mardi 20 janvier 2009

Le CHABBAT ! - 2 T.O. Mardi imp. (Mc 2.23-28)

Quel est donc le sens du chabbat si critiqué, semble-t-il, au temps de Notre Seigneur et aujourd’hui encore, peut-être ?

Il faut d’abord relire le passage de l’Exode (31.12sv) : “Vous observerez mes chabbats, car c’est un signe entre vous et moi d’âge en âge pour qu’on reconnaisse que c’est moi le Seigneur qui vous sanctifie… Pendant six jours, on fera son ouvrage ; mais le septième jour, c’est le chabbat, le jour de repos consacré au Seigneur… pour en faire, d’âge en âge, une alliance éternelle… Il est le signe qu’en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre, mais que le septième jour, il a chômé et repris son souffle…“

Dieu a tout créé. Il a créé l’homme “à son image et ressemblance“. Il l’a donc associé et l’associe à son projet créateur. Oui, Dieu a un projet : il met l’humanité en marche vers une ville dont lui est “l’architecte et le fondateur“ (Heb. 11.10). Cette ville sera faite de “pierres précieuses“. Et il n’y a pas deux pierres précieuses semblables (Apoc. 21).

ais au lieu de rentrer dans le projet de Dieu avec enthousiasme, avec foi, confiance et amour, les hommes “s’amusent“, si je puis dire, à élaborer des contre-projets. Ils font des “brisques“ pour construire à leurs idées, une ville, une tour de Babel… : “Faisons des briques et construisons une ville…, une tour… Faisons-nous un nom !“. (Gen 11).

Que se passe-t-il alors immanquablement ? Au lieu de remonter vers son Créateur dans un élan harmonieux d’action de grâces, le monde, par la faute de l’homme qui est bien le roi de la création mais qui oublie d’en être le prêtre, qui oublie d’en faire hommage à Dieu, retombe alors dans le chaos, dans la multiplicité du chaos. Et l’homme lui-même ne comprend plus rien… Il était fait pour les épanouissements d’une fécondité extraordinaire grâce à son alliance avec son Créateur. Et le voilà qu’il tombe dans les esclavages de la production : “faire des briques“ et encore des “briques“. Et “faire des briques“, c’est élaborer son système à soi : on adore l’œuvre de ses mains.

Nous sommes faits pour un bon usage de la création dans l’action de grâces et aussi le partage. C’est la vocation de l’homme à la fois royale et sacerdotale. Il prend possession du monde et, par ses diverses activités, il l’élève vers Dieu son Créateur. A ce moment-là, il y a une harmonie qui s’établit : chaque homme peut trouver sa place. Sinon l’homme se précipite égoïstement sur les biens de consommation, sur les “briques“ qu’il a faites en dehors du projet de Dieu… Il en devient même esclave comme au temps de l’Egypte. Et c’est la division, la guerre.

Oui, l’action de grâce est la clef de l’harmonie universelle : “Tu béniras ton Dieu…“ ; tu feras la bénédiction (sens du mot eucharistie).

“Bénis le Seigneur, ô mon âme ! Seigneur, mon Dieu tu es si grand !“ (Ps 104)

L’homme est fait pour chanter, pour rebondir de tout son être dans un sentiment de reconnaissance. De par sa condition initiale, il est un “être royal et sacerdotal“ : il prend possession du monde (il en est le roi) et il doit rebondir dans l’action de grâce (il en est le prêtre). Il “fait hommage à Dieu“ de toute la Création.


“Toute ma vie, je chanterai le Seigneur ;
le reste de mes jours, je jouerai pour mon Dieu.
Que mon poème lui soit agréable.
Et que le Seigneur fasse ma joie“ (Ps 104. 33-35).

Pour un Juif (mot dont la racine veut dire “merci“, en quelque sorte), user des biens de la création en oubliant d’en “rendre grâce“, c’est un vol. Aussi toute la vie juive est rythmée par des bénédictions. Depuis le Concile Vatican II, l’Eglise a repris la formule juive de la bénédiction du pain et du vin au début de l’Eucharistie : “Béni sois-tu, Roi de l’Univers, qui fais sortir le pain de la terre. Béni sois-tu, Roi de l’Univers, qui donne le fruit de la vigne“. Jésus institue l’Eucharistie dans le cadre du repas d’action de grâce.

Nous sommes faits pour “rebondir“ de tout notre être dans l’action de grâce, en écho à la Parole de Dieu qui est faite pour descendre jusque dans nos entrailles… (Cf Ez. 3.1 sv).

“Par lui, avec lui et en lui, dans l’Esprit Saint, tout honneur et toute gloire au Père“. Voilà le sens du chabbat. Et pour nous, le Dimanche ? Jour du Seigneur ?

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