mardi 5 mai 2009

Main de Dieu, Main d’homme ! - Pâques 4 - Mardi - (Jn 10.22-30)

Après la multiplication des pains, les apôtres demandent : “Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?“ Jésus répond : “L’œuvre de Dieu, c’est de croire en Celui qu’Il a envoyé !“. – Et aujourd’hui, Jésus nous donne une certitude merveilleuse : si nous acceptons de le suivre, de croire en lui, l’Envoyé de Dieu, personne ne nous arrachera de la main de Dieu ! Pas plus de la main du Fils (10.28) que de la main du Père (10.29).

La main de l’homme ! La main du Fils de l’homme ! La main de Dieu !

On peut dire en quelque sorte que la main est le propre de l’homme. Les mains de l’homme disent l’homme. Des mains du nouveau-né aux mains jointes du mourant, les mains traduisent ses possibilités et ses limites, sa force et sa faiblesse. La main qui peut s’ouvrir ou se fermer, prendre ou lâcher, retenir ou frapper est l’instrument le plus perfectionné du monde ! La main, elle écrit, peint, sculpte, assemble, exprime le plus beau de la pensée, de la science et de l'art, et par là même, la personnalité de chacun.
  • Pour bénir, pardonner ou guérir, on impose les mains.
  • Pour dire à l'être aimé qu'on se confie à lui, on lui accorde sa main.
  • On joint les mains pour prier. On les tend pour supplier, rendre grâce.
  • Elles battent pour dire notre joie, et on les joint après le dernier soupir.
  • …Une vie d’homme peut ainsi se juger par l'ouvrage de ses mains (Ps 90.17).

Cependant, il y a un étonnant paradoxe : d'une part, la main traduit ce qu'il y a de plus réel dans l'être humain ; et d'autre part, elle ne parvient pas à exprimer le plus intime de son cœur. D'un côté, elle traduit bien au dehors ; de l'autre, elle ne peut pleinement exprimer le dedans de l’homme.

Ce paradoxe nous aide à mieux comprendre ce que Jésus nous dit à propos des mains de Dieu. Si l'Ecriture affirme souvent qu'on ne peut enten-dre sa voix ni voir son visage, par contre, elle parle sans cesse de ses mains.
  • C'est par elles que tout fut créé. Le ciel est l'œuvre de ses mains. La terre ferme, ses mains l'ont façonnée, (Ps 102,26). Et de cette terre, Dieu, de ses mains, a façonné l'homme, comme l'argile dans la main du potier (Si 33.13).
  • C'est par sa main que Dieu sauve son peuple. Il l'a pris par la main pour le faire sortir d’Egypte (Jér 31,32). Il a étendu la main sur la mer libératrice (Is. 23,11). Il a conduit les siens par le désert, à main forte, à bras étendu (Dt 7,19).
  • Psalmistes et prophètes le répètent à l'envie: Puissante est ta main (Ps. 89,14). – Protège, Seigneur, cette vigne que ta main a plantée (80,16).
  • Non, la main du Seigneur n’est pas trop courte pour sauver ! (Is 50,2).
  • Et, par Isaïe, le Seigneur nous confirme : Vois, j’ai gravé ton nom sur les paumes de mes mains (Is 49,16).

Mais il faut bien le reconnaître :
  • la main de Dieu crée le monde, façonne l'homme, libère, protège, soutient nous révèle certes sa puissance et sa présence près de l’homme.
  • Mais la main de Dieu n'est ni son visage ni son cœur ; et le plus clair de son être, - sa gloire, sa beauté - nous reste encore inconnu. Quand passera ma gloire, dit le Seigneur à Moïse, sur la montagne, je te mettrai dans la fente du rocher et je t'abriterai de ma main, durant mon passage. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos. Mais ma face, on ne peut la voir! (Ex33,22-23).

Voilà le mystère des mains de Dieu tel qu’il nous est révélé: Dieu est, tout à la fois, présent et caché. Tout nous parle de lui et l'on ne peut le voir sans mourir ! (33,20).

La première vérité cependant est celle de la Présence active de Dieu en ce monde qu’il crée, conduit, aime. Et nos propres vies portent les traces d’une présence divine, d'une Providence, d’une grâce prévenante et actuelle, (comme dit la théologie). Nous en trouvons les marques dans l’histoire de l’humanité et dans notre propre histoire. Le Seigneur nous accompagne, nous conduit, nous soutient, nous attire à lui (Jn 6,44) - Il faut savoir discerner dans nos vies et dans le monde, les “traces” des mains de Dieu. Oui, nous sommes enveloppés d'une présence, soutenus par une grâce, portés par une force : ce sont les mains de Dieu qui crée, sauve, conduit, sanctifie : Les mains de Dieu !

Mais il faut aussi le reconnaître : si Dieu nous atteint par l’œuvre de ses mains, nous ne pouvons, encore, le voir, l'entendre, le toucher dans toute la réalité de son être. - A la différence du Christ, vrai Dieu né du vrai Dieu, lui qui est dans le sein du Père (Jn.1,18) , nous sommes, nous, issus de ses mains. Lui, il est engendré ; nous, nous sommes créés ! Parler dès lors des Mains de Dieu qui nous créent et nous conduisent, c'est affirmer, à côté de sa Présence, sa distance (Jn l4,3), qu’ici-bas nous avons, avec sa grâce, à réduire, franchir pour aller vers lui, en Lui ! (Jn 20.17).

Mais que notre marche vers Dieu soit courageuse et réconfortée puisqu’il nous est dit que rien ni personne ne pourront jamais nous arracher des mains de Dieu.
  • Si malin que soit le démon, il peut rôder sans cesse autour de nous (I P 5,8); il ne pourra jamais entrer en nous!
  • Si nous veillons à ne pas donner prise au diable (Ep 4,27), personne ne nous arrachera jamais de la main du Christ, de la main du Père (Jn 10.28-29).

Quelle merveilleuse promesse! Quelle paix pour nous en cette certitude! Quelle espérance pour notre vie! - Les collines peuvent tomber, les montagnes s'effondrer, nous dit Dieu par Isaïe, mon amour pour toi ne s'en ira pas, et mon alliance de paix avec toi ne sera pas ébranlée (Is 54,10).

Que dire après cela? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?... J’en ai l'assurance, ni mort, ni vie, ni présent, ni avenir, rien ni aucune créature... ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en J-C (Rm 8,31-39).

Il nous suffit de vouloir rester avec lui, de nous laisser conduire, enseigner, nourrir et éclairer par celui qui est notre berger, le Bon Berger (Jn 10,11 ). Mes brebis écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main. Le Père qui me les a données est plus grand que tout et nul ne peut rien arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes un (Jn 10,27-30).

Si nous tenons ensemble les mains de Dieu, de Dieu le Père et de Dieu le Fils, nous aussi, nous serons un. Dans l’unité bienheureuse de l’Esprit Saint qui est, comme le dit l’hymne de la Pentecôte, le “doigt de la Droite Paternelle” du Tout-Puissant (Veni Creator).

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