mardi 4 mai 2010

Pâques 5 Mardi - Ac 14, 19-28 - Ps 144 - Jn 14, 27-31a

Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, St Paul, contraint de faire face à ses opposants, fait une apologie personnelle ; et il y a un passage où il nous énumère les souffrances endurées au cours de ses voyages : « Ce dont on se prévaut - c'est en insensé que je parle -, je puis m'en prévaloir, moi aussi. Ils sont Hébreux ? Moi aussi.  Ils sont Israélites ? Moi aussi.  Ils sont de la descendance d'Abraham ? Moi aussi. Ils sont ministres du Christ ? Je vais dire une folie !  Moi, plus qu'eux.
  • Bien plus par les travaux, bien plus par les emprisonnements, infiniment plus par les coups.  Souvent j'ai été à la mort. Cinq fois j'ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ;  trois fois j'ai été battu de verges ; une fois lapidé.
  • Trois fois j'ai fait naufrage. Il m'est arrivé de passer un jour et une nuit dans l'abîme !
  • Voyages sans nombre, dangers des rivières, dangers des brigands, dangers de mes compatriotes, dangers des païens, dangers de la ville, dangers du désert, dangers de la mer, dangers des faux frères !
  • Labeur et fatigue, veilles fréquentes, faim et soif, jeûnes répétés, froid et nudité » (2 Co 11,21b-27).

Pour ne parler que des lapidations,  la première eut lieu, semble-t-il, à Lystres, sur la route de retour du premier grand voyage missionnaire, comme cela nous est raconté dans la lecture d’aujourd’hui : « Survinrent alors d'Antioche et d'Iconium des Juifs qui gagnèrent les foules.  On lapida Paul et on le traîna hors de la ville, le croyant mort »(Ac 14,19).

Mais ce petit homme à la santé fragile avait un tempérament de fer. Il est laissé hors de la ville et on le croit mort. Mais il se relève bientôt après ; et, dès le lendemain il reprend la route pour Derbé : « Mais, comme les disciples faisaient cercle autour de lui, il se releva et rentra dans la ville.  Et le lendemain, avec Barnabé, il partit pour Derbé »  (Ac 19,20).

Par la suite, intrépide, il repasse par les villes où il a été maltraité, Lystres, Iconium et Antioche de Pisidie. Ce n’est pas lui qui a besoin d’être réconforté, c’est au contraire, lui qui affermit les nouveaux croyants. Il a bien compris ce qu’a dit le Christ : le disciple n’est pas plus grand que le Maître, et il n’y a pas d’autre route pour le rejoindre que la voie étroite où il nous a précédés.

Paul procède aussi à une première organisation institutionnelle des églises locales en désignant des « anciens » - « Presbuteroi  » -. Des prêtres, participant non plus au sacerdoce aaronique dans la tribu de Levi, mais partageant le nouveau sacerdoce du Christ « selon l’ordre de Melchisédech », comme le soulignera la lettre aux Hébreux (ch. 7).

Et puis, c’est le retour à Antioche de Syrie où ont lieu des controverses et la référence à Jérusalem avec le premier concile de l’histoire de l’Eglise. Mais les énergies de l’Esprit Saint sont là pour la poursuite de la prédication.

L’évangile nous invite à penser que ces énergies qui animent les prédicateurs de l’Evangile aux origines chrétiennes, ne sont autres que les énergies de l’Esprit Saint Lui-même, cet Esprit qui, de toute éternité, est “Energie“, “Elan“ entre le Père et le Fils : “Au commencement était le Verbe, le Verbe tourné vers le Père (pros Théon)“,  était “élan“ vers le Père“. (la préposition grecque “Pros“ marquant un mouvement, un élan).

Tous les évangiles que la liturgie nous donne à méditer, ces jours-ci, dans St Jean, commencent par : « A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père ». Jésus est passé dans le monde, pour ramasser l’humanité en “perte de vitesse“, si je puis dire, et imprimer au cœur des croyants cet “Elan“, son Esprit qui, de toute éternité, le “tourne“ infatigablement vers le Père.

St Luc, dans les Actes des Apôtres, a concentré l’attention de l’Eglise sur la personnalité de Paul, le parfait disciple. On ne sait pas grand chose sur le rôle qu’ont joué les autres apôtres dans la prédication de l’Evangile à travers le monde. Mais, on peut raisonnablement penser que même si les Ecritures ne nous en parlent pas, ils ont été entraînés par le même élan de l’Esprit Saint, cet Esprit qui est le lien d’Amour entre le Père et le Fils.

On peut penser aussi que cet Elan continue d’emporter les saints dans la propagation de l’Evangile, les saints canonisés ou pas. Que cet “Elan“ qu’est l’Esprit-Saint anime toujours l’Eglise et l’animera jusqu’à la fin des temps. Et nous aurons beaucoup de surprises lorsque, parvenus au terme de notre vie terrestre, nous verrons rétrospectivement l’histoire du peuple de Dieu, de l’“Israël de Dieu“ comme dit St Paul. (cf Ga. 6.16).

Aucun commentaire: