lundi 25 mai 2009

Institution et liberté ! – Pâques 7 – Lundi – (Actes 15.26 sv.)

C’est un sujet difficile que me suggère la lecture : celui de l’Institution (Institution-Eglise) et de la liberté dans l’Esprit-Saint !

Il est certain que l’Esprit de Dieu est à l’origine de l’Institution ! Cela va de la structuration du peuple de Dieu dans l’A.T., jusqu’à l’unité du Peuple de la Nouvelle Alliance dans le Christ qui récapitule tout en lui !

Mais l’Esprit Saint qui a suscité et suscite l’Institution se réserve toujours la possibilité de la stimuler par des interventions imprévues qui viennent, parfois, de l’extérieur de l’Eglise. Aux apôtres qui s’étonnent qu’un étranger à leur groupe puisse chasser les démons, Jésus répond : “Qui n’est pas contre nous et avec nous !“ (Mc 9.18).

Le premier à en faire l’expérience, c’est St Pierre, le chef de l’Institution pourtant (Actes 10.24) : après son “songe gastronomique“ qu’il a eu à Joppé (Actes 10.9sv), il va chez le centurion Corneille. Là il prêche à des païens. Pendant qu’il prêche, l’Esprit Saint tombe sur Corneille et ceux de sa famille. Alors Pierre aura cette réflexion : “Peut-on refuser le baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ?“.

C’est ce qui est arrivé également à Paul tout au long de ses voyages missionnaires et à Ephèse tout particulièrement.

C’est une question toujours actuelle : Il y a l’“Institution“ avec tout son cadre plus ou moins rigide mais qui véhicule toute une richesse extraordinaire. Et, il y a toute une floraison de groupuscules ou d’individus (appelés ou non “charismatiques“) qui étonnent parfois par leur comportement, leur langage. Cependant, on est interloqué par ce qu’ils font. Ils semblent avoir, eux aussi, reçu l’Esprit pour faire ce que les gens de l’“Institution“ oublient parfois de faire : ils prient - en un langage incompréhensible parfois, mais ils prient ! -. Ils récupèrent ceux que l’on pense irrécupérables. … etc…

Face à cette constatation, notre réflexion peut se nourrir de St Paul au début de sa lettre aux Ephésiens (celle où l’apôtre se découvre le plus).

St Paul, là, est, lui aussi, comme enivré de l’Esprit Saint. Il est “en ex-tase“. L’unique phrase par laquelle il essaie d’exprimer sa pensée comporte une bonne dizaine de versets tant il peine à développer ce qu’il ressent :
  • Béni soit le Dieu et le Père de Notre Seigneur Jésus Christ…qui nous a prédestinés avant la création à être, tous (ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur), des fils adoptifs en Jésus Christ,
    • en qui nous avons la rédemption par son sang…,
  • … Béni soit Dieu qui ramène tout sous le Christ comme sous un seul chef,…
    • les êtres célestes et les êtres terrestres… ;
  • … Béni soit Dieu en qui nous (Juifs) avons, par avance, espéré dans le Christ…
  • … Béni soit Dieu en qui, vous (païens), avez cru pour être louange de sa gloire.
    • Que ce Dieu vous donne un Esprit de sagesse pour le connaître vraiment.
    • Qu’il ouvre votre cœur à sa lumière pour que vous sachiez
      • quelle espérance donne son appel,
      • quelle est le richesse de sa gloire,
      • quelle immense puissance il a déployée pour tous, les croyants…

“Que Dieu vous donne un Esprit pour connaître…“ !

Il faut que la Loi soit inscrite dans le cœur par l’Esprit-Saint qui seul fait comprendre les exigences de la Nouvelle Alliance. Insister sur les règlements de l’Institution avant d’être “enivré“ de l’Esprit Saint qui nous fait connaître l’extraordinaire dessein d’amour de Dieu, cela conduit à une impasse. St Thomas d’Aquin ose dire que la Loi nouvelle condamnerait plus que la loi ancienne si elle n’était pas inscrite dans le cœur par l’Esprit Saint. Il n’y a pas de reconnaissance sans connaissance. Et la connaissance se fait par l’Esprit Saint qui nous conduit vers la vérité tout entière ! Il n’y a pas de morale chrétienne sans connaissance ; et la connaissance (pas toujours intellectuelle) donnée par l’Esprit Saint provoque une reconnaissance, une action de grâce de toute notre vie, quasi liturgique, dit St Paul, à la gloire de Dieu, le Père !

C’est dans ce processus que Paul parle ensuite de morale … à propos du mariage : Ce sacrement est grand, dit-il. Et je le dis par rapport à cette grande histoire d’amour qui trouve son sens plénier dans les Noces du Christ et de l’Eglise que chante l’Evangile de St Jean, de Cana à la Croix.

Et Il peut encore dire : Priez en tout temps, dans l’Esprit. - “Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, tout ce que vous faites” (I Co 10.31), faites-le dans l’Esprit-Saint. Il a purifié nos cœurs pour que notre vie devienne, dans les spontanéités de notre liberté, une liturgie à la gloire du Dieu vivant. (Héb 9.14). (C’est le sens d’un “benedicite“, par ex avant le repas).

Sans l’Esprit-Saint, semble dire Paul aux “joannistes“ d’Ephèse qui ignoraient jusqu’à son existence, on ne peut être chrétien, on ne peut comprendre la nouveauté de la Nouvelle Alliance dont la Loi est écrite dans les cœurs par l’Esprit Saint. Sinon elle devient une loi que ni nos pères ni nous n’avons pu porter, dit St Pierre au Concile de Jérusalem (Actes 15.10).

Ne penser qu’aux règlements de l’Institution, sans cette ivresse de l’Esprit-Saint écrivant en nos cœurs, ce n’est pas possible, ce n’est pas chrétien… Tout le Nouveau Testament l’affirme !

Que cette Loi soit écrite en nos cœurs (Cf 2 Co 3.2) ; elle stimulera les spontanéités de notre liberté pour qu’on l’accomplisse en vue du plein épanouissement de ce que Dieu a mis en nous de meilleur quand il nous a créés à son image et à sa ressemblance…

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