Présence du Christ !

Saint-Sacrement 2013 

Certains s'en souviennent certainement : il y a une vingtaine d'années, en Inde, un homme monte sur une estrade, lève les bras et salue longuement une foule compacte et bruyante qui l'acclame... Une jeune femme s'avance et, comme la coutume le veut, lui offre un collier de fleurs. L'homme le met autour de son cou. Quelques secondes après, Rajiv Gandhi s'écroule, la tête arrachée par l'explosion d'une bombe. Ce collier de fleurs, signe de bienvenue et d'amitié, était une arme criminelle.

Mais souvenons-nous encore : Il y a une vingtaine de siècle, à Jérusalem ; dans une maison, treize personnes mangent la Pâque. Pendant le repas un homme s'éclipse. Il ne tarde pas à revenir avec soldats et porteurs de torches. Judas s'avance vers Jésus et l'embrasse. Jésus fixe Judas et lui dit : "C'est par un baiser que tu livres le Fils de l'Homme !".

Du baiser de Judas, il y a vingt siècles au meurtre de Gandhi il y a vingt ans, trahisons et massacres ont parsemé I 'histoire humaine !

Et aujourd'hui encore, la Télévision et les divers mass-médias - merveilleux outils de communication - nous renvoient malheureusement, chaque jour ou presque, des images, des récits de haine et de sang... Les hommes seraient-ils devenus fous ? Et certains de crier : "Où donc est Dieu ? Pourquoi reste-t-il passif et silencieux devant tant d'atrocités, d'injustices ?". Révoltés, ils sont tentés de lever les yeux et de dresser un doigt accusateur.

Pourtant, le jour l'Ascension, l'Evangile interrogeait : "Pourquoi restez-vous à regarder le ciel ?". Dieu n'est pas au-dessus de vos têtes ! Il a pris chair et visage d'homme à Bethléem. Dès lors, en Jésus, l'Alliance de Dieu avec les hommes est irrévocable ; aucun reniement ne peut la casser.

D'ailleurs, tous les faits et gestes de Jésus, rapportés dans l'Evangile, nous montrent sa passion pour les plus petits, sa tendresse pour les enfants, les malades, les marginaux, les "laissés pour compte".

Calomnies, invectives, ingratitude et jalousie des uns ou des autres n'ont jamais entamé sa persévérance.

Il est allé jusqu'au bout du don : son corps supplicié et son sang versé révèlent son amour fou pour les hommes ses frères, révèlent l'amour de Dieu pour l'homme !

En cette fête du Corps et du Sang du Christ, de tout cœur, disons merci à Jésus pour sa fidélité inlassable envers les hommes, fidélité qui l'a mené à la croix, fidélité qui est de toujours, car le Christ est ressuscité ; il est toujours vivant pour nous, pour tout homme !

Communions à cette fidélité de Dieu en recevant le Corps du Christ ; Jésus vivant vient demeurer en nous, veut demeurer en nous. "Il faut que j'aille demeurer chez toi", disait-il à Zachée. Il nous le dit à chaque instant et surtout à chaque Eucharistie.

Peut-être, sommes-nous repliés sur nous-mêmes ! Avec Jésus qui se donne à nous, nous entrons dans une autre logique : celle du don et non plus celle de la possession et de la fermeture sur soi qui engendrent obligatoirement incompréhensions, puis injustices, guerres, meurtres ! Avec Jésus, nous nous ouvrons à la Vie de Dieu qui se donne, de Dieu qui est Amour !

Une seule exigence est demandée : seuls des cœurs simples qui ont faim et soif d'amour peuvent accueillir Jésus. Si nous sommes encombrés de futilités ou simplement et surtout de nous-mêmes, si nous sommes des consommateurs repus, si nous sommes soi-disant riches de savoir et de pouvoir, bref, trop riches de nous-mêmes - ce qui arrive souvent, hélas -, où Dieu trouvera-t-il place ? Dans un monde qui ne considère que !es grands cerveaux et les possédants et où il n'est plus de place pour la générosité, qu'il est difficile d'aimer ! "Vous n'êtes pas de ce monde, disait Jésus, comme moi, je ne suis pas de ce monde" (Jn 17.16). Mais "Je suis la lumière du monde" (Jn 8.12), lumière de Vie divine !

Aussi, vous aussi, "devenez fils de lumière" (Jn 12.36). Vous aussi, "vous êtes la lumière du monde" (Mth 5.14) ; - "Que votre lumière brille aux yeux des hommes !" (Mth 5.16). - Oui, laissons-nous remplir par la présence divine qui seule nous aidera toujours à davantage changer nos cœurs...  !

A l'occasion de cette fête du Corps et du Sang du Christ, laissons-nous envahir par la présence divine qui nous poussera à être de plus en plus "lumière divine" pour nos frères, à être ensemble "foyer de lumière", "foyer d'amour" rayonnant ! C'est ainsi que nous deviendrons, nous aussi, "pain offert", "pain donné", "pain de vie" !

Car, à chaque fois que nous donnons, que nous nous donnons par amour, à chaque fois que nous sommes ensembles "foyer d'amour" pour le monde qui en a tant besoin, nous communions au Christ qui s'est donné lui-même pour nous, nous réalisons le commandement de Jésus à ses Apôtres : "Faites ceci en mémoire de moi".