samedi 11 mai 2013

Croyant - non pratiquent !


7e Dimanche de Pâques. 13/C - (Jn 17.20 sv)

“Oh! vous savez, nous, nous sommes croyants mais pas pratiquants !".

Souvent, nous entendons cette réflexion... Et pour cause ! Car parler de “croyants non-pratiquants”, mais c'est sans doute parler d’une épouse ou d’un mari, d’un frère ou d’une sœur, c'est parler des enfants ou de bien des amis. Ils sont “croyants, mais non-pratiquants”

Et, bien sûr, les prêtres entendent souvent cette aveu : “Nous sommes croyants mais pas pratiquants !” 
- au moment où des jeunes préparent leur mariage, avec beaucoup de sérieux, d'ailleurs…, comme “croyants, mais non-pratiquants”, 
- à l’occasion d’une sépulture, 
- au moment où des parents inscrivent leur enfant au catéchisme. 

Tous sont “croyants, mais non-pratiquants”. 
D'ailleurs, on le dit parfois avec le sentiment d’une négligence : “Vous savez : nous sommes si mal organisés”. Beaucoup plus souvent, on le dit avec cette certitude tranquille : on est croyant ; et c'est bien suffisant, c'est l'essentiel. Pourquoi pratiquer ? Est-ce si important que cela d'aller à la messe le dimanche ? Ne vaut-il pas mieux vivre en chrétien toute la semaine ? D'ailleurs, les "pratiquants" ne sont pas meilleurs que les autres... Et l'on fait allusion plus ou moins fortement aux affaires d'argent, de pédophilie et que sais-je encore, comme si tous les "pratiquants" - ou à peu près - avaient une conscience beaucoup plus lourde que les honnêtes non-pratiquants. 

C'est là que les choses s'embrouillent ! Après tout, qui a raison ? Et comment y voir clair ? 

Mais avant de faire appel à l'Evangile, il est peut-être utile de se mettre d'accord sur les mots "croyant"... "pratiquant"… Que mettons-nous sous ces mots-là ? 

Il m’arrive de penser (et même, plus rarement, de le dire) : “Croyants non-pratiquants ? En êtes-vous sûrs ? Vous êtes beaucoup plus pratiquants que vous ne le dites, mais vous êtes probablement moins croyants que vous ne le pensez !” 

+ Vous êtes plus pratiquants que vous ne le dites 
Sans doute, vous ne "pratiquez" pas la messe dominicale, mais vous pratiquez des valeurs importantes : 
° vous êtes fidèles dans votre couple, fidèles à vos amis, résolus dans vos engagements, 
° vous pratiquez la tolérance, l’ouverture d’esprit, la justice, le partage, et que sais-je encore. 
° votre dévouement vous engage à bien des "pratiques" fort honorables, voire chrétiennes ! 
° Finalement, vous êtes plus pratiquants que vous ne le dites ! 

+ Mais vous êtes probablement moins croyants que vous ne le pensez : 
Vous ne croyez pas assez ! 
° vous ne croyez pas assez que Jésus est quelqu'un de vivant aujourd'hui, présent au milieu de nous. Oh, certes, il vous arrive de parler de lui, avec un peu de nostalgie comme d'un cher disparu ! Mais jamais vous ne lui parlez. Or, justement, les chrétiens se rassemblent pour cela. 
° vous ne croyez pas assez que l’évangile lu, proclamé, commenté chaque dimanche, est Parole de Dieu. Dieu parle ! Mais rarement, vous venez l'écouter. Si la foi n'est pas réfléchie, comment rester croyants ? Les chrétiens se rassemblent pour alimenter leur foi à cette Parole ! 
° vous ne croyez pas assez que Jésus ressuscité veut nous communiquer sa vie, son Esprit d'Amour, par l'Eucharistie notamment. Les chrétiens savent qu'ils puisent là à une source d'amour, régulièrement. Ils ne peuvent s'en passer. Vous pensez, vous, pouvoir vous en passer. Vous ne croyez donc pas assez ! 
° vous ne croyez pas assez que le dimanche est pour les chrétiens le jour où ils font mémoire du Christ, de sa vie, de sa mort et de sa Résurrection. Si vous ne venez jamais avec d'autres faire mémoire du Christ, vous finirez par en perdre la mémoire. 

Mais ayant pensé cela, et l’ayant dit parfois, je m'aperçois que ces réflexions essentielles et parfaitement vraies, me semble-t-il, ne s'adressent pas uniquement à ceux qui se disent “croyants, mais non-pratiquants”
Elles sont essentielles et vraies pour tous. Elles nous interrogent tous. L’Evangile de St Jean nous rappelle cet essentiel, l'essentiel de la vie du chrétien…, l'essentiel qui nous conduit bien au-delà de la distinction “croyants/pratiquants”. Jésus prie pour tous ceux qui croiront en Lui. Et il demande : “Je veux qu'ils soient UN… unis entre eux, comme Toi, Père, tu es en moi et moi en Toi”. Et à un autre endroit, Jésus prie ainsi : “Je veux qu'ils demeurent en moi, comme je demeure en eux !”. 

Retenons ce mot “demeurer”. Il est plus suggestif que le mot “pratiquer”. 
° Le chrétien, c'est celui qui demeure dans le Christ et donc qui ne fait pas que passer ! 
° le chrétien est invité à demeurer dans la Parole du Christ… et donc ne pas se contenter de quelques phrases, souvent les mêmes, lues rapidement, 
° le chrétien est invité à demeurer dans la prière et les sacrements et donc ne pas se contenter d'une “petite prière en passant” ou de “prendre la messe avec retard et comme en passant”, 
° le chrétien est invité à demeurer dans l'envie réelle de convertir sa vie à l'évangile et donc ne pas se contenter de “vœu pieux”. Il faut prendre le temps de s'arrêter pour demeurer ! 
° le chrétien, c'est celui qui apprend à "demeurer" dans le Christ… et c'est l'affaire de toute une vie, c'est un long chemin. 

Un jour, un journaliste interrogea un professeur d'Histoire. Et il lui demanda finalement : “Etes-vous croyant ?” - “Oui, je suis croyant” - “Chrétien ?” - “J’essaie de le devenir !”. Il avait bien répondu ce professeur, car on n'a jamais fini de devenir chrétien ! 
- On n'a jamais fini ! Que ceux qui affirment : “Je suis croyant mais non pratiquant…”, qu’ils essayent de devenir plus croyants..., en demeurant dans la prière, l'Eucharistie, les sacrements. C’est si important pour demeurer dans le Christ ! 
- Et nous qui sommes "croyants et pratiquants",... essayons de devenir plus chrétiens, de demeurer dans le Christ davantage ! 

Et quand nous parlons de nos frères “croyants, mais non-pratiquants”, n’en parlons surtout pas en termes de supériorité... Certes pas ! Mais ni non plus en termes d'anxiété, comme tant de parents qui se culpabilisent en pensant à leurs enfants… "non pratiquants". Le Seigneur saura les rejoindre sûrement, mais à une condition : si nous-mêmes, nous devenons plus croyants... !
Donc, ni supériorité, ni anxiété, mais responsabilité. 

Si nous célébrons l'Eucharistie le dimanche, nous avons une responsabilité. Nous avons la responsabilité de ceux qui nous sont proches. Nous devons les porter dans notre prière et confier à Dieu ceux qui ne sont pas là mais qui reçoivent parfois cet appel à “demeurer” dans le Christ qui, lui, demeure en son Père, source de tout amour.

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