vendredi 8 janvier 2010

“Il est venu….par l’eau !“ - Vendredi après l’Epiphanie - (I Jn. 5.13sv – Lc 5.12 sv)

St Jean est plus difficile à comprendre qu'on ne le croit, tellement il veut dire moult choses à la fois!

“Qui est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?“Autrement dit, notre victoire, c’est la victoire du Christ si nous avons foi en lui, la foi en celui qui a dit : “Je vous ai dit tout cela pour qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous aurez à souffrir. Mais prenez courage ! J’ai vaincu le monde !“ (Jn 16.33). Notre foi est donc une force qui vient de Jésus pour vaincre toutes les forces du mal. Elle est une participation à la victoire du Christ ! Et Jean d’expliquer :
  • “Il est venu !“. D’abord, notre foi porte sur des faits, des faits de l’histoire humaine de Jésus. La foi n’est pas une élucubration intellectuelle ! C’est à travers des faits - l’Incarnation du Fils de Dieu dans toutes les dimensions humaines - que nous reconnaissons l’Amour de Dieu qui donne victoire avec Jésus ! Oui, Jésus “est venu“, dit St Jean. L’Apôtre, d’abord disciple de Jean-Baptiste, se rappelle bien la question que celui-ci, prisonnier, avait envoyé à Jésus : “Es-tu celui qui doit venir ?“. Oui ! C’est bien lui qui répond à toutes les promesses divines données au peuple élu. En Jésus Dieu “est venu !“.

  • “Il est venu par l’eau“. Il s’agit ici, bien sûr, du baptême de Jésus dans le Jourdain, tel que Jean-Baptiste l’a sans doute expliqué à son disciple Jean avant de l’envoyer à Jésus (1).

Il semble que Jean-Baptiste avait beaucoup médité l’Ecriture, Isaïe en particulier. De cette fermentation de la Parole de Dieu en sa mémoire était née en lui une conviction inspirée : le Messie serait celui sur qui reposerait l’Esprit de Dieu, selon Isaïe. Et lui, Jean-Baptiste était chargé - c’était sa mission, sa vocation - de le désigner.

Ce fut donc son témoignage : “J’ai vu l’Esprit descendre du ciel et demeurer sur lui !“ (Jn 1.32). St Jean l’Evangéliste se souvient bien du témoignage de son premier Maître, faisant référence au prophète Isaïe : “Sur lui reposera l’Esprit de Dieu !“ (Is 11.2). - “Voici mon Serviteur... J’ai mis mon Esprit sur lui !“ (Is. 42.1). Ce Serviteur, Jean-Baptiste l’avait nommé “Agneau“(en araméen, les deux mots se ressemblent !) : “Voici l’Agneau de Dieu (le Serviteur de Dieu) qui enlève le péché du monde (Jn 1.29 ; Cf. Is 53.4-7).

Par cette formule - “Il est venu par l’eau“ - Jean Baptiste désignait Jésus encore comme l’auteur d’un baptême plus efficace et important que le sien : un baptême dans l’Esprit qui enlève le péché du monde. Ce fut certainement le témoignage de Jean-Baptiste : “Je vous baptise dans de l'eau en vue du repentir ; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi… ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu…“. (Mth 3.11). Et Jean, l’Apôtre, l’avait bien compris, lui qui écrira : “Le dernier jour de la fête, Jésus s'écria : "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et que boive celui qui croit en moi ! Comme l’a dit l'Écriture: ’De son sein couleront des fleuves d'eau vive’. Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui“. (Jn 7.37)

En même temps, Jean-Baptiste perçoit qui sera Jésus. Il est le Messie, le “Serviteur de Dieu“ (Agneau de Dieu) annoncé par Isaïe (Is.42) : il ne criera pas ; il ne rompra pas le roseau froissé, n’éteindra pas la flamme vacillante ; il apportera le droit et la justice (celle qui “ajuste“ à Dieu) ; il ouvrira les yeux des aveugles… etc. Bref, il apportera la “Bonne Nouvelle“ : “Le Seigneur m'a donné une langue de disciple pour que je sache apporter à l'épuisé une parole de réconfort. Il éveille chaque matin mon oreille pour que j'écoute comme un disciple“. (Is. 50.4-5). Et oui ! L’homme-Jésus à l’écoute profonde de la Parole de Dieu ; l’homme-Jésus, disciple du Verbe qu’il est en personne, afin d’être celui qui porte la Parole de Dieu aux hommes, la “Bonne Nouvelle“, l’Evangile ! Jésus pleinement Dieu - Verbe de Dieu ! - et pleinement homme - qui transmet la Parole de Dieu - !

Enfin, ce Serviteur qui porte la Parole de Dieu - qui l’écoute d’abord et qui la porte dans la douceur et l’humilité -, ce Serviteur est méconnu. Dieu seul sait ce qu’il fait : “Moi, je disais : "C'est en vain que j'ai peiné ; pour rien, pour du vent j'ai usé mes forces !". …. Et maintenant le Seigneur a parlé. Je serai glorifié aux yeux du Seigneur... Il a dit : "Je fais de toi la lumière des nations pour que mon salut atteigne aux extrémités de la terre". (Is 49.4sv).

La vocation du “Serviteur de Dieu“ apparaît donc comme une vocation de prédicateur dans la douceur et l’humilité. Ce n’est certes pas une vocation à la gloire, celle du monde ! C’est ce que rappellera Jésus lui-même à Jean-Baptiste emprisonné qui a peut-être (comme nous souvent) la tentation d’une reconnaissance mondaine pour Jésus : "Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles voient et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés… et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui qui ne trébuchera pas à cause de moi !".

“Il est venu par l’eau !“ Mais encore “il est venu par le sang !“. Nous sommes, là, à l’autre bout de l’évangile. Nous sommes au Calvaire. Cette fois, ce “Serviteur“ est bien l’“Agneau“ annoncé encore par Isaïe : “Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir“ (Is. 53.7)… …(Cf. : Is 50.5-6)

Le Fils de Dieu est bien venu. Il est venu par l’eau et par le sang !

  1. Le Jourdain, dans la tradition biblique, était déjà symbole de toutes les purifications (Naaman), de toutes les délivrances et victoires.

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