ! C’est en ce sens que l’Eglise enseigne que si Dieu pardonne toujours, il faut cependant “réparer“ les dégâts qu’entraînent nos fautes (devoir de “satisfaction“, de “réparation“). C’est l’enseignement de Jean-Paul II, et de Benoît XVI à propos des “indulgences“. Autre question !

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