mardi 19 janvier 2010

Le “Petit“ qui devient le “Grand“ - 2 T.O p. Mardi – (1 Sam 16.1sv)

C’est une des grandes lois de l’élection de Dieu dans la Bible : quand Dieu veut faire quelque chose de très grand dans l’histoire, il va chercher quelqu’un de très petit, dans un coin perdu, un homme, une femme qui n’ont pas d’apparence, des “pauvres…“ ! C’est que, dit Dieu, “vos pensées ne sont pas mes pensées“ (Is 55.8) !

David est un bel exemple à cet égard. Samuel chargé par Dieu de le désigner comme roi, se trompe plusieurs fois : ce n’est pas Eliav, ni Aninadav, ni Shamma, ni aucun des “sept fils de Jessé“ avec leur haute taille et leur belle apparence… “Les hommes voient ce qui leur saute aux yeux, mais le Seigneur voit le cœur !“… Mais il y avait encore “le petit dernier“ qui faisait paître le troupeau. Il avait le teint clair (1), autrement dit : il avait le teint pâle, n’ayant aucunement l’allure d’un grand guerrier, d’un futur chef, malgré sa jolie frimousse : “de beaux yeux et une mine agréable“ ! Il n’avait certes pas l’allure du premier roi d’Israël, Saül, “fils de Qish, fils d’Aviël, fils de Ceror, fils de Bekorath, fils d’un Benjamite“. Il en avait d’une belle ascendance, celui là ! (2). “Aucun des fils d’Israël ne le valait. Il dépassait tout le peuple de la tête et des épaules“ (1 Sam 9.1sv). Bigre ! Quelle allure ! David, lui, n’avait pas cette allure et n’avait aucune prétention. C’est ainsi qu’il en va souvent des choix de Dieu qui dira lui-même à David, plus tard : N’oublies pas, “c’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu deviennes le chef d’Israël, mon peuple !“ (2 Sam 7.8) Comme, plus tard, pour le prophète Amos : “Je n’étais pas prophète, je n’étais ni fils de prophète ; j’étais bouvier, je traitais les sycomores. Mais le Seigneur m’a pris de derrière le bétail et le Seigneur m’a dit : ’Va ! Prophétise à Israël, mon peuple !’“.

Oui, dit Dieu “vos pensées ne sont pas mes pensées !“. Saül avait belle apparence, il semblait tout désigner. Mais rapidement il déplu au Seigneur ! David n’était encore qu’un enfant qui n’avait pas grande ambition et que rien ne semblait désigné : et c’est lui que Dieu préfère à Saül !

Certes, Saül avait désobéi à Dieu… ! A ce propos, je ne peux m’empêcher de faire une digression et de vous signaler l’attitude du prophète Samuel que je trouve admirable, si spirituellement et humainement remarquable en cette circonstance. Samuel a du vivre intensément ce drame : voir ce “grand benêt“ de Saül déplaire au Seigneur alors qu’il pensait qu’il serait un roi efficace pour le peuple ! Alors, de la part de Dieu, il va trouver ce roi lamentable et lui adresse des paroles très dures de la part du Seigneur : “tu as rejeté la parole du Seigneur ; le Seigneur t’a rejeté, et tu n’es plus roi d’Israël !“. (1 Sam 15.25). “Le Seigneur t’a arraché la royauté … et il l’a donnée à un autre, meilleur que toi !“ (Id. 28). Paroles dures ! Mais le texte ajoute : “Samuel ne revit plus Saül jusqu’au jour de sa mort. C’est que Samuel pleurait Saül… !“ (Id.33). D’un côté, c’est l’envoyé de Dieu qui doit parler en toute vérité et parfois sévérité… ; de l’autre, c’est l’intercesseur qui pleure…, qui pleure sur le péché de l’homme… ! Jésus aussi pleura sur Jérusalem… ! Faut-il sans doute avoir, pour une telle mission, “une intelligence dure et un cœur tendre“, selon l’expression de Claudel ? Moïse lui-même, cet “homme très humble, plus qu’aucun homme sur la terre“ (Nb 12.3), était capable de grandes colères contre le peuple de la part de Dieu !

Quoi qu’il en soit de cette digression que je vous prie d’excuser - mais la réflexion me plaît -, redisons avec force que souvent Dieu choisit celui ou celle auxquels on ne pensait nullement. Cela se vérifie dans toute l’histoire de la Bible, depuis Joseph vendu par ses frères…, en passant par Moïse qui était bègue (“je ne sais pas parler !“)…, jusqu’à la Vierge Marie, “l’humble servante du Seigneur“ qui vivait dans un trou perdu et méprisé des collines de Galilée (“Que peut-il sortir de bon de Nazareth ?“). Je vous laisse le soin de découvrir ces petites “grandes figures“ !

Cela se vérifie également tout au long de l’Histoire de l’Eglise. Il y aurait trop d’exemples à signaler. Pour en prendre un de “chez nous“, je pense simplement à Ste Bernadette de Lourdes qui savait à peine lire et écrire…

Il en est ainsi aujourd’hui même : si nous sommes chrétiens, ce n’est pas par un mérite de notre part ; ce n’est que pure grâce de la part du Seigneur. Aussi, en m’inspirant de St Paul, je terminerais : je “rends continuellement grâce à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, car Dieu vous a choisis dès le commencement, pour être sauvés par l'Esprit qui sanctifie et par la foi en la vérité“. (II Thess 2.13). Je le sais, “ vous avez été choisis“ (I Thess 1.4). Dieu vous a élus dans le Christ, “ dès avant la fondation du monde, pour être saints et immaculés en sa présence, dans l'amour, déterminant d'avance que vous seriez pour Lui des fils adoptifs par Jésus Christ“. (Ep. 1.4).

Sommes-nous à la hauteur de cette élection divine ???

  1. Traduction préférable à celle de : “Il était roux !“.
  2. Cela rappelle la cinglante réplique du célèbre polémiste, M. Veuillot (le fondateur de “l’Univers“ au 19ème s) adressée à M. de Montalembert qui lui rappelait ses nobles origines : “Vous, Monsieur, vous descendez des croisés ; moi, Monsieur, je monte d’un tonnelier !“.

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