vendredi 31 mai 2013

Marie qui accourt !

31 Mai - Visitation !                      

Dernièrement, le 26 Mai, le pape François a rendu visite en une paroisse de la banlieue de Rome, la paroisse Ste Elisabeth-Zacharie. C'était à l'occasion de la "Première Communion" de quelques enfants ! - Aussi, s'est-il adressé à eux dans un style - question-réponse - tout-à-fait catéchétique, prenant appui sur l'évangile qui est celui de la fête d'aujourd'hui !

Il a d'abord évoqué une attitude de La Vierge Marie souvent soulignée : à peine a-t-elle reçu la grande nouvelle qu'elle serait la "Mère de Dieu", aussitôt, avec hâte, Marie se rend chez sa cousine Elisabeth qui, elle aussi, attend un enfant. On dirait qu'elle n'a qu'une préoccupation : porter aux autres le Fils de Dieu qu'elle porte en elle. Loin de rester dans une adoration silencieuse et profonde comme beaucoup de sculpteurs, de peintres l'ont représentée, elle va se mettre "au service", comme son Fils le recommandera très souvent par la suite en donnant lui-même l'exemple : "Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir !" (Mth 20.28).
Elle ne se fait aucune considération d'atermoiement, se disant par exemple qu'Elisabeth a certainement autour d'elle des amies pour l'aider, que sa présence n'est quand même pas urgente... etc. Non ! Elle part aussitôt et "en hâte". C'est la conséquence logique de la condition chrétienne : dès qu'on reçoit Dieu, qu'on le porte d'une manière ou d'une autre, on l'annonce, on le "porte" aux autres, l'amour de Dieu et l'amour du frère se conjuguant tellement ensemble, comme à l'envie !

Ainsi Marie accourt près de sa cousine. C'est toujours l'attitude première de Marie, précisait le pape aux enfants. Marie est notre Mère ; et elle vient toujours en hâte lorsque nous en avons besoin. Et le pape de souhaiter que l'on ajoute dans les litanies de Notre-Dame cette invocation : "Notre Dame qui accourt, priez pour nous !". Oui, Marie accourt toujours ; elle n'oublie pas ses enfants. Et lorsque ses enfants sont dans la difficulté, la peine, le besoin et l'invoquent, elle accourt. Avoir notre "Mère" toujours à proximité, à nos côtés doit nous rassurer : "Notre Dame qui accourt, priez pour nous !"

Et le pape d'ajouter très rapidement une autre considération qui m'a un peu amusé parce que psychologiquement, humainement tellement vraie :
Marie arrive chez Elisabeth ; elle ne se met pas en avant, elle se vante pas ni en paroles ni en attitudes. Elle ne dit pas à sa cousine : "Maintenant que je suis là, c'est moi qui prends les affaires en main, qui commande parce que je suis quand même non seulement ta cousine, mais la "Mère de Dieu !". - Elle ne fait pas comprendre aux autres femmes venues aider Elisabeth que, depuis son arrivée, elles deviennent désormais quasiment inutiles, tout en les remerciant vivement, bien sûr ! Dom Delatte, dans son commentaire sur la règle, analysait l'attitude de cet "ego haïssable", cet "ego" qui signifie : "Je m'aime beaucoup moi-même ; il n'y a guère que moi pour moi ! Il y a chez moi une grande ardeur d'affirmation personnelle ; j'appartiens à corps perdu à mon système, c'est-à-dire à mes illusions. Et comme je ne suis pas seul au monde et qu'il y a autour de "moi" une multitude d'autres "moi" qui me limitent et prétendent me réduire, mon zèle devient facilement une ardeur d'impatience, de colère, de contestation, de révolte : 'zelus amaritudinis malus' !" ("un mauvais et amère zèle"), dit la règle de St Benoît (ch. 72).

Marie est tout le contraire de cette attitude : parce qu'elle porte le Fils de Dieu en elle, elle se soucie - par pure disponibilité à la grâce de Dieu-Père - de transmettre l'Esprit du Fils de Dieu devenu son Fils !
Et comme au sein de la Trinité, l'Esprit-Saint est le lien indissoluble, le nœud vivant et le baiser éternel du Père et du Fils, c'est Lui encore qui nous attache au Fils de Dieu, et, par Lui, au Père !
C'est lui qui établit entre nous des unions surnaturelles. Esprit de communion - cette "communion dans l'Esprit" disait St Paul (Ph. 21) qu'il nous faut "conserver" (Eph. 4.3) -, il ne cesse de répandre le don suprême de la charité dans les cœurs - "L'amour de Dieu, dit encore St Paul (Rm 5.5), a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit" -. Il nous rassemble tous en son unité - "Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit", dit encore l'apôtre -.
Aussi, présentant le Fils de Dieu qu'elle va engendrer, Marie devient, de ce fait, un "agent de circulation" de son Esprit qui est déjà et sera comme l'âme de l'Eglise (Concile Vatican II - Ad gentes n° 4 - "De Ecclesia n° 8).  Comme elle n'aura de cesse de présenter son Fils, Marie n'aura de cesse de communiquer cet Esprit qui anime l'Eglise. En ce sens déjà, elle est Mère de l'Eglise !

Et c'est en regardant Marie que l'on peut comprendre que toute autorité véritablement chrétienne, ecclésiale - dont la source est le Christ lui-même, dit St Benoît -, ne peut être que spirituellement maternelle à l'exemple de Marie. Avoir autorité, même très minime -, c'est avoir finalement la charge de "communiquer" l'Esprit Saint, de sorte que tout responsable, quel qu'il soit, puisse dire non pas : "moi, j'ai décidé...", mais puisse affirmer en toute vérité comme les apôtres : "Nous et l'Esprit, avons décidé..." (Act. 15.28).


C'est bien en cette circonstance qu'il faut prier, et prier Marie comme le pape François nous y invite : "Notre Dame qui accourt, priez pour nous !"

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