Pâques
4 Vendredi - (Ac. 13, 26sv)
A tout
le discours de Paul en la Synagogue d’Antioche de Pisidie, on peut appliquer ce
que St Luc dit de la rencontre de Jésus avec les disciples d’Emmaüs : “en commençant par Moïse et tous les prophètes,
il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait“ (Lc 24.27).
C'est
bien en ce sens que Paul affirme : “la promesse faite à nos pères, Dieu l’a accomplie en notre faveur, à nous,
leurs enfants : il a ressuscité Jésus !“.
"La promesse faite à nos pères !“. L’apôtre, dans son discours proclame ce qui lui tiendra toujours le
plus à cœur : “Si le Christ n’est
pas ressuscité, notre prédication est vide, et vide aussi votre foi“,
dira-t-il au Corinthiens (I Co 15.14). Et cette
résurrection du Christ est l’accomplissement des expériences de résurrections
faites tout au long de l’histoire par le peuple élu. Dieu - le Dieu Unique - “est
pour nous, résume le psaume 68ème (v/21), le Dieu des victoires ; et
les portes de la mort sont à Dieu le Seigneur !“.
Ce
peuple
- qui avait reçue les promesses faites à Abraham :
“ta descendance sera aussi nombreuses que
les grains de sables sur le rivage de la mer“,
- qui avait reçu les promesses faites à David : “ta maison et ta royauté seront à jamais
stables, ton trône à jamais affermi“,
- qui avait pourtant été affronté à ces grosses
bêtes apocalyptiques qu’étaient les empires assyrien, babylonien, mède, perse,
grec, romain, etc…
avait, à chaque fois, fait l’expérience d’un “Dieu des victoires“ qui mène “par delà la mort !“, d’un Dieu qui “a les issues de la mort“.
On peut se souvenir d’un exemple. Au début du 8ème
siècle, l’Assyrie, après s’être emparé de tous les Royaumes avoisinants, arrive
près de Jérusalem. La ville est vouée à l’anéantissement. On consulte le
prophète Isaïe, homme enraciné en Dieu qui, calmement, invite à mettre sa
confiance en ce “Dieu qui a les issues de
la mort“. Et c’est la délivrance miraculeuse, inexplicable, une délivrance
semblable à la délivrance de l’esclavage d’Egypte. Et il y a toute une série de
psaumes (Ex. 48ème) qui célèbrent cette résurrection, qui célèbrent ce “Dieu qui nous conduit par-delà la mort“.
Certes, il y eut, à la fin du 6ème
siècle, la déportation à Babylone. Cependant quarante après, alors qu’il n’était
plus que “ossements desséchés“ (vision d’Ezéchiel), le peuple va, contre
toute espérance, connaître une véritable résurrection d’entre les morts. Et il
revient à Jérusalem…
De plus, c’est un faux problème que de se demander
quand est-ce que la certitude de la Résurrection d’entre les morts est apparue du
plan collectif au plan personnel. Parce qu’un Juif pense de façon
indissociable l’histoire de son peuple et son histoire personnelle. Aussi, Job
s’écriera : “Je sais bien, moi,
que mon rédempteur est vivant ; il surgira de la poussière. Et après
qu’on aura détruit cette peau qui est mienne, c’est bien dans ma chair que je verrai
Dieu. C’est moi qui le contemplerai, oui, moi ! Mon cœur en brûle au
fond de moi !“
(19.25). Et le psalmiste
de s’écrier : “Non, je ne mourrai pas ; je vivrai et je chanterai les œuvres de
Dieu !“ (118.17).
Et
l’une des prières juives que récitait Jésus comportait cette formule : “Béni soit le Seigneur, roi du monde, qui
ressuscite les morts !“.
Cette
résurrection d’entre les morts, ce n’était pas une idée, une spéculation pour
les Juifs, même si, au temps de Notre Seigneur, certains n'y adhéraient pas
totalement (les
Sadducéens).
C’était déjà une certitude de foi née dans le réalisme de l’histoire, de par
l’expérience que le peuple avait faite d’un “Dieu
qui a les issues de la mort !“.
Aussi,
la résurrection du Christ ne fait que confirmer cette foi ; elle est
l’accomplissement des promesses de vie… faites aux patriarches et prophètes
tout au long de l'histoire.
St
Paul ne fera que reprendre cet argument, lors de son procès à Césarée, devant
le procurateur Festus qui, est-il dit, doit se prononcer au sujet d’un “Jésus, qui est mort, et que Paul affirme
être en vie“. (Ac.
25:19). Et
Paul d'affirmer au roi Agrippa, l'invité de Festus : "Toi qui es juif, tu
devrais comprendre cela !". Et l'apôtre devait être si convainquant que le
roi lui dit : "Encore un peu et tu
vas me persuader que tu as fait un chrétien !" (Ac. 26.28).
Toute la question
est là ! Savoir si Jésus, oui ou non, est ressuscité !
Jésus
ressuscité ! Paul affirme que les disciples de Jésus en furent les
témoins. Lui-même, Paul se dit témoin du
Christ vivant !
Et
nous-mêmes ? En sommes-nous véritablement témoins. Non seulement par nos
paroles éventuellement, mais surtout par toute notre vie ? C’est la question
essentielle !
- Notre foi ne sera jamais d’ordre
théologique, même si le raisonnement, en ce domaine, est utile, nécessaire - la
foi cherchant toujours mieux à comprendre - “Fides
quaerens intellectum“, disait St Anselme-.
Mais il faut savoir qu’en ce domaine, les
preuves (de
la raison raisonnante)
fatiguent parfois la vérité (si transcendante !). Un apologiste disait avec
humour : “A chaque fois que je gagne
un argument, je perds un fidèle !“
- Notre foi ne sera jamais d’ordre moral,
alors même que Jésus nous dit : “Soyez
parfaits comme votre Père céleste est parfait“ (Mth 5.48). Mais la
perfection morale est trop souvent à l’exemple des Religieuses de Port-Royal, “pures comme des anges, mais orgueilleuses
comme des démons“ !
On ne le dira jamais assez : notre foi
est, doit être le témoignage d’une expérience,
l’expérience d’une rencontre avec le
Ressuscité qui nous donne sa vie, sa vie divine, dès ici-bas, de sorte que
Dieu peut nous dire à nous aussi : “Tu
es mon fils ; moi-même, aujourd’hui, je t’ai engendré !“ (Ps 2). C’est comme une
transfusion de la vie du Ressuscité en notre vie : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi !“ (Gal 2.20).
Et dans la mesure où nous ferons cette
expérience du Ressuscité, nous comprendrons de plus en plus la réflexion de
Jésus, pleine de tendresse : “Ne
soyez donc pas bouleversés. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi… Car je
pars vous préparer une place. Et quand je serai parti vous la préparer, je
reviendrai vous prendre avec moi. Et là où je suis, vous serez, vous
aussi !“.
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