mardi 6 janvier 2009

Aimer de charité ! Puisque DIEU est AMOUR ! - (I Jn 4.7-10)

“Dieu est Amour !“

Lorsque l’hébreu a été traduit en grec, pour transcrire le concept « aimer », on n’a pas choisi le mot “eros“ (amour banal, désir…), mais un mot neutre, plat : « agapè » souvent employé pour marquer une différence (Je préfère les pommes aux poires). Cette recherche d’un mot juste souligne en même temps la difficulté de parler de l’Amour de Dieu et de ne pas en parler n’importe comment.

Quand on est passé au latin, on a préféré le mot « caritas », ce mot qui habituellement indiquait l’attachement à une chose d’autant qu’elle était chère, qu’elle avait du prix !

Le français a décalqué : charité. Le drame en notre langue, c’est que le mot « charité » s’est très vite chargé de connotations liées aux pratiques de l’aumône (« faire la charité »), si bien qu’il est presque devenu inutilisable. - Quant au mot « amour », il est tellement mis à toutes les sauces des divers comportements amoureux de l’homme qu’il devient indigne de Dieu !

Alors comment parler de l’Amour de Dieu ? C’est une réelle difficulté !

Il n’empêche : Dieu aime ! Cette affirmation apparaît déjà dans l’A.T. avec un vocabulaire qui exprime souvent la passion : « brûlé d’amour », « être enflammé », « soupirer », « languir »…, langage que l’on trouve surtout chez Osée : Dieu aime tellement sa prostituée (Israël avec ses idoles) qu’il finira par en faire une vierge ! Jérémie a parlé, lui, des fiançailles d’Israël avec Dieu, au désert. Le Deutéronome enjoindra de répondre à l’amour de Dieu par de l’amour. Et Isaïe s’attardera à la comparaison conjugale… Et il y a, bien sûr, tout le Cantique des cantiques…

Cependant, personne n’avait dit brutalement comme St Jean : « Dieu est Amour ! ». Autrement dit, Dieu ne pose pas de temps à autre des actes d’amour… Non, Dieu est un Acte permanent d’Amour. Et tout ce que Dieu fait, toutes ses manifestations, tout ce qui vient de Dieu doit être rattaché à cet Amour permanent de Dieu :
  • la création, bien sûr, est une œuvre permanente de l’Amour de Dieu.
  • l’Incarnation - manifestation suprême de Dieu -, Rédemption…, etc…
  • et même ce que l’on appelle le “jugement dernier“ est et sera une œuvre permanente de l’Amour de Dieu.

Et l’enfer ? L’enfer - parlons-en -, « c’est Dieu qui dit à l’homme : « que ta volonté soit faite » (Maurice Blondel) ». Dieu dira toujours : je ne peux pas t’obliger à m’aimer, puisque l’amour est un acte libre. Mais toi, tu ne peux pas m’interdire de t’aimer, que tu en souffres ou non ; tu ne peux pas m’empêcher d’être ce que je suis : Amour. Finalement la souffrance du damné (s’il y en a) vient profondément de ce que l’amour de Dieu le brûle. Le Saint, lui, est consumé dans l’amour de Dieu qui l’élève « à son image et ressemblance » ; de même, le damné, en quelque sorte, même s’il refuse l’amour de Dieu, doit supporter que Dieu l’aime : c’est sa brûlure ! Car Dieu est Dieu. Et Dieu est Amour.

On ne peut donc pas échapper à l’amour de Dieu. Dieu est ; et il est en acte permanent d’amour ! Et l’Eglise affirme - c’est d’une logique implacable - : si nous pouvons répondre « oui » à l’amour de Dieu, c’est que nous pouvons également dire « non ». Et inversement. Aussi l’Eglise affirme-t-elle logiquement que la « damnation » (l’enfer) est possible. Elle n’a jamais dit pour autant qu’un seul était damné. C’est le secret de Dieu.

Et St Paul a raison de conclure sur ce sujet : « Dieu nous a tous enfermés dans la désobéissance afin de faire miséricorde à tous » (Rm. 11.32 - cf Rm 3.19 sv ; Gal. 3.22). Autrement dit, que nous soyons Juifs, Grecs, païens… noirs ou blancs…, puissants ou manants… etc…, nous sommes tous sous la miséricorde aimante de Dieu !

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