lundi 3 mai 2010

Pâques 5 Lundi – Sts Philippe et Jacques - I Co 15.1-8 – Jn14. 6-14

“Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit !“ (Jn. XIV.8)

La demande de l'Apôtre Philippe qui avait suivi le Christ Jésus et avait donc bénéficié de “cours particuliers”, peut nous sembler bien exigeante ! Pourtant, elle rejoint la question fondamentale que se pose l'homme depuis toujours :  “Dieu, qui est-ce?  Qui est Dieu ? ”.

Depuis que notre planète a accueilli l'homme raisonnable, la question demeure béante. De tous temps et partout, les hommes ont cherché à savoir qui est Dieu..., à le rencontrer ! Et ils l'ont trop souvent imaginé à travers le prisme déformant de leurs propres instincts : un Dieu terrible et injuste, ou un Dieu mystiquement débonnaire, etc... Toujours l’“inversion sacrilège“ : ce n’est pas à l’homme de “faire Dieu“ ! C’est Dieu qui se révèle…

“Seigneur, montre-nous le Père, cela nous suffit...”

Oui, Philippe avait raison. A sa manière, il posait crûment une question qui demeure permanente et essentielle : Qui est Dieu ?... “Je voudrais voir Dieu... ”, demandait Thomas d’Aquin, encore enfant.

Aussi, la réponse du Christ mérite méditation, attention :  “Philippe, celui qui m'a vu a vu le Père... Je suis dans le Père et le Père est en moi...”. Lorsqu'on replace cette parole de Jésus dans son contexte, on s’aperçoit que c'est l’une des dernières confidences du Seigneur avant sa Passion, confidences d’adieu, de testament qui veut indiquer l’essentiel : “Ne soyez pas bouleversés... vous croyez en Dieu... Croyez aussi en moi...  Personne ne va vers le Père sans passer par moi...» (XIV.6)

C’est curieux : l'apôtre Philippe, lui, avait bénéficié d'une chance extraordinaire... : trois ans avec le Christ ! Et pourtant, il veut voir le Père !

La réponse du Christ est éclairante. Au fond, Jésus lui fait remarquer qu'il n'a rien à désirer de plus que ce qu'il a. Il possède - déjà - ce qu'il demande : “Celui qui m'a vu a vu le Père !”

Philippe, jusqu'à présent, est resté aveugle… Jésus l'invite à s'ouvrir à lui comme il nous invite à le faire, toujours ! Il faut le savoir : Jésus n’offrira rien d’autre que lui-même : “Celui qui m'a vu a vu le Père !”. C’est à travers sa personne que l’on peut être en contact véritablement avec Dieu !

S'il a rencontré la Samaritaine et Zachée, s'il a donné à manger à une foule affamée, s'il a rendu son fils à la veuve de Naïm et pleuré devant le tombeau de Lazare, s'il a inventé tant et tant de paraboles..., c'était pour révéler - à travers lui - l'immense amour de Dieu-Père.

Mais maintenant, c'est terminé. Et tant pis pour Philippe, si je puis dire, tant pis pour nous si nous cherchons Dieu là où il ne peut être trouvé. Il nous sera toujours dit : “Dieu a parlé aux hommes en Jésus Christ...”  Et cela suffit !

Oui le Père parle, agit en son Fils Jésus. L'Évangile nous l'affirme, les témoins de la Résurrection nous le disent : “Ce que nos yeux ont vu, ce que nos oreilles ont entendu, ce que nos mains ont touché du Verbe de Vie, nous vous l'annonçons.» (Jn. 1.1-3)

Alors, comme pour Philippe, si nous voulons encore aujourd'hui rencontrer Dieu, il nous faut passer par le Christ, Lui qui est le “Chemin, la Vérité et la Vie” (Jn. XIV.6)

“Philippe, celui qui m'a vu, a vu le Père...”

Oui, Dieu a pris et il prend toujours l’initiative de se dire, de se révéler aux hommes, à chacun de nous. Il l’a fait et il le fait toujours par et en Jésus Christ.

Alors, aujourd’hui, reprenons courage : “Ne soyez pas bouleversés… !“. Nous cherchons Dieu... et nous n’aurons jamais fini de le trouver. Dieu est si grand ! Mais nous connaissons le CHEMIN qui va à lui : le CHRIST !

Tu es le Chemin, la Vérité et la Vie, Seigneur Jésus. Celui qui croit en Toi a reconnu le Père. Alleluia !

Et je terminerai par ce passage de l’exode que j’aime bien : “Moïse dit à Dieu : "De grâce, fais-moi voir ta gloire". Et le Seigneur lui dit : " Je ferai passer devant toi toute ma beauté et je prononcerai devant toi le nom de Yahvé…. Mais tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre". Le Seigneur dit encore : "Voici une place près de moi ; tu te tiendras sur le rocher. Quand passera ma gloire, je te mettrai dans la fente du rocher et je te couvrirai de ma main jusqu'à ce que je sois passé. Puis j'écarterai ma main et tu verras mon dos ; mais ma face, on ne peut la voir“. (Ex. 33. 18sv).

Ici-bas, on ne peut voir Dieu que de dos, une fois qu’il est passé ; et on s’exclame alors, comme Jacob : “Dieu était là (à tel endroit, à tel moment de ma vie), mais je ne savais pas !“ – Mais maintenant je le sais ! Oui, Moïse lui-même ne vit Dieu que de dos. Et un midrash, un commentaire juif d’ajouter - et cela m’enchante - : “Autrement dit, Moïse ne vit que le manteau de la miséricorde de Dieu qui recouvrait toutes choses !“.

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