samedi 10 janvier 2009

“Il est venu par l’eau et par le sang “ ! - (I Jn 5.5.13)

Pas seulement l’eau, mais l’eau et le sang !“.

Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit !“.

Que veut donc dire St Jean par ces paroles quelque peu énigmatiques ?

Sans doute veut-il résumer, là, à la fin de sa lettre, à la fin de sa vie toute sa prédication fondée sur deux événements majeurs de la vie du Christ, l’un au début de sa vie publique et l’autre à la fin, deux événements qui le révèlent « Fils de Dieu fait homme »
  • « Il est venu par l’eau » : il s’agit du baptême de Notre Seigneur dans le Jourdain. Jésus se manifeste là comme « Fils de Dieu » et « Fils d’homme ». Et c’est l’Esprit de Dieu qui en témoigne : « J’ai vu l’Esprit de Dieu descendre du ciel et demeurer sur lui », dira Jean-Baptiste.
  • « Il est venu par le sang ». Il s’agit de la mort et de la résurrection du Christ « issu selon la chair de la lignée de David, dira St Paul, et établi, selon l’Esprit Saint, Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts » (Rm 1.4).

« Il est venu par l’eau ». – Au baptême par Jean-Baptiste, Matthieu, Marc et Luc soulignent que l’Esprit-Saint descend sur Jésus et qu’une voix se fait entendre déclarant sa divinité : « Tu es mon Fils bien-aimé », le Fils de Dieu (Mc 1.11).

Or, au temps de Jean, l’accent étant mis sur la divinité du Christ, certains courants de pensée minimisaient beaucoup la réalité de l’humanité du Christ. Aussi l’apôtre ajoute : « pas seulement l’eau, mais le sang ». - Il reprenait certainement là un approfondissement de la réflexion de Jean-Baptiste (dont il avait d’abord été le disciple) qu’il est le seul à avoir transmis : « Voici l’Agneau de Dieu ! », avait déclaré le Précurseur. Or, en hébreu comme en araméen, le même mot peut se traduire autant par « agneau » que par « serviteur ». Et l’idée de « serviteur » évoque immédiatement l’image du « Serviteur souffrant » décrit par Isaïe (ch. 52-53), ce « Serviteur » qui assume les péchés de la multitude et qui, innocent, s’offre comme un « agneau » que l’on mène à l’abattoir. Et l’« agneau », c’est aussi cet agneau que l’on avait immolé dans chaque famille en la nuit qui précédait le « passage » (pâques) du Peuple hébreu de la « servitude » d’Egypte au « service » du Seigneur.

Par ce langage, St Jean, à la suite de Jean-Baptiste, souligne bien que si Jésus est bien « Fils de Dieu » - ce que la « voix » a manifesté lors de son baptême dans le Jourdain -, il est bien aussi pleinement homme, « Serviteur souffrant » qui, par son sacrifice humain, fait entrer dans la gloire de Dieu : « non seulement l’eau, mais l’eau et le sang ».

Pour donner une explication de ce langage, on peut reprendre une autre image bien familière à la pensée juive : Au moment de son baptême, Jésus, Fils de Dieu, est bien descendu dans le Jourdain (dont le mot signifie : descendre), il est en quelque sorte descendu jusqu’au point le plus bas du parcours de ce fleuve, jusqu’à la mer morte (lieu de Sodome et Gomorrhe, lieu symbolique du péché du monde)… Il est descendu jusqu’à la bassesse de notre humanité pécheresse.

Et par la force divine, par la force de ce baptême qu’il va « transformé », il est remonté… « Lui qui est de condition divine…, il s’est dépouillé prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes…, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix. – C’est pourquoi Dieu l’a élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus… toute langue confesse que le Seigneur, c’est Jésus-Christ, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2. 6sv)…il est remonté du Jourdain portant le péché du monde. Il est remonté vers Jérusalem (ce lieu que Dieu avait choisi « pour y faire résider son Nom »), il est remonté vers le temple : « Détruisez ce temple et je le rebâtirai en trois jours ». – Par cette descente et cette remontée, par ce baptême dont l’Esprit Saint témoigne, il a enlevé le péché du monde pour que nous puissions entrer en un nouveau Temple qui est son propre Corps ressuscité et glorieux.

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