jeudi 20 mai 2010

Pâques 7 Jeudi : Paul « monte » à Jérusalem - Ac 20, 30 ; 23, 6-11 - Jn 17, 20-26

Comme on a pu le voir, à partir de sa rencontre avec les Anciens d’Ephèse à Milet, tout s’inscrit pour Paul, comme pour Jésus après la Transfiguration, dans le cadre d’une montée à Jérusalem. En cela, il se montre parfait disciple du Christ ! Les chemins géographiques sont différents mais spirituellement identiques ; c’est le même voyage !

Paul fait sa “montée à Jérusalem“, vers Jérusalem dans des bateaux qui font du cabotage commercial le long de la côte phénicienne. Partout où il fait escale, les chrétiens qu’il visite s’efforcent de le dissuader de “monter à Jérusalem“, comme Pierre avait voulu dissuader Jésus de le faire, au moment de la première annonce de la passion faite après sa confession à Césarée de Philippe.

A Tyr, par exemple : Les disciples “disaient à Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais, notre séjour achevé, nous partîmes. Nous marchions, escortés de tous, y compris femmes et enfants. Hors de la ville, nous nous mîmes à genoux sur la grève pour prier. Puis, ayant fait nos adieux, nous montâmes sur le navire“. (Ac 21,3-6).

A Césarée Maritime, il reçoit l’hospitalité du diacre Philippe, (nous l’avons rencontré en Samarie, et sur la route de Gaza avec l’eunuque de la reine Candice). Il demeurait à Césarée avec ses quatre filles vierges qui prophétisaient (!).

C’est là qu’une scène évoque une sorte d’agonie de Paul semblable à celle de Jésus à Gethsémani, et qui se termine comme celle de Jésus par cette phrase : “que la volonté du Seigneur se fasse“ et non la mienne : Un prophète, “du nom d'Agabus, prenant la ceinture de Paul, s'en lia les pieds et les mains en disant : "Voici ce que dit l'Esprit Saint : L'homme auquel appartient cette ceinture, les Juifs le lieront comme ceci à Jérusalem, et ils le livreront aux mains des païens". A ces paroles, nous nous mîmes, avec ceux de l'endroit, à supplier Paul de ne pas monter à Jérusalem. Alors il répondit : "Qu'avez-vous à pleurer et à me briser le cœur ? Je suis prêt, moi, non seulement à me laisser lier, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus". Comme il n'y avait pas moyen de le persuader, nous cessâmes nos instances, disant : "Que la volonté du Seigneur se fasse"». (Ac 21,10-14).

A son arrivée à Jérusalem, Paul rencontre Jacques, le représentant de la tendance apostolique la plus opposée à la sienne. Il fait des concessions aux judéo-chrétiens en faisant un vœu. L’unité est maintenue, les décisions prises lors du Concile de Jérusalem étant sauvegardées.

C’est dans le temple, en accomplissant les cérémonies qui terminent son vœu que Paul est arrêté. La foule l’accuse d’avoir introduit dans l’espace central réservé aux seuls juifs, un païen, un certain Trophine d’Ephèse. Il échappe au lynchage de la foule grâce à l’intervention du tribun qui lui fait gravir les marches de la forteresse de l’Antonia (le “Lithostrotos“ actuel, à Jérusalem).

Paul étonne le tribun en lui parlant en grec. Ce n’est donc pas un bandit comme d’autres. L’étonnement du tribun est à son comble lorsque, s’apprêtant à le faire flageller, il apprend que Paul possède la citoyenneté romaine depuis sa naissance, alors que lui, il l’avait achetée fort cher. Paul obtient la permission de s’adresser à la foule. Il le fait dans un long discours en langue hébraïque. On l’écoute longuement avec une attention silencieuse jusqu’au moment où il dit qu’ “au cours d’une vision dans le temple, il a reçu du Seigneur la mission d’évangéliser les païens. A ce moment là, l’atmosphère change complètement : “Jusque-là on l'écoutait. Mais à ces mots, on se mit à crier : "Otez de la terre un pareil individu ! Il n'est pas digne de vivre". On vociférait, on jetait ses vêtements, on lançait de la poussière en l'air“. !

La scène rappelle tout à fait ce qui s’est passé à la synagogue de Nazareth, lorsque Jésus, au début de sa vie publique, avait évoqué Naaman, le syrien, et la veuve de Sarepta ! Toujours cette peur qu’éprouve le peuple élu face à une éventuelle expansion universaliste de son “Alliance“ avec le Dieu Unique !

Le lendemain, Paul comparaît devant le Sanhédrin. Fort adroitement, Paul utilise la divergence d’opinion qui règne entre pharisiens et sadducéens, au sujet de la résurrection des morts. (Je vous conseille de vous reporter au texte). Je ne peux qu’inviter à prendre conscience de l’importance primordiale de la proclamation de la résurrection dans la prédication chrétienne et la lecture chrétienne de la Bible. Et, rappelons-nous la phrase lapidaire de l’Apôtre : “Si le Christ n’est pas ressuscité, nous sommes les plus malheureux des hommes et notre foi est vaine !“.

C’est une occasion de remarquer qu’on ne peut lire l’Ancien Testament qu’à la lumière du Christ ressuscité qui ouvre l’intelligence à la compréhension des Ecritures, et que, sans cette dimension pascale, on lit la Bible avec un voile sur le cœur.

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