mardi 18 mai 2010

Pâques 7 Mardi : Montée de Paul vers Jérusalem. - Ac 20, 17-27 - Jn 17, 1-11a

Entre l’Ascension et la Pentecôte, il est certain que l’Esprit Saint préparait les disciples du Seigneur dans la ferveur et le recueillement du Cénacle. Ils méditaient certainement l’enseignement du Maître faisant mémoire du parcours de vie qu’ils avaient traversé avec lui durant trois années. Ce faisant, l’Esprit Saint les préparait à cet élan irrésistible qu’ils manifesteront pour partager la “Bonne Nouvelle“ et la proclamer à travers le monde. Méditation, prière et prédication, mission… Bien loin de s’opposer ces deux aspects de la vie chrétienne se complètent et se nourrissent l’un l’autre. St Thomas d’Aquin a défini la prédication : “Contemplata aliis tradere“ (transmettre aux autres ce que l’on a contemplé). C’est dans le recueillement de la prière et de la vie intérieure que la prédication trouve sa force, sans se confondre à avec une propagande ou une publicité parmi tant d’autres.

Tout cela pour dire que ce n’est pas quitter le recueillement de la retraite du Cénacle, pour rejoindre St Paul dans son voyage missionnaire, comme nous y invite la lecture.

Nous avons laissé St Paul à Ephèse, où il rencontra ces johannites incomplètement catéchisés par Apollos. Il reste à Ephèse trois années durant “en sorte que tous les habitants de l'Asie, Juifs et Grecs, purent entendre la parole du Seigneur“. (Act 19.10).

Paul (comme Jean, d’ailleurs) doit lutter contre beaucoup de spiritualités équivoques pratiquées par de curieux exorcistes juifs ; il délivre beaucoup d’adeptes de ces derniers qui, pour la plupart, viennent brûler leurs livres mystiques équivoques.

On nous dit ensuite qu’il forme le projet de monter à Jérusalem et d’aller à Rome. Mais sur ces entrefaites se produit la fameuse émeute des orfèvres. Vous pourrez vous y reporter dans les Actes. (19.23sv).

Paul quitte Ephèse où il n’est pas en sécurité. Il échappe à deux complots au hasard des contrées qu’il traverse. Nous le rejoignons à Troas. Là, il y a un épisode que j’aime bien : “Le premier jour de la semaine, nous étions réunis pour rompre le pain ; Paul, qui devait partir le lendemain, s'entretenait avec eux. Il prolongea son discours jusqu'au milieu de la nuit…. (Le bavard !). Un adolescent, du nom d'Eutyque, qui était assis sur le bord de la fenêtre, se laissa gagner par un profond sommeil, pendant que Paul discourait toujours (Ce n’est donc pas d’aujourd’hui qu’une homélie a parfois une forte puissance dormitive ! C’est consolant pour les prêtres d’aujourd’hui !). Entraîné par le sommeil, il tomba du troisième étage en bas. On le releva mort“. (Ac 20,7sv). Mais Paul descend, prend le jeune homme par les bras et le relève vivant ! (Là, du coup, les prédicateurs d’aujourd’hui n’ont malheureusement pas cette puissance !). Peu ému pour autant, Paul remonte les étages et continue sa prédication ! Un bavard passionné, quand même ce Paul. Mais pour l’Evangile !

De Troas il passe à Milet. Retenons cette remarque : “Il se hâtait afin d’être, si possible à Jérusalem, le jour de la Pentecôte“. Il convoqua à Milet les Anciens d’Ephèse, et nous avons, grâce à St Luc, l’occasion de connaître un des plus beaux discours de St Paul qui ressemble beaucoup à la plus personnelle de ses épîtres, (Philippiens).

Notons simplement cette attirance qu’il éprouve d’être à Jérusalem : “Et maintenant voici qu'enchaîné par l'Esprit je me rends à Jérusalem, sans savoir ce qui m'y adviendra, sinon que, de ville en ville, l'Esprit Saint m'avertit que chaînes et tribulations m'attendent. Mais je n'attache aucun prix à ma propre vie, pourvu que je mène à bonne fin ma course et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus : rendre témoignage à l'Évangile de la grâce de Dieu. Et maintenant voici que vous ne reverrez plus mon visage, vous tous au milieu de qui j'ai passé en proclamant le Royaume…“. ( Ac 20,21-27).

Luc souligne que Paul, parfait disciple doit, comme Jésus, monter à Jérusalem. Rappelons-nous l’évangile de la Transfiguration dans St Luc. Moïse et Elie s’entretiennent avec Jésus de l’“Exode“ (départ) qu’il doit accomplir à Jérusalem. Et, dans son évangile, à partir de la Transfiguration tout s’inscrit dans le cadre d’une montée à Jérusalem. (mot-à-mot : “Il durcit sa face vers Jérusalem“ !). De même pour Paul, à partir du chapitre 21ème des Actes, tout s’inscrit dans le cadre d’une montée à Jérusalem. L’expression a pris une valeur théologique plus que géographique. Elle est synonyme de l’imitation de Jésus Christ. Tous, tant que nous sommes, par des chemins divers, nous montons à Jérusalem, vers cette ville dont “Dieu est l’architecte et le fondateur“, dit l’épitre aux Hébreux.

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