mardi 19 janvier 2010

La pédagogie de Dieu ! - T.O. 2.p. Lundi – (1 Sam 15.16sv)

“Pars, livre à la malédiction ces pécheurs, les Amalécites, fais-leur la guerre jusqu’à l’extermination !“. C’est vrai que la Bible comporte parfois des réflexions, des récits “sauvages“, où il est question de massacres, d’exterminations comme aujourd’hui ! Oui, il y a des récits très durs, pas très “catholiques“ ! Et il faut aussi reconnaître qu’il y a des gens qui aujourd’hui vivent encore de cette logique d’affrontement. L’assassinat leur apparaît comme le moyen le plus simple de résoudre les problèmes ! Comme dans les récits bibliques ! On a parfois du mal à comprendre!

Je vais tenter une explication: La Bible n’est un livre de récits “merveilleux“, de contes de “mille et une nuits“. La Bible offre avant tout une démonstration d’une pédagogie divine toujours actuelle ! Le Dieu VIVANT, le “Trois fois Saint“ fait alliance avec des hommes faits “de chair et de sang“, “tels qu’ils sont et là où ils en sont“, pour les amener progressivement à la perfection de l’Evangile, grâce à la communion avec le Christ, l’Homme parfait qui a dit : “Aimez-vous !“

Il ne faut pas lire la Bible pour en “écrémer le merveilleux“, y trouver matière à “une bonne lecture spirituelle“ ! Sur ce point, certains trouvent que Platon, par exemple, est plus sublime que la Bible. En un sens, c’est vrai ! Ils n’ont pas encore compris cette pédagogie divine qui affleure à chaque page et qui construit l’homme en le prenant “tel qu’il est et là où il en est“ pour, peu à peu, l’acheminer à construire sa véritable personnalité qui est d’être “à l’image et à la ressemblance de Dieu“.

Le Sublime, l’idéalisme, le perfectionnisme est la pire maladie (d’orgueil souvent). On manie de belles idées, de beaux principes. Et arrive fatalement un jour où une circonstance difficile fait tout s’écrouler ! Alors, on s’aperçoit qu’on “se met le doigt dans l’œil“ parce qu’on ne les pratique pas finalement. Et on n’en finit pas de se reprocher de n’être pas ce qu’on devrait être. Si on ne s’empoissonne pas soi-même, on empoisonne toute l’atmosphère. Au lieu d’utiliser toutes ses énergies à progresser humblement - “marche humblement avec ton Dieu“ - on les emploie contre soi-même par un incessant sentiment de culpabilité. On se stérilise en confondant sentiment de culpabilité qui est un regard (morbide) sur soi-même et repentir qui est un regard quêtant l’amour de l’offensé…, de Dieu. C’est différent ! Quand on ne s’aime pas soi-même “tel que l’on est et là où on en est“, on n’aime pas non plus les autres. C’est une maladie terrible !

Or, Dieu, lui, à l’inverse de l’homme lui-même, regarde toujours les hommes faits “de chair et de sang“, “tels qu’ils sont et là où ils en sont“. Il ne faut surtout pas croire que les hommes qui sont encore dans une logique d’affrontement telle qu’on la trouve décrite dans la Bible, Dieu ne les aime pas ! Le Christ, lors de son baptême, est descendu dans le Jourdain, au plus bas du globe ; dans “nos enfers“ comme l’on dit. Car Dieu “l’a, pour nous, identifié au péché, afin que par lui, nous devenions justice de Dieu !“ (2 Cor 5.21). Dieu aime les hommes tels qu’ils sont, même s’ils se font la guerre !

Un missionnaire qui avait vécu au Viêt-Nam et qui avait traversé mille conflits et atrocités disait : pourquoi n’ai-je pas lu tous ces récits “sauvages“ de la Bible quand j’étais dans ces situations terribles. J’aurais compris que Dieu était là… même dans ces combats… ; non pas, bien sûr pour les approuver..., mais il était là, avec nous, pour nous aider à progresser vers la paix, vers l’Evangile. - Et cet autre missionnaire qui disait qu’il ne fallait surtout pas supprimer des psaumes tous ces versets qui appellent à la vengeance… Car, dans cette pédagogie divine, c’est prendre en compte, en notre prière, tous ceux qui appellent à la vengeance contre toutes formes d’injustice affreuse. C’est une occasion de crier avec eux pour que Dieu les amène peu à peu de la vengeance à l’amour.

Voilà la pédagogie de Dieu à travers toute la Bible ! D’ailleurs, regardez un enfant. Il est d’abord égocentrique. C’est normal. S’il n’arrive pas à s’aimer lui-même “tel qu’il est“, il ne pourra pas aimer les autres. En grandissant, sa personnalité prend de la consistance : il devient accueillant, capable d’intégration. Et à l’âge adulte, il sera capable de relation.

Pour le peuple de Dieu (pour nous), il y a une croissance analogue. Le peuple élu, pour garder son identité, n’a pas eu d’autres moyens que de pratiquer l’anathème vis-à-vis des populations environnantes. Et puis au fur et à mesure qu’il grandit, il devient capable d’intégration, d’accueil. - Et, “à la plénitude des temps, St Paul partira pour répondre à l’attente des “îles lointaines“ : “Tout est à vous ; mais vous, vous êtes au Christ. Et le Christ est à Dieu !“. Une puissance d’intégration, de tout “récapituler“ dans le Christ, en Dieu ! De l’égocentrisme à l’“œcuménisme“, si je puis dire ! Voilà la pédagogie de Dieu à notre égard, lui qui fait “pleuvoir la pluie sur les bons comme sur les méchants !“.

Oui, on a du mal à lire ces récits “sauvages“ ! Mais c’est pour constater que beaucoup actuellement sont encore dans une logique d’affrontement…, et qu’ils ont besoin d’être interpellés par Dieu, comme par des électrochocs si je puis dire, non pour stagner dans des situations anachroniques, mais pour mieux prendre la route vers la perfection évangélique : “aimer vos ennemis !“. Il faut comprendre cette pédagogie divine à notre égard également ! (Le sacrement de réconciliation est fait pour cela !)

Alors comme il sera dit comme dans le livre des Juges : “Le pays se reposa de la guerre !“ (11.23).

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