dimanche 17 mai 2009

6e Dimanche de Pâques 00/B

Facilement nous nous disons "chrétiens" ; nous disons "catholiques" ! Et c’est déjà bien de savoir l’affirmer !
  • “Chrétien“, cela veut dire que nous adhérons, nous appartenons au Christ, à Jésus, Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour nous !
  • “Catholique“, cela veut dire “universel“, car le message de Jésus Christ et l’accomplissement de son mystère pascal, ce mystère de mort et de vie, ne concernent pas simplement un groupe d’adhérents, mais tous les peuples du monde entier ! “Dieu ne fait pas différence entre les hommes, nous a dit la première lecture ; mais quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste !“. Et St Paul précisera : “Le Christ est mort pour tous !“. Etre catholique, c’est avoir reçu mission par le baptême et la confirmation de témoigner de cette universalité de l’amour de Dieu pour tous, du salut offert à tout homme en Jésus !

Les apôtres eux-mêmes n'ont pas compris cela du premier coup. Volontiers, St Pierre se serait contenté d'annoncer aux seuls Juifs le message du Christ qui, pour lui, accomplissait parfaitement les Ecritures, était, autrement dit, le Messie annoncé par les prophètes d’Israël pour Israël ! Il a fallu que les circonstances et l'Esprit Saint le poussent à s'ouvrir au monde païen. Dans le récit de la 1ère lecture, le centurion Corneille symbolise le monde romain de cette époque. Pierre est surpris de découvrir que le message de Jésus concerne tout autant ce monde romain, païen, que le monde juif. Et plus tard, St Paul se fera gloire d'annoncer l'Evangile dans le monde grec, à Antioche, Ephèse, Athènes, Corinthe, etc... Et tous les apôtres, finalement, feront de même dans les pays les plus divers !

Peu à peu, le message du Christ deviendra vraiment “universel“, catholique. Tout au long de l'histoire, des baptisés partiront de partout, et de chez nous - tel le Bx Basile Moreau - … et partent aujourd’hui encore annoncer la "Bonne Nouvelle" jusqu'au plus profond de tous les continents.

Or, nous vivons actuellement, avec des moyens de communication modernes et très rapides qui accentuent cette exigence de l’universalité, de la mondialisation comme l’on dit : notre petite planète "Terre" devient de plus en plus une sorte de grand village où nous apprenons à circuler rapidement, à voyager partout, et à vivre ensemble entre gens de nationalités différentes. Combien d'entre nous n'ont pas un ou plusieurs membres de leur famille partis à l'étranger pour quelques mois, plusieurs années, voire pour longtemps ! Dans nos grandes villes, nous ne cessons de croiser Africains, Européens, Asiatiques... Oui, le monde entier devient de plus en plus comme un grand village.

Mais cela ne se fait pas facilement, comme ce ne fut pas facile pour Pierre : pour apprendre à vivre ensemble entre races différentes, à se comprendre, à s’estimer, et surtout à témoigner du Christ mort et ressuscité pour tous (c’est notre mission de baptisés, de confirmés), il y faut de la bonne volonté et un minimum d'intelligence pour éviter incompré-hension, voire affrontements et nous ouvrir ainsi aux autres. Ce fut le massage de Jean-Paul II surtout au seuil du 3ème millénaire. C’est encore le message du pape Benoît XVI qu’il a bien souligné lors de son pèlerinage en Terre Sainte !

Aussi, nous chrétiens, catholiques, qui devons donc avoir cet esprit “universel“, nous avons reçu mission de favoriser cette ouverture à tous les hommes. Catholiques, nous ne sommes pas une secte qui, souvent, a tendance à se refermer sur elle-même ! Le grand projet de Dieu sur le monde, c'est que tous les hommes finissent par former ensemble une immense famille - la famille de Dieu - où tous se voudront frères les uns des autres, en s’enrichissant mutuellement ; car chacun doit garder son identité, ses propres valeurs : ce ne doit pas être une fusion - un amour fusionnel est toujours dangereux -, mais une communion dans la diversité de tous.

St Jean et l'évangile nous le rappellent aujourd'hui en nous donnant le secret de cette “universalité“, de cette fra-ternité voulue par le Christ : “Aimez-vous les uns les autres... Vous êtes tous frères... Ayez pour les autres un regard d'a-mitié, de bienveillance, de considération…”. “Aimez-vous !“.


Il est d'ailleurs très remarquable que le mot “amour”- si banal en notre langue, malheureusement - (ou aimer ou ami) soit répété plus de dix fois dans ce court passage de l'Évangile d’aujourd’hui.

Cette insistance de la part de Jésus doit attirer notre atten-tion sur un fait bien reconnu : l'amour est la condition essen-tielle et voulue par Dieu-Créateur de l'existence humaine.

Mais surtout, cette insistance de Jésus donne un sens à cette exigence de l’amour quand il ajoute l'expression mémorable “comme je vous ai aimés”.

Autrement dit, Jésus se présente bien comme étant lui-même le modèle de l'amour, dans ses paroles comme dans ses gestes les plus simples. Cependant, il ne nous indique pas seulement le modèle à suivre qu’il est lui-même. Il va plus loin ; il nous propose à la fois un nom et un lieu à cet amour en ajoutant : Demeurez dans mon amour ! Habiter l’Amour qu’il est lui-même, Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour tous! Habiter le cœur du Christ !

Etre dans le cœur du Christ ! Généralement, l'amour engendre une sorte de mouvement circulaire qui souvent s'arrête dès que le domaine de la solidarité est atteint... Comme si le commandement du Seigneur ne devait trouver un écho que dans la dimension horizontale, que dans la seule expression du service social si important soit-il. Or, l'amour dont nous parle le Christ comporte certes cette dimension, en est une traduction ; mais il va encore plus loin, plus haut. L'amour dont il parle et en lequel il faut demeurer vient d'en haut, de Dieu, vient du cœur de Jésus, Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour tous !

Pour un Catholique qui doit cultiver l’esprit d’universali-té, les dimensions verticales et horizontales de l'amour doivent toujours dessiner la croix du Christ qui nous ai aimés jusqu’au don total de lui-même ! Oui, c’est l’amour, mais l’amour de Dieu-Père manifesté et transmis par le Christ qui, seul, peut nous rendre frères de tout homme, qu’il soit de l’Est ou de l’Ouest, du Nord ou du midi ; seul l’amour que Dieu donne et qui peut aller jusqu’au don suprême de soi est universel et nous rend frères de tout homme quel qu’il soit.

Et avec le Christ qui a manifesté un tel amour, on comprendra mieux que jusque dans le don de soi, il y a aussi la joie : “Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie !”. La joie est fille de l’amour, de cet Amour qui vient de Dieu! Car Dieu est Amour.

Catholiques, nous venons en cette cathédrale nous unir par l’Eucharistie, - ce mystère pascal ! - au Christ qui nous a manifesté cet Amour divin qui est universel pour tout homme ! Habiter l’Amour, le cœur du Christ, Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité pour tous, tel doit être la mission du Catholique. Et on sait que cela peut aller jusqu’au don de soi-même, mais toujours dans la joie d’un “Alleluia“ pascal !

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