jeudi 28 mai 2009

St Paul ! - Pâques 7 – Jeudi – (Actes 22.30 sv)

Il est beaucoup question de St Paul dans les lectures de ces jours-ci. Aussi, je ne ferai pas d’homélie aujourd’hui. D’ailleurs, la véritable homélie, dirait St Paul, c’est vous, celle que vous écrivez vous-mêmes en vos vies : “De toute évidence, vous êtes une lettre du Christ écrite non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre (comme la Loi au Sinaï), mais sur des tables de chair, sur vos cœurs“ (2 Co. 3.3). Je préfère donc vous transmettre aujourd’hui comme trois clefs permettant d’entrer davantage dans la pensée de cet apôtre des nations…

Première clef : Paul disait : “Je suis né à Tarse, ville qui n’est pas sans importance“. Cette ville comprenait 300.000 habitants environ, avec un port à quelques kilomètres. Grâce à sa position commerciale, elle était opulente ; et sa population était très mélangée. Elle faisait la jonction entre l’Occident et l’Orient. Pompée, César y étaient passés. Marc-Antoine et la reine Cléopâtre s’y étaient rencontrés en grande pompe et magnificence… pour leur perte !!! Ainsi, la Providence préparait Paul à ne pas faire de différence entre Juifs et Romains, Grecs ou Barbares, hommes libres ou esclaves.

Même si le jeune Paul, en tant que Juif, ne pouvait entrer en sa célèbre université où enseignait encore un philosophe admiré, Athénodore (ancien maître et ami de l’empereur Auguste), il bénéficiait de tout un courant de culture grecque. Il apprit la langue commune de l’époque - la “koinè“ – qu’il saura parfaitement manier. Cette ville universitaire était bercée de philosophies, religions, de pensées artistiques très diverses. Paul écrira plus tard : “Scrutez les courants d’idées et retenez ce qui est bon !“ (I Thes. 5.21).

Aux jeux des stades de la ville (interdits pourtant à un Juif), il empruntera ses plus belles comparaisons : “Vous courriez si bien !“, dira-t-il aux Galates. “Pour moi, je poursuis ma course pour tâcher de remporter le prix“ (Ph. 3.12).

A la porte de la ville, il y avait la statue de Sardanapale, roi légendaire de Ninive (7e s. – cf. Delacroix), avec cette inscription assyrienne : “Voyageur, mange, bois et laisse-toi vivre !“. - “Si les morts ne ressuscitent pas, dira St Paul, mangeons et buvons, car demain nous mourrons“ (I Co. 15.32).

Bref, Paul est un citadin jusqu’au bout des ongles. Dans ses lettres, il ne parle pas du travail de la terre au contraire de Jésus qu’il prêche ! Lui qui a beaucoup voyagé, il ne fera jamais allusion aux magnifiques paysages qu’il a du rencontrer… Oui, St Paul était un citadin. Et il n’en avait pas honte !

Deuxième clef : Paul disait encore : “Je suis Hébreu, fils d’Hébreu, pharisien, fils de pharisien !“. Son nom “Shaoul“ veut dire “Désiré“, “Demandé à Dieu“. Désiré par sa mère sans doute, comme naguère Anne qui désirait un fils qu’elle appellera “Samuel“ (Dieu a entendu). Cependant Paul ne parlera jamais de sa mère. Mourut-elle jeune ? Cela expliquerait les sentiments de reconnaissance envers la mère de Rufus qui s’était dévouée pour lui d’une manière si délicatement féminine (Cf. Rm 16.13). On suppose seulement qu’il a eu une sœur. En tous les cas, il était fier d’être hébreu. Il gardera pour son peuple il tendresse émue : “Je souhaiterais être maudit moi-même, séparé du Christ, pour mes frères, ceux de ma race…“ (Rm 9.1sv).

Les Juifs avaient un excellent système d’éducation :
  • A partir de 5 ans, Paul apprend l’essentiel de la Loi et l’histoire de son peuple ; il vibre à la pensée du Messie attendu.
  • A dix ans, il fait la dure expérience de la tradition orale (préceptes) : “Ne fais pas ceci, fais cela…“… Peut-être n’en a-t-il pas gardé un excellent souvenir, lui qui conseillera : “Parents, n’exacerbez pas vos enfants…“.
  • Il apprend un métier. (Tarse était réputé pour son tissage). C’est obligatoire dans l’éducation juive. Car le “pur intellectuel“ est mal vu ; c’est à la limite du pathologique. Et puis ne faut-il pas gagné sa vie soi-même ?
  • A 18 ans, il part à Jérusalem écouter un maître vénéré (Act.5.34), Gamaliel, homme au cœur généreux et compréhensif, petit fils de Hillel, esprit souple et universaliste. “Je faisais des progrès dans le judaïsme, surpassant la plupart de ceux de mon âge et de ma race par mon zèle débordant pour les traditions de mes pères“ (Ga. 1.14). C’est ainsi qu’il apprit la Bible par cœur. (Il n’avait ni ordinateur ni bibliothèque durant ses voyages au cours desquels il la cite).

Bref, esprit curieux, ouvert, ayant le goût du beau langage, même si les idées se bousculaient un peu trop au portillon de ses lèvres, il avait acquis une solide culture juive, gardant le souci de la Tradition, de l’orthodoxie et aussi - il faut le dire - une subtilité quasi rabbinique !

Enfin Paul disait : “Je suis citoyen romain“. Son père avait acheté ou acquis ce titre, privilège très important excluant les peines déshonorantes et donnant droit à être jugé par le tribunal impérial. C’est ainsi qu’il en appellera à César lors du procès que les Juifs lui intenteront. Il semble qu’il était fier de ce titre car il admirait probablement l’ordre romain, voyant en celui-ci l’obstacle qui empêcherait que s’établisse, comme il dira, le règne de l’ “homme d’iniquité“.

Voilà en quelques traits le portrait intellectuel, moral et religieux de Paul ! A sa suite, nous qui avons hérité, de façons diverses, de biens des richesses - celles d’intelligence, de cœur et d’âme - savons-nous non seulement les transmettre, mais les utiliser pour le service et des hommes et de Dieu tout à la fois ?

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