lundi 10 mai 2010

Pâques 6 Lundi – En Europe ! - Ac 16,11-15 - Ps 149 - Jn 15, 26 à 16, 4

Avec la lecture d’aujourd’hui, nous rejoignons Paul, Silas et Timothée partis d’Antioche de Syrie pour un deuxième grand voyage missionnaire,. Silas était un des émissaires envoyé de Jérusalem à Antioche après le Concile. Paul l’avait adopté pour compagnon après son désaccord avec Barnabé au sujet de Jean Marc (vous pouvez vous reporter aux Actes…). Quant à Timothée, il l’avait pris en repassant à Lystres. Timothée, qui avait bonne réputation, devint son disciple préféré. Son père était grec, mais sa mère juive, pieuse : “J'évoque le souvenir de la foi sans détours qui est en toi, foi qui, d'abord, résida dans le cœur de ta grand-mère Loïs et de ta mère Eunice et qui, j'en suis convaincu, réside également en toi“. (2 Tm 1,5).

L’Esprit-Saint les pousse vers la Macédoine, vers l’Europe… Paul en rêve (le rêve du Madédonien)… Ils s’embarquent à Troas, passent près de l’île de Samothrace et débarquent à Néapolis. Ils ne s’y arrêtent pas et gagnent immédiatement Philippes. C’est là, à Philippes, que fut fondée la première communauté chrétienne d’Europe, à laquelle fut adressée la lettre aux Philippiens, la plus personnelle peut-être des lettres de St Paul.

On parle beaucoup de l’Europe … ; Et un chrétien, devrait se souvenir de la première chrétienne d’Europe et des circonstances de sa fondation.

Il n’y avait pas suffisamment de juifs à Philippes pour qu’on y trouve une synagogue. Le jour du Shabbat, Paul et ses compagnons peuvent retrouver quelques compatriotes au bord de la rivière, là où ces quelques Juifs avaient sans doute pris l’habitude de faire la prière. Paul s’adressa aux femmes qui étaient réunies.

Au passage, il faut faire hommage à ces femmes juives qui furent les premières à recevoir l’Evangile en Europe. Il y avait parmi elles, une certaine Lydie qui faisait du commerce de pourpre (profession qui suppose une certaine aisance de vie). Elle était originaire de Thyatire et faisait partie des “Craignants Dieu“, séduites par le judaïsme si elles ne s’étaient pas encore intégrées au peuple élu. Notons une fois de plus que c’est aux juifs que Paul s’adresse toujours en premier lieu : “La Bonne Nouvelle est d’abord pour vous“, avait dit St Pierre dès le lendemain de la Pentecôte.

On peut remarquer au passage la phrase qui parle de la conversion de Lydie. “Le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu’elle s’attacha aux paroles de Paul“.

En me rappelant cette phrase, je me fais souvent cette réflexion : Certes, la présentation que l’on peut faire du message évangélique est importante : catéchèse adaptée, langage et message particuliers pour tel ou tel milieu social… etc.. Et c’est bien ! Cependant il me semble que si l’Evangile est annoncé dans sa simplicité - lire la Parole de Dieu et la relire -, non seulement l’Evangile a en lui-même une puissance insoupçonnée de séduction sur l’auditoire, mais, surtout il profite d’une sorte de complicité de l’Esprit Saint qui ouvre le cœur des uns et des autres et les interpelle d’une manière personnelle, souvent imprévisible. La Parole de Dieu obtient ainsi plus facilement et plus efficacement des résultats auxquels ne parviennent pas toujours les “préparations“, “parcours“ les mieux adaptés…

Et c’est sans doute ce qui arriva à Lydie : “Elle était tout oreilles ; car le Seigneur avait ouvert le cœur…“. Cette Lydie semble avoir un tempérament assez décidé - elle avait dû réussir dans son métier de négociante qui souvent forme le caractère à être affirmé -. Aussi, elle demande aussitôt le baptême et le reçoit ! (Pourquoi perdre du temps, n’est-ce pas ?).

Il faut aussi remarquer également que si la foi - même soudaine - change le cœur, elle ne change pas obligatoirement le caractère. St Luc le souligne avec grande finesse et humour. Il n’était pas dans l’habitude de Paul et de ses compagnons de se faire “entretenir“ si je puis dire. Paul, plus tard, aura la fierté d’affirmer qu’il travaillait de ses mains pour subvenir à ses besoins. Mais, semble dire St Luc, Lydie s’y prit si bien et avec une telle insistance que Paul et ses compagnons allèrent loger chez elle ! Et ce “gentleman“ qu’est Luc d’ajouter laconiquement non sans humour : que l’on nous excuse ! Que voulez-vous ! “Elle nous y contraignit !“. On n’a pas pu faire autrement ! (“Ce que femme veut, Dieu le veut !“, dit-on ! Ce n’est pas toujours vrai quand même ; mais là, semble dire St Luc, ce fut le cas !).

Il serait souhaitable de commémorer, me semble-t-il, cette première communauté chrétienne qui se fonde dans la maison de Lydie, la marchande de pourpre. On n’y fait pas beaucoup allusion ; et je ne connais personne qui porte ce prénom. C’est dommage. Il serait bon de prier Lydie en bien des circonstances…

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