vendredi 28 mai 2010

T.O. 8 Vendredi – La foi et la prière ! - (I P. 4.7-13 ; Mc 11.11-25)

Apparemment, avec l’évangile d’aujourd’hui, nous sommes dans une situation absurde : comment espérer des fruits à un figuier, hors saison? C’est une exigence invraisemblable ! Pour l’homme, certainement ! Pas pour Dieu !

Jésus parle très souvent par paradoxe. Car Dieu lui-même est paradoxal ! Il aime, disait Chesterton, “les vérités qui marchent sur la tête“ : Il préfère un puîné peu scrupuleux comme Jacob à aîné, travailleur besogneux, pour faire de lui “Israël“, le Patriarche de son peuple ! Il va chercher le dernier d’une famille, le petit David, peu représentatif, pour en faire “un roi selon son cœur“ ! Il fait élection d’une toute jeune fille inconnue d’un village obscure pour qu’elle soit, vierge, la mère de son Fils ! etc…

Bien plus, finalement, Dieu est toujours à la recherche de l’homme pécheur, impropre à tout rendement pour qu’il produise des “fruits de l’Esprit“ : bonté, justice, vérité, paix, … (Cf. Ephes. 5.9 ; Heb. 12.11).

Le figuier dont il est question dans l’évangile, c’est d’abord le peuple choisi par Dieu pour qu’il porte, par puissance divine, de bons fruits en temps voulu ! Mais le peuple s’est détourné de l’Alliance avec Dieu. Alors “Pas de figues au figuier, disait Jérémie (8.13), le feuillage lui-même est flétri…“. - il est desséché, dit l’évangile -. Aussi, prédira Osée, “Ephraïm a été frappé ; sa racine est desséchée ; de fruit (“pheri“, en hébreu : jeu de mots avec “Ephraïm“), il n’en donnera point… … car il n’a pas écouté… (Cf. Osée 10.15).

“Ils n’ont pas écouté !“. Autrement dit, ils n’ont pas fait confiance ; ils n’ont pas eu la foi, cette foi qui s’exprime par une juste prière non polluée par des intérêts trop humains, voire mercantiles… Car il faut remarquer que cet épisode du figuier desséché est précédé par l’entrée triomphale de Jésus au temple et suivi de sa vigueur à chasser les vendeurs du temple ! Il ne suffit donc pas d’aller au temple et de proclamer : “Temple du Seigneur ! Temple du Seigneur ! Il est ici !“, (Lit. : “Ce lieu“ que Dieu a choisi pour y faire habiter son Nom ! (Cf. Jer. 7.4), pour qu’on soit exaucé automatiquement.

Par contre, la foi profonde et vraie exprimée par une juste prière produira des effets divins extraordinaires ; On récoltera même des fruits hors saison. “Ayez foi en Dieu !“, demandait Notre Seigneur. Alors, “celui qui dirait à cette montagne : « soulève-toi et jette toi dans le mer »,… il l’obtiendra“.

Depuis Adam, tous les hommes sont pécheurs (des figuiers stériles) ; ils ne peuvent produire des fruits de justice, des fruits d’ajustement à Dieu. Mais avec la foi que manifeste une vraie prière, le Christ met fin à cette situation improductive, en nous manifestant la “justice“ de Dieu, celle qui nous ajuste à lui. Alors, dira-t-il, “celui qui croit en moi fera lui aussi les œuvres que je fais (des œuvres divines) ; il en fera même de plus grandes, parce que je vais au Père (qui nous enverra son Esprit)… Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai !“ (Jn 14.14).

Oui, “la foi est une manière de posséder déjà ce qu’on espère…“. (He. 11). Il nous faut donc de nous insérer dans cette caravane quarante fois séculaire que décrit la lettre aux Hébreux :
  • “Par la foi, nous comprenons que les mondes ont été organisés par la Parole de Dieu…
  • Par la foi, Abel offrit à Dieu un sacrifice meilleur que celui de Caïn… Grâce à elle, bien que mort, il parle encore…
    - Par la foi, Hénoch fut enlevé afin d’échapper à la mort…
  • Par la foi, Abraham obéit et partit sans savoir où il allait…“. Il partait vers “cette ville munie de fondations qui a pour architecte et constructeur Dieu lui-même.
  • Par la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge avancé, fut rendue capable d’avoir une postérité…
  • Par la foi, Abraham, mis à l’épreuve, a offert Isaac… Même un mort, se disait-il, Dieu est capable de le ressusciter.
  • Par la foi, Isaac, Moïse, Gédéon Barak, Samson, Jephté, David, Samuel, les prophètes…“ et bien d’autres… la foi ! Par la foi !

“Ainsi, nous aussi, qui avons autour de nous une telle nuée de témoins, rejetons tout fardeau et le péché et courons avec endurance…“. Car, disait St Paul, “celui qui est juste par la foi, vivra !“ (Rm. 1.17), grâce à cette foi en Dieu qui a “les issues de la mort elle-même !“. Aussi, l’apôtre affirmait : “Je sais en qui j’ai mis ma foi (2 Tm 1.12)… J’ai achevé ma course ; j’ai gardé la foi. Dès maintenant m’est réservée la couronne de justice qu’en retour me donnera le Seigneur, lui le juste juge. Et pas seulement à moi, mais à tous ceux qui auront aimé sa manifestation“ (Id. 4.8)

Et vrai signe de cette foi exprimée par une vraie prière, Jésus nous l’indique : “Lorsque vous êtes debout pour prier, pardonnez…, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne“ à vous aussi. Et ce pardon accordé nous établit dans la communion des dons que Dieu fait à chacun : “ce que chacun de vous a reçu de Dieu, mettez-le au service des autres… Ainsi, en toute chose, Dieu sera glorifié en Jésus Christ…“. Tant il est vrai que l’humanité fait un très grand pas lorsque l’étranger, considéré souvent comme ennemi (“hostis“) devient peu à peu un hôte (“hospes“) que l’on accueille (“hostis“ et “hospes“ : même racine). Mais cela ne se fait bien que par la foi qui bouscule les montagnes… !

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