vendredi 14 mai 2010

Pâques 6 Vendredi – St Matthias

Aussitôt après l’Ascension du Seigneur, le groupe des Apôtres revint du Mont des Oliviers à la “Chambre Haute“, où ils avaient déjà pris l’habitude de se réunir. La distance n’était pas grande ; elle ne dépassait pas les limites de ce qu’il était permis de faire à l’époque le jour du Shabbat.

La Tradition a identifié cette Chambre Haute avec le Cénacle où l’on vénère actuellement tout à la fois le lavement des pieds, l’institution de l’Eucharistie, les apparitions du Christ Ressuscité à Jérusalem, l’endroit où la première Communauté se réunissait, composée des Apôtres qui, “ d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec quelques femmes, dont Marie, mère de Jésus“. C’est de ce lieu que partit, le jour de Pentecôte, la prédication chrétienne de la bouche de Pierre : "Jésus le Nazôréen, cet homme que Dieu a accrédité auprès de vous par les miracles, prodiges et signes…, cet homme, vous l'avez pris et fait mourir en le clouant à la croix…, mais Dieu l'a ressuscité …. ». (Ac 2,22-29). Retenons cette précision.

Et Pierre de citer plusieurs fois dans ses argumentations David dont, à son époque, le tombeau était vénéré comme il le dit lui-même. Quand on va à Jérusalem, près de l’emplacement du tombeau de David, on peut voir les restes d’un curieux bâtiment qui n’est ni une église, ni une synagogue mais qui paraît évoquer la présence permanente à Jérusalem d’une communauté judéo-chrétienne ayant échappé pendant trois siècles aux décrets d’expulsion qui interdisaient aux juifs l’accès à Jérusalem, à la suite des révoltes de 70 et de 135. C’est assez émouvant de penser tout à la fois, en ce lieu, au lavement des pieds, à l’Eucharistie, aux apparitions de Jésus, à la Pentecôte, à la présence de Marie, et au point de départ de l’évangélisation.

Justement, le premier souci de la communauté chrétienne fut de compléter le groupe des Apôtres. Le chiffre “douze“ a dans la Bible une grande valeur symbolique et ce n’est pas par hasard qu’il a inspiré Jésus lors du choix des douze Apôtres.

Bien mystérieux fut le choix par Jésus de Judas, alors qu’il ne pouvait pas ne pas pressentir le rôle sinistre qu’il serait appelé à jouer. Rôle sinistre dont Pierre nous invite à découvrir une signification providentielle : « Il fallait que s’accomplit l’Ecriture où, par la bouche de David, l’Esprit Saint avait parlé d’avance de Judas … qui avait rang parmi nous et s’était vu attribuer une part dans notre ministère ». Disons simplement que pour Juda comme pour tout homme, les pensées de Dieu ne sont pas les nôtres. Elles nous seront dévoilées un jour…

Le critère exigé de celui qui prendra la place de Judas dans le collège des douze est celui-ci : “Il faut donc que, de ces hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu'au jour où il nous fut enlevé, il y en ait un qui devienne avec nous témoin de sa résurrection ". (Ac 1,21-22).

On ne sait rien d’autre sur Mathias. Mais de ce critère, on peut retenir que le principal élément est de devenir témoin de la résurrection. St Paul pourra se réclamer du titre d’Apôtre en s’appuyant sur la simple réalité de sa rencontre du Christ Ressuscité sur la route de Damas. « Paul, apôtre, non de la part des hommes ni par l'intermédiaire d'un homme, mais par Jésus Christ et Dieu le Père qui l'a ressuscité des morts… » (Ga 1,1-2).

Une deuxième remarque est à souligner d’après le texte : on présente deux hommes pour remplacer Judas : Joseph Barsabbas, surnommé “le Juste“ et Matthias. L’un semble avoir une très bonne réputation. C’était un “Juste“ ! Or, le signe providentiel que l’on implore par la prière ne le désigne pas ! Souvent - remarquons-le bien - Dieu choisit ce qu’il y a de plus faible, de plus ignoré, de plus imprévisible pour accomplir des merveilles (Ex. : David, Marie bien sûr, St Paul… et usqu’à l’élection du pape Jean-Paul II…)

Et puis une dernière réflexion : les hommes peuvent certes présenter des candidats pour telle ou telle mission. Mais finalement, c’est le Seigneur qui appelle ! La réponse ne peut alors se faire que dans l’humilité à l’exemple de St Paul qui s’est toujours étonné du choix de Dieu à son égard, lui qui se qualifiait d’“avorton“ !

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