vendredi 15 janvier 2010

Le Fils de l’homme a le pouvoir - T.O. 1.p. Vendredi - (Mc 2..1sv)

Marc - plus que Matthieu - raconte ce miracle du paralytique avec simplicité et force détails. On sent derrière lui St Pierre qui a vu, retenu ce qui s’est passé chez lui, probablement, à Capharnaüm !

D’abord il est dit que Jésus “annonçait la Parole de Dieu“! On peut dire que Jésus s’annonce lui-même ! Il se dit lui-même… ! St Jean dira plus tard : “Jésus est la Parole, le Verbe fait chair, la Parole venue chez les hommes !“. Aussi cette expression deviendra-t-elle classique pour désigner toute prédication ! Tout chrétien doit “proclamer la Parole“, non pas une doctrine quelconque, mais la Parole de Dieu, c’est-à-dire Dieu lui-même, le “Fils de l’homme“ comme se désigne Jésus lui-même ! Quelle mission !

Ce titre de “Fils de l’homme“, un peu obscur pour nous mais très biblique, revient souvent dans les Evangiles.
  • Il désigne d’abord l’homme, sous son aspect fragile, souffrant, mortel… !
  • Mais dans l’A.T., ce titre évoque un être mystérieux, à la fois terrestre et céleste, sauveur de sa communauté persécutée. Il est déjà comme la manifestation humaine de la Gloire de Dieu, Juge souverain et triomphant …des puissances du mal…

Aussi, Jésus emploie-t-il à dessein ce titre rare et mystérieux, mais moins explosif, dans le contexte politique et religieux de son temps, que ceux de “messie“, “roi“ ou “Fils de David“ ! Par contre, il traduit beaucoup mieux les caractéristiques de la mission de Jésus :
  • Le Christ est bien un homme ; il est bien cet homme que le prophète Isaïe a décrit comme un “Serviteur“ persécuté, soumis à la souffrance.
  • Le Christ est bien en même temps cet être mystérieux, juge souverain, qui rétablit toutes choses dans l’ordre voulu par Dieu au matin de la création.

Aussi, c’est bien comme “fils d’homme“ que Jésus est venu jusqu’à l’homme avec sa misère, - celle de ce paralytique comme celle de tout homme - avec cette souffrance qu’il supportera un jour jusqu’à la mort…

Mais c’est aussi comme “Fils d’homme“ que Jésus dit au malade : “Tes péchés sont remis !“. Parce qu’il est homme, mais un homme qui a puissance divine sur le mal, il peut pardonner les péchés.

Ainsi le titre de “Fils d’homme“ sur les lèvres de Jésus se charge déjà des données du mystère pascal : la gloire, la guérison, notre sanctification sont les fruits de sa passion, de cette aptitude du Christ-Dieu à porter les souffrances de l’homme : “Qu’est-ce qui est le plus facile ? De dire : ’Tes péchés sont pardonné’ ? Ou bien : ’Lève-toi, prends ton grabat et marche !’. Pour que vous sachiez que le Fils de l’homme a le pouvoir de pardonner les péchés, je te l’ordonne - dit-il au paralysé -, lève toi et rentre chez toi !“.

Par ce titre au nom duquel il agit, Jésus nous indique sans détour une des grandes causes de la souffrance humaine : le péché dont le pardon est nécessaire pour que puisse être opérée la guérison demandée, signe d’une guérison plus profonde, celle de l’âme.

Pour notre monde qui, dit-on, a perdu le sens du péché, l’évangile d’aujourd’hui révèle une conception de la vie à peine pensable : le péché en occupe le centre ! C’est lui qui explique, en grande part, la souffrance de l’homme. Alors qu’on lui demande une guérison, Jésus répond : “Tes péchés sont pardonnés“, tant il est vrai que dans l’état originel, si je puis dire, le corps était soumis à l’âme parce que l’âme était soumise à Dieu !

Mais le pardon qui remet en relation avec Dieu est inaccessible à l’homme : “Dieu seul peut pardonner !“. C’est pourquoi, le Christ, ce “Fils de l’homme“ (Dieu et homme à la fois) a pris sur lui les souffrances de l’homme afin qu’en les surmontant au matin de Pâques, il démontre par là qu’il peut supprimer leur cause : le péché : “Voici l’Agneau de Dieu (immolé, le Serviteur souffrant d’Isaïe)… qui efface les péchés du monde“ !

Tous étaient stupéfaits, rapporte Marc : “Nous n’avons jamais rien vu de pareil“. Car beaucoup comprennent l’évidence : il n’y a que Dieu qui peut agir ainsi à travers Jésus ! Et plusieurs se mettent à suivre Jésus ! Qui sont-ils ? St Marc (Pierre) nous le dit quelques versets plus loin : “Alors que Jésus était à table à la maison (de Pierre, de Lévi ?), beaucoup de pécheurs se trouvaient à table avec lui, car beaucoup de monde le suivait“ (v/15).

La communauté de table est lourde de signification pour un oriental ; pour un chrétien, elle est porteuse d’un sens encore plus riche : Jésus a si bien réalisé sa mission de pardon que les pécheurs - et nous en sommes - peuvent non seulement partager le repas avec lui, mais communier profondément à lui, … à Dieu ! (sens de notre Eucharistie).

Mais il y a une condition : la Foi ! Plusieurs refusent le pardon, refusent de s’approcher de la table sainte. Pourquoi ? Ils savent pourtant que le Christ accueille quiconque. Mais ils savent également que Jésus est venu faire “passer“ l’homme devant son destin, devant les difficultés et les souffrances de la vie, à l’homme devant Dieu !

Passage difficile. Passage pascal avec le Christ ! Certains refusent, s’enferment dans leur monde…. D’autres acceptent : on les retrouve en communauté de table avec Jésus !

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