mercredi 1 mai 2013

Silence de Joseph !


Saint Joseph   -  1er Mai  


Pris par plusieurs occupations, je n'ai pas eu le temps de préparer une homélie à proprement parler !
Pourtant, il nous faut bien échanger un mot d'admiration et de joie en cette grande fête de St Joseph, lui qui, par son silence, est le grand modèle du contemplatif, du priant... !  Le silence de Joseph !

Remarquons que Marie, elle aussi, est une âme de silence, parce que "adorante" devant le Fils de Dieu devenu, par elle, fils d'homme ! A part son "Magnificat", les évangiles ne nous transmettent d'elle que quelques paroles. Et il est bon de souligner en ce temps pascal qu'au moment de la résurrection de Jésus - événement pourtant si extraordinaire et capital -, l’évangile ne dit rien de la Vierge Marie ! Elle est en silence ! Non pas, certes, étrangère à ce mystère, mais en silence ! Silence de communion, d'adoration.
C’est que Dieu enseigne souvent par des paroles, mais aussi par des silences.
C’est à l’intelligence que la parole s’adresse ;
c’est à l’âme que Dieu veut communiquer son Amour.
Et l'amour, lui, peut se nourrir de silences qui parfois disent beaucoup plus que la parole. Oui, l’amour réclame souvent le silence.
Le silence de Marie est un silence d’amour !
Le silence de Joseph est un silence d'amour !
Le silence de Marie et de Joseph les unit fortement devant le mystère d'un Dieu qui naît à Noël dans un silence d'amour pour tous les hommes !

C'est dans le silence que l'on peut véritablement écouter et donc accueillir !
L’homme de notre temps est constamment assailli par d’innombrables impressions optiques et acoustiques extrêmement excitantes, et cela à un degré tel qu’il n’est plus capable de voir juste ni de bien entendre. Tellement habitué au bruit, il le recherche lui-même par divers moyens et instruments sonores : paroles, musiques… le sollicitent sans arrêt ; il ne sait plus ou tendre l’oreille.
A l’homme ainsi débordé s’applique fort bien la parole d’Isaïe : “Tu as vu beaucoup de choses, sans y faire attention ; ayant les oreilles ouvertes, tu n’as rien entendu“ (Is.42.20).

Le prologue de la règle de St Benoît, avec grande sagesse, commence par cette monition : “Osculta, o fili… Ecoute, ô mon fils, les préceptes de ton Maitre et tends l’oreille de ton cœur“.

Toute faute commence par un manque d’écoute. Ce fut le premier péché : “Le Seigneur appela l’homme et lui dit : « Où es-tu ? ». Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin… et je me suis caché… »“. (Gen 2.9). Et, dans la Bible, le contraire de “prêter l’oreille“, c’est d’“avoir la nuque raide“. On se raidit pour ne pas entendre !  C'est bien connu !

A la base de toute relation avec Dieu, il y a la volonté de l'écouter, d'écouter sa Parole, d’aller chez Lui “en audience“ !
- Pour le peuple de l’Ancienne Alliance (et pour nous aussi), la toute première des exigences divines, celle qui contient toutes les autres, est énoncée par le célèbre “Shema“, “Ecoute“, qui est en même temps la confession de foi et la prière préférée du Judaïsme : “Ecoute Israël ! Le Seigneur, notre Dieu, est le seul Seigneur !“ (Dt 6.4).
- Pour les chrétiens, c’est le jour de la Transfiguration que le Père, de façon solennelle, leur a intimé leur devoir essentiel à l’égard de son Fils incarné : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis ma complaisance ; écoutez-le !". (Mth 17.5 ; Mc 9.7 ; Lc 9.35 ; cf. Dt 18.15)
- De même, il est bien significatif que le Christ, notre unique Maître (Mth 23.8), ait inauguré son ministère public par la parabole du semeur, introduite, d’après St Marc, par cet appel préalable : “Ecoutez !“ (Mc 4.3) et conclue, chez les trois Synoptiques, par ces mots : “Entende, qui a des oreilles pour entendre !“. Aussi, nous dit St Luc : “Faites donc attention à la manière dont vous entendez !“ (Lc 8.18).
              
Le salut s’obtient donc par la foi ! Et la foi ne naît ni de la réflexion, ni de la discussion, encore moins de la contestation ; elle “vient de la Parole entendue“ : “La foi naît de la prédication et la prédication se fait par la parole du Christ“ (Rom. 10.17).

Souvent, on a du mal à faire silence. St Dominique souhaitait que l'on observe le silence en amoureux de la beauté spirituelle, et non comme des esclaves sous la Loi.
Il faut faire l'expérience du silence. Faire l'expérience que Dieu peut se révéler dans un léger souffle comme pour Elie : "dans l'éclatement d'un silence". Cette expérience du silence peut être plus efficace que tous les rappels à l'ordre. Il faut avoir le goût du silence sans lequel il n'y a pas de méditation de la Parole de Dieu. On se tient en silence et alors, on entend : "Que fais-tu ici ?" comme il fut dit au prophète : "Que fais-tu ici, Elie ?" (I Rois 19.9). Chacun est ainsi interpellé par son nom et on reste en silence devant cette interpellation. Chacun retrouvant son rapport vertical avec Dieu, les relations au plan horizontal, les "partages" ne peuvent que s'améliorer.

"Les âmes de prière, disait Mère Térésa, sont des âmes de profond silence… Il faut nous habituer au silence de l'esprit, des yeux et de la langue. Impossible de trouver Dieu dans le bruit et l'agitation. Regardez les arbres, les fleurs, l'herbe, toute la nature, ils ne croissent que dans un profond silence… Toutes nos paroles deviennent inutiles si elles ne viennent pas du fond du cœur. Les paroles qui ne donnent pas la lumière du Christ augmentent l'obscurité".

Aussi, en ce jour, on peut formuler à St Joseph cette belle prière que Marthe Robin adressait à Notre Dame :
O Saint Joseph,
"donne-moi, donne à tous de comprendre la grande valeur du silence dans lequel on entend Dieu.
Apprends-moi à me taire pour écouter la Sagesse éternelle.
Apprends-moi à tirer du silence tout ce qu'il renferme de grand, de surnaturel, de divin.
Aide-moi à en faire une prière parfaite, une prière toute de foi, de confiance et d'amour, une prière vibrante, agissante, féconde, capable de glorifier Dieu et de sauver des âmes !" 

Aucun commentaire: