mercredi 20 mai 2009

Humilité et colère ! - Pâques 6 - Mercredi - (Jacq 1.19 sv)

“Mes frères, dit St Jacques, tout homme doit être prompts à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère !“.

Notre Dieu est un Dieu “lent à la colère et plein de fidélité !“ (Ex. 34.6). Pourtant, souvent il est écrit : “La colère du Seigneur s’enflamma !“.

Moïse, “l’homme, est-il dit, le plus doux que la terre ait porté“ (Nb 12.3), a eu des mouvements de colère mémorables (Ex. 32.19 ; Nb 16.15).

Jésus lui-même avait parfois “un regard plein de colère“ (Mc 3.5). Et il a chassé les vendeurs du temple en se fabriquant des fouets de corde (Jn 2.14sv), lui qui affirmait: “Je suis doux et humble de cœur !“ (Mth 11.29).

Qu’est-ce donc que la colère ? Qu’est-ce donc que l’humilité ? Jésus a bien affirmé : “Quiconque se met en colère contre son frère en répondra au tribunal“ (Mth 5.22). Aussi, St Paul conseille : “Etes-vous en colère ? Ne péchez pas !“ (Eph 4.26). Y-a-t-il donc une colère sans péché ?

St Thomas d’Aquin distingue la colère antécédente et la colère conséquente. La première, c’est l’emportement imprévisible, soudain, violent comme un orage. En ce cas, “mieux vaut reprendre que couver sa colère“ (Si 20.2). L’humeur tempétueuse n’est jamais bonne, jamais constructive, jamais bénéfique.

La “colère conséquente“ se manifeste en prenant certaines formes, en respectant certaines étapes que Jésus indique : “Si ton frère vient à pécher…“ va le trouver…, au besoin avec des témoins ou finalement, dis-le à l’Eglise ! S’il n’écoute pas, qu’il soit comme un païen, un publicain (Mth 18.15).

Il y a donc une hiérarchie à suivre.

C’est vrai : il y a parfois un moment où il faut intervenir avec force, avec cette “colère conséquente“, ce genre de colère qui fait, d’après les médecins, secréter de l’adrénaline, ce qui donne un surcroît de force pour faire ce qu’il faut faire , pour dire ce qu’il faut dire, pour des mises au point nécessaires, et parfois le plus tôt possible !

Alors, l’humilité? L’humilité ne consiste pas à toujours s’effacer ! La Bible est d’ailleurs une magnifique école de discernement dont on a besoin en notre époque qui pratique facilement l’amalgame (surtout les mass-médias).

Il faut savoir distinguer, discerner, par exemple, entre :
  • l’accusation et la correction fraternelle,
  • le gaspillage et la générosité,
  • l’économie et la pauvreté,
  • le repentir et la culpabilité, cet “univers morbide de la faute“ (Dr Reinhardt),
  • la résignation et la patience,
  • l’agressivité et la force,
  • l’obéissance et la flagornerie, la servilité,
  • la sincérité et la vérité,
  • le silence et le mutisme,
  • la providence et la fatalité,
  • l’habitude et la routine,
  • la foi et la crédulité,
  • l’émulation et la jalousie,
  • etc.

La Bible nous aide à ne pas nous laisser entraîner dans l’amalgame. Ainsi faut-il distinguer l’humilité et le complexe d’infériorité. Ce n’est pas la même chose. Il y a des gens qui s’effacent…, qui s’effacent… Alors, parfois, la rancune, le ressentiment s’accumulent et, tout d’un coup, il y a l’explosion d’un volcan. L’humilité véritable n’est pas une question de supérieur ou d’inférieur. L’humilité est correspondance le plus possible à la vérité. Et devant la vérité, il ne faut pas s’effacer systématiquement. Il faut parfois agir avec force, (“colère conséquente !“).

Cela peut aller loin et demander du courage. Dans sa Somme théolo-gique (traité de la charité), St Thomas d’Aquin se demande s’il faut pratiquer la correction fraternelle envers les supérieurs. Il conclut positivement. Naturellement il y a manière de faire (Dans la célère édition Léonine de la Somme, il est écrit dans la marge au crayon, m’a-t-on dit : “J’ai essayé ; ce n’est pas à faire !“. Celui-là avait du mal s’y prendre !).

L’humilité ne consiste pas à s’effacer, mais à chercher la vérité ! St Paul écrit à Timothée : “Ce n’est pas un esprit de crainte que Dieu nous a donné, mais un Esprit de force, d’amour, de maîtrise de soi !“ (2 Tim. 17.40).

En cet Esprit de force peut s’exprimer parfois par une “sainte colère“. Quand il y a des difficultés (sérieuses, j’entends), il faut savoir engager le débat, toujours avec grand respect et hardiesse ! Ce qui ne supprime pas la charité. Au contraire !

Aucun commentaire: