vendredi 24 mai 2013

Mariage - Chasteté !


7. T.O. Vendredi -                                 (Sirac 6.5-17- Mc 10.1-12)

La question posée à Jésus - "Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ?" - et la réponse de Notre Seigneur - "Que vous a prescrit Moïse ?" - me font penser à un épisode curieux que l'on trouve justement dans la vie de Moïse.

Le beau-père de Moïse, Jéthro, prêtre de Madian, entend parler de tout ce que Dieu avait fait pour Moïse et pour son peuple : la sortie d'Egypte ... etc. Et il part à sa rencontre. Or, le texte de l'Exode précise : "Jéthro prit avec lui Cippora, la femme de Moïse, après qu'il l'eut renvoyée..." (Ex. 18.2) ! Curieux !

Quand est-ce que Moïse a renvoyé sa femme ? Nulle part ailleurs, dans la Bible, on y fait allusion ! Curieux ! Pourtant cette notation n'a pas échappé à l'attention. Une des premières personnes, en France, à "mettre le nez" dans la littérature juive est Renée Bloch (née à Neuilly en 1924 et morte accidentellement en 1955) ; et elle a dressé toute une série de références de la tradition juive qui affirment que Moïse aurait délaissé sa femme après la vision du "Buisson ardent".

On dirait qu'à partir de ce moment, l'attention de Moïse pour Cippora aurait été comme "dépolarisée" pour se fixer sur Dieu seul ! Cette remarque de la tradition juive est importante. On entend dire, partout et toujours, que la chasteté chrétienne est une contamination du gnosticisme, de la méfiance de la nature que Dieu a faite bonne, pourtant !
Cependant, ce qui est vrai : la sexualité, dans la Bible, est magnifiée. Il n'y a aucune méfiance. Mais, ceci dit, la femme et l'homme sont créés, personnellement, l'un et l'autre, "à l'image de Dieu". Et pour Dieu, pour Dieu seul, on peut "télescoper" les valeurs les plus belles de la création pour aller directement vers le Créateur. On voit cela dès l'Ancien Testament. Et la Sainte Vierge et Joseph... etc. ont vécu totalement et parfaitement cette polarisation vers Dieu.

D'ailleurs, paradoxalement, l'histoire des Saints nous montre que c'est souvent entre des êtres qui sont, personnellement, totalement polarisés par Dieu que se nouent les amitiés les plus extraordinaires. "Un ami fidèle est un solide refuge..., dit la lecture ; un ami fidèle n'a pas de prix... ; un ami fidèle est un "élixir de vie...". Et on peut penser à St François de Sales et Ste Jeanne de Chantal, à St François et Ste Claire, à Ste Thérèse d'Avila et St Jean de la croix..., et à tant d'autres !
On peut remarquer que dans tout type de Communauté, c'est dans la mesure où chacun garde, personnellement, sa dimension verticale, sa relation à Dieu qu'est la foi, que les rapports horizontaux s'en trouvent meilleurs, sont ce qu'ils doivent être, même entre personnes de tempéraments très originaux et aux aspérités rugueuses !
C'est vrai des ménages. C'est vrai aussi des Communauté religieuses. C'est dans la mesure où les frères et sœurs ont une vie personnelle de prière que les rapports horizontaux sont les plus beaux. C'est un paradoxe que l'on trouve dans la Bible. Et le Nouveau Testament ne fera qu'épanouir des valeurs qui sont déjà en germe dans la tradition biblique.

Il faut savoir se sanctifier pour aller à la rencontre du Dieu Saint ! Le "Saint", c'est le "séparé". Il faut parfois de séparer de tout ce qu'il y a de plus beau pour aller à la rencontre de Dieu. Et cela même dans la vie monastique. Les journées dites "de désert" sont probablement instituées pour cela ! Et plus on pratique cette polarisation, plus on trouve au centuple ce que l'on ne cherchait pas obligatoirement.

Sur ce sujet, il y a encore une notation qu'il faut rapporter à propos de la vie de Moïse. L'avant veille du grand Jour, du Jour de l'Alliance avec Dieu. Moïse dit au peuple : "Tenez-vous prêts pour après-demain, ne vous approchez pas de la femme !" (Ex 19.15).
Il ne faudrait pas voir là, en cette phrase, un tabou. Non, mais simplement une invitation à aller par-delà tout ce qu'il y a de plus beau pour aller à la rencontre du Créateur qui est au-dessus de tout ce qu'il  y a de plus beau !
Et St Paul écrit à ses très chers mais difficiles Corinthiens : "Ne vous refusez pas l'un à l'autre, si ce n'est d'un commun accord, pour un temps, afin de vaquer à la prière..." (I Co. 7.5). Ainsi, dans le mariage, il ne faut pas se refuser l'un à l'autre ! Certes ! Cependant, pour vaquer à la prière, temporairement et d'un commun accord, il faut se laisser "polariser" par Dieu.

Et nous, Religieux et Religieuses qui n'avons pas besoin d'un "commun accord", que doit-il en être ? A chacun de répondre !

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