mardi 19 mai 2009

L’homme “bon“ ! L’épikie - Pâques 6 - Mardi - Chrétien ! (3) – (Actes 15.22)

Les Chrétiens est ceux qui appartiennent au Christ : “Pour moi, vivre, Christ“, disait St Paul. (Sens de « christianoi »).

Cette attachement au Christ peut aller jusqu’à subir la persécution. La lecture nous en donne un exemple. (Sens péjoratif de « chrèstianoi »).

Malgré la persécution, les chrétiens restent des hommes foncièrement “bons“ ! (Sens mélioratif de « chrèstianoi »). Dieu lui-même n’est-il pas “lent à la colère et plein de bonté fidèle ?“ (Nb. 14.18). Et Notre Dame s’exclamera que “sa bonté s’étend de génération en génération“ (Lc 1.50). Et si nous voulons “demeurer en cette bonté“ (Rm. 11.22), il faut que notre bonté elle-même “soit reconnue par tous les hommes !“ (Ph. 4.5).

Pour cela, le Christ nous envoie son Esprit, lui qui, selon l’Evangile doit confondre le monde
  • en matière de péché : la foi en Dieu bon confondra le monde mauvais.
  • en matière de justice : c’est la bonté de Dieu, manifesté en Jésus mort et ressuscité, qui justifiera le monde, “ajustera“ les hommes à sa bonté.
  • en matière de jugement : car la victoire de Jésus par son mystère pascal implique la condamnation du mal et de son auteur.

Aussi, le disciple du Christ, devant témoigné de la bonté de Dieu manifesté en Jésus, - et cela, parfois, jusqu’au “martyre“ (mot qui veut dire “témoin“) - doit être “bon“, réellement ! Le chrétien est un homme “bon“,
  • pratiquant le désintéressément,
  • ayant toujours une pureté du cœur,
  • ignorant petitesses, jalousies ou rivalités,
  • apte à servir la concorde et la paix!

De cette sorte de bonté, St Paul en fait un attribut privilégié de l’« agapè », de l’amour de charité, de cet amour qui vient de Dieu : Or tout chrétien expérimente la délicieuse bonté de Dieu : “Rejetez donc toute méchanceté… si vous avez goûté que le Seigneur est bon“ (I Pet 2.4 qui cite Ps 34.9).

Aussi, le chrétien doit-il rayonner cette bonté du Père céleste qui se reflète sur le visage de ses enfants. Ce doit être le trait le plus accusé de la physionomie du véritable disciple du Christ, puisque la venue et la vie du Fils de Dieu sur terre fut une épiphanie de la « chrètotès », de la bonté de Dieu : “… lorsque se sont manifestés la bonté de Dieu et son amour pour les hommes…“ (Tite 3.4).

Cette bienveillance, cette bonté est éminemment libérale et généreuse. Le « chrèstos », le chrétien qui est bon, est non seulement serviable, empressé, obligeant, mais effectivement donnant. Il semble ne posséder quelque bien que pour en faire participer autrui. Le “charitable“ devient comme la providence de son prochain ; il dépense et se dépense pour l’aider : “Pour moi, je dépenserai et me dépenserai moi-même tout entier pour vous“ (II Cor. 12.15). Bien plus, ses “gracieuses donations“ s’effectuent avec le tact et le sourire du divin amour qu’est l’ « agapè ».

Il semble que tous ces aspects du tempérament chrétien modelé par l’ « agapè », soient résumés dans le terme d’ épikie, intraduisible, (terme que, malheureusement, on ne trouve plus dans les dictionnaires récents !). Le mot exprime, en effet, d’après les auteurs anciens,
  • l’honorabilité et la droiture,
  • la santé morale et l’équilibre du jugement que l’on reconnaît surtout au sens de la mesure,
  • la gentillesse, la “douceur“ : “Moi, Paul, en personne, je vous le demande par la douceur et la bonté de Christ…“ (II Co. 10.1).

L’épikie désigne :
  • tantôt la courtoisie : “Pour ne pas t’importuner, l’exposé sera bref…“, disait Tertullus, l’avocat adverse de Paul devant le juge Félix (Actes 24.4),
  • tantôt la bienveillance qui modère l’inflexible sévérité du courroux légitime,
  • tantôt cette équité qui corrige ce que la stricte application de la loi écrite pourrait avoir d’odieux ou d’injuste (d’après Platon ou Socrate).

En Dieu, elle est synonyme de miséricorde !

Notons aussi que cette qualité dans les rapports humains n’exclut pas l’humour et la malice d’esprit : “Que votre langage soit toujours aimable, assaisonné de sel, avec l’art de répondre à chacun comme il faut ! “ (Col 4.6).

Finalement, Clément d’Alexandrie (avec bien d’autres auteurs chrétiens) avait raison : “Les chrétiens, « christianoi », ceux qui ont cru au Christ (« christos ») sont bons (« chrèstoi ») et appelés tels (« chrèstianoi »)“.

Demandons à l’Esprit Saint de nous accorder cette bonté, cette qualité de l’amour de Dieu, notre Père, à notre égard, amour manifesté en tant de bonté par Jésus Christ. Alors, nous serons chrétiens.

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