mardi 12 mai 2009

La “vraie Vigne…“ - Pâques 5 - Mercredi - (Jean 15.1-8)

L’amour du paysan palestinien pour sa vigne féconde est manifeste à travers tout l’Ancien Testament. Il se reflète tout particulièrement dans cette exclamation d’Isaïe : “Que je chante pour mon ami le chant du bien-amé et de sa vigne“. (Is.5.1).

Cette image était si expressive pour le Juif cultivateur que, souvent, elle avait été choisie pour traduire l’amour de Dieu envers son peuple : ce peuple qui, comme un plant vigoureux devait, selon le psalmiste, étendre ses sarments sur les montagnes, enlacer les cèdres géants et s’étirer jusqu’à la mer“ (Ps 80.11-12). Mais ce projet avait été trahi : “je t’avais planté comme une vigne portant du fruit ; comment t’es-tu changé en vigne inconnue, aux fruits infects ?“ (Jér. 2.21). Cependant, aux heures tragiques, quand Dieu, déçu par des vendanges de péché, éprouvera sa vigne, un chant d’espérance s’élèvera : “Reviens, Seigneur, visite cette vigne, celle que ta puissance a plantée !“ (Ps 80).

Oui, le Seigneur est revenu ; il a visité sa vigne au jour de l’Incarnation de son Fils, au jour de sa mort sur la croix ruisselante d’un “vin nouveau“, son sang “répandu pour la multitude“, au jour de sa résurrection qui transmet une vie nouvelle. “Celui qui boira à cette coupe nouvelle aura la vie pour toujours !“.

Alors, Jésus peut affirmer : “Je suis la Vigne, la véritable“ ; et il veut imprégner de sa sève nouvelle l’ensemble des sarments, l’humanité entière !

Aussi, à cette parole du Seigneur : “Sans moi, vous ne pouvez rien faire“, doit correspondre une forte proclamation de foi, à l’exemple de Pierre : “Oui, Seigneur, vraiment tu es le Fils de Dieu. Tu as les paroles de la vie éternelle ! A qui d’autre irions-nous ?“.

Jésus avait bien conscience de ne pas vivre sa mort et sa résurrection pour lui tout seul, mais pour le compte de l’humanité de toute l’humanité !

Alors, pour nous, que signifie la mort du Christ, pour nous que signifie sa résurrection ?

En reprenant les deux phases du mystère pascal de Jésus à notre propre compte, nous pouvons affirmer : c’est vrai, sans Jésus vivant, la mort ne signifie rien (“Sans moi, vous ne pouvez rien faire“). Sans le Christ ressuscité, la mort c’est du néant, c’est du rien, c’est l’échec, la destruction ; c’est de l’absurde !

Mais avec le Christ, même notre mort peut “signifier“ quelque chose, un passage nécessaire vers la “Vie de Dieu“. Avec le Christ, la maladie, les souffrances, les échecs, les épreuves qu’il faut savoir combattre de toutes nos forces, comme le Christ l’a fait au cours de sa vie terrestre, peuvent cependant avoir un sens. Et St Paul ose écrire : “Je considère tout comme déchets, afin de gagner le Christ. Il s’agit de le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la communion à ses souffrances ; il s’agit de lui devenir conforme dans sa mort, afin de parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts. (Phil. 3.9-10).

Non, l’homme n’est pas voué au néant, mais à la Vie. Chacun des actes que je fais pour lutter contre le mal, être solidaires de mes frères, chacun des actes familiaux, sociaux, professionnels… et tant d’autres que je pose, peut prendre dans le Christ une sorte de solidité et de certitude de succès.

Chacune de nos Eucharisties nous rappelle ce mystère pascal du Christ par lequel nous devons, nous aussi, passer afin de mieux manifester la Vie du Christ, sa résurrection, la Vie même de Dieu !

Je suis, dit Jésus, la vraie Vigne qui donne la vraie vie, celle même de Dieu qui est éternelle. Et vous, vous êtes les sarments en lesquels coule la sève de la vraie Vie !

Certes, il peut arriver que, sur le cep, pousse un sarment qui ne suit pas la loi du plant, qui se développe en bois en et en feuilles. Le vigneron appelle cela une “gourmand“ ; il le coup et le jette. Peut-il exister des hommes qui font profession d’évangile sans porter du fruit ? St Ignace d’Antioche recommandait déjà au 2ème siècle : “gardez-vous des excroissances nuisibles que Jésus Christ ne cultive pas !“.

Pour aujourd’hui, gardons en notre cœur cette autre paroles de Notre Seigneur : “Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit !“.

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