4 Pâques
– Mardi - Les
mains de Dieu !
Après la multiplication des pains, les
apôtres demandent : “Que faut-il faire pour travailler aux œuvres de Dieu ?“ Jésus répond : “L’œuvre de Dieu, c’est de croire en Celui
qu’Il a envoyé !“.
Et aujourd’hui, Jésus nous donne une
merveilleuse certitude : si nous acceptons de le suivre, de croire en lui,
l’Envoyé de Dieu, personne ne nous arrachera de la main de Dieu !
Pas plus de la main du Fils (10.28) que de la main du Père (10.29).
La main de l’homme ! La main du Fils
de l’homme ! La main de Dieu !
On peut dire en quelque sorte que la main
est le propre de l’homme. Les mains de l’homme disent l’homme. Des mains
du nouveau-né aux mains jointes du mourant, les mains traduisent ses
possibilités et ses limites, sa force et sa faiblesse. La main qui peut
s’ouvrir ou se fermer, prendre ou lâcher, retenir ou frapper est l’instrument
le plus perfectionné du monde ! La main, elle écrit, peint, sculpte,
assemble, exprime le plus beau de la pensée, de la science et de l'art, et par
là même, la personnalité de chacun.
Pour bénir,
pardonner ou guérir, on impose les mains.
Pour dire à l'être
aimé qu'on se confie à lui, on lui accorde sa main.
On joint les mains
pour prier. On les tend pour supplier, rendre grâce.
Elles battent pour
dire notre joie, et on les joint après le dernier soupir.
… Une vie d’homme
peut ainsi se juger par "l'ouvrage
de ses mains" (Ps
90.17).!
Cependant, il y
a un étonnant paradoxe :
D'une part, la main
traduit ce qu'il y a de plus réel dans l'être humain ; et d'autre part, elle ne
parvient pas à exprimer le plus intime de son cœur.
D'un côté, elle
traduit bien au dehors ; de l'autre, elle ne peut pleinement exprimer le dedans
de l’homme.
Ce paradoxe peut
nous aider à mieux comprendre ce que Jésus nous dit à propos des mains de Dieu.
Si l'Ecriture
affirme souvent qu'on ne peut entendre sa voix ni voir son visage, par contre,
elle parle sans cesse de ses mains.
- C'est par elles
que tout fut créé. "Le ciel
est l'œuvre de ses mains. La terre ferme, ses mains l'ont façonnée", (Ps 102,26). Et de cette terre,
Dieu, de ses mains, a façonné l'homme, "comme
l'argile dans la main du potier" (Si 33.13).
- C'est par sa main que Dieu sauve son peuple. Il
l'a pris par la main pour le faire sortir d’Egypte (Jér
31,32). Il a étendu la main sur la mer
libératrice (Is.
23,11). Il a conduit les
siens par le désert, "à main forte,
à bras étendu" (Dt
7,19).
- Psalmistes et prophètes le répètent à l'envie : "Puissante est ta main" (Ps. 89,14). - "Protège, Seigneur, cette vigne que ta main a
plantée" (80,16). - "Non, la main du Seigneur n’est pas trop
courte pour sauver !" (Is 50,2).
- Et, par Isaïe, le Seigneur nous confirme : "Vois, j’ai gravé ton nom sur les
paumes de mes mains" (Is 49,16).
Mais il faut bien
le reconnaître :
- la main de Dieu crée le monde, façonne
l'homme, libère, protège, soutient nous "révèle"
certes sa puissance et sa présence près de l’homme.
- Mais la main de Dieu n'est ni son visage
ni son cœur ; et le plus clair de son être, - sa gloire, sa beauté - nous reste
encore inconnu. "Quand passera ma
gloire, dit le Seigneur à Moïse, sur la montagne, je te mettrai dans la fente du rocher et je t'abriterai de ma main,
durant mon passage. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos. Mais ma
face, on ne peut la voir !" (Ex33,22-23).
Voilà le mystère des "mains de Dieu" tel qu’il nous est révélé : Dieu est,
tout à la fois, présent et caché. Tout nous "parle"
de lui et "l'on ne peut le voir
sans mourir !" (33,20).
La première vérité cependant est celle de
la Présence active de Dieu en ce monde qu’il
crée, conduit, aime. Et nos propres vies portent les traces d’une présence
divine, d'une Providence, d’une "grâce
prévenante et actuelle", (comme dit la théologie). Nous en trouvons
les marques dans l’histoire de l’humanité et
dans
notre
propre
histoire.
Le Seigneur
nous
accompagne,
nous
conduit, nous soutient, nous "attire
à lui" (Jn
6,44)
Il faut savoir discerner dans nos vies et
dans le monde, les “traces” des "mains
de Dieu". Oui, nous sommes enveloppés d'une présence,
soutenus par une grâce, portés par une force : ce sont les mains de Dieu qui crée,
sauve, conduit, sanctifie
: Les
mains de Dieu
!
Mais il faut aussi le reconnaître : si
Dieu nous atteint par "l’œuvre de
ses mains", nous ne pouvons, encore, le voir, l'entendre, le toucher
dans toute la réalité de son être. - A la différence du Christ, "vrai Dieu né du vrai Dieu, lui qui est
dans le sein du Père" (Jn.1,18), nous sommes, nous, issus de ses mains.
Lui, il est engendré ; nous, nous sommes créés ! Parler dès lors des Mains de Dieu qui nous créent et nous
conduisent, c'est affirmer, à côté de sa Présence, sa distance (Jn l4,3), qu’ici-bas nous avons, avec sa grâce, à réduire,
franchir "pour aller vers lui, en
Lui !" (Jn 20.17).
Mais que notre marche vers Dieu soit
courageuse et réconfortée puisqu’il nous est dit que rien ni personne ne
pourront jamais nous arracher des mains de Dieu.
- Si malin que soit
le démon, il peut "rôder sans cesse
autour de nous" (I
P 5,8) ; il ne pourra jamais entrer en nous !
- Si nous veillons "à ne pas donner prise au diable" (Ep 4,27), personne ne nous arrachera jamais de la
main du Christ, de la main du Père (Jn 10.28-29).
Quelle merveilleuse
promesse ! Quelle paix pour nous en cette certitude ! Quelle espérance pour
notre vie ! - "Les collines peuvent
tomber, les montagnes s'effondrer, nous dit Dieu par Isaïe, mon amour pour toi ne s'en ira pas, et mon
alliance de paix avec toi ne sera pas ébranlée" (Is 54,10).
- "Que dire
après cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?... J’en ai
l'assurance, ni mort, ni vie, ni présent, ni avenir, rien ni aucune créature...
ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus- Christ" (Rm 8,31-39).
Il nous suffit de
vouloir rester avec lui, de nous laisser conduire, enseigner, nourrir et
éclairer par celui qui est notre berger, le
"Bon Berger" (Jn 10,11 ). "Mes brebis
écoutent ma voix, je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie
éternelle ; elles ne périront jamais et nul ne les arrachera de ma main. Le
Père qui me les a données est plus grand que tout et nul ne peut rien arracher
de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes un" (Jn 10,27-30).
Si nous tenons
ensemble les mains de Dieu, de Dieu le Père et de Dieu le Fils, nous aussi, nous
serons un. Dans l’unité bienheureuse de l’Esprit Saint qui est, comme le dit
l’hymne de la Pentecôte, le “doigt de la
Droite Paternelle” du Tout-Puissant (Veni Creator).
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