vendredi 7 mai 2010

Pâques 5 Vendredi - Concile de Jérusalem (2) - Ac 16, 11-15 - Jn 15,26 à 16,4

Vingt ans après la résurrection de Jésus, une communauté est née à Antioche ! Ses membres portent le nom de “Chrétiens“ ; ils proclament que le Christ est vivant ! Il est ressuscité ! Et ils ont le souci de porter cette “Bonne Nouvelle“ jusqu’en Asie Mineure ! Sûrement une Eglise vivante...

Naturellement, des non-Juifs, des païens adhèrent à cette “Bonne Nouvelle“. Ils deviennent chrétiens. Mais faut-il leur imposer les coutumes des premiers chrétiens qui sont Juifs, qui ont gardé des habitudes juives ? En cette ville très cosmopolite (comme toutes les villes du bassin méditerranéen), le problème n'est pas d'ordre racial ; il est beaucoup plus large et profond : Faut-il, oui ou non, garder la religion juive en adhérant au Christ ?

C’est une question permanente… Certes, aujourd’hui, il ne s’agit plus de circoncision ou de rites de purification, fréquents chez les Juifs. Mais n’avons-nous pas tendance, parfois, à imposer pratiques, habitudes, manières de faire et de penser à ceux qui sont “en recherche“ de Dieu ? … Et paradoxalement, en sens inverse, nous dédaignons certaines pratiques de personnes éloignées de l’Eglise.

En lisant rapidement notre lecture, il peut paraître choquant que les premiers chrétiens aient perdu du temps, fait de si longs voyages, réuni les Apôtres à Jérusalem, se soient affrontés durement pour garder ou non certaines coutumes. La paix à conserver, la charité à promouvoir ne commandaient-elles pas de tout garder dans l’ordre établi ? Mais alors, l'Eglise se serait-elle ouverte à d'autres civilisations, à d'autres peuples ? St Paul aurait-il pu fonder des communautés en terre non juive ?

C’est que l'unité de l'Eglise est toujours à faire. Or, ce qui nous unit, ce ne sont pas d'abord des pratiques communes, c'est d'aimer le Seigneur en manifestant l’amour de Dieu pour tout homme comme lui-même l’a fait ! Le Christ est mort et ressuscité pour tous, dira St Paul ! Aussi la question demeure face à des mœurs, des coutumes, des façons de penser ou d’agir !

Bien sûr, il y a toujours danger à une "mise en question ". A Antioche, comme chez nous, il y avait tentation de se donner soi-même des réponses aux questions ainsi posées, et réponses diamétralement opposées selon les groupes.  Malheureusement, cela s’est vu dans l’Histoire de l’Eglise.

Et c’est toujours d’actualité (Ex. en Amérique latine)! Certains ont toujours tendance à affirmer leur fidélité par des pratiques dont ils ont hérité. Peut-on le leur reprocher ?  D'autres croient très relativises ces pratiques en pensant que tout est possible, permis…, Ont-ils tort ? …

Les uns et les autres ont tort si on oublie que nous ne sommes pas des dirigeants d'une entreprise, mais seulement les témoins de Quelqu'un. Certes, “tout est à vous“, dira St Paul ! Le monde, la vie, le présent et l’avenir, tout est à vous, “mais vous, vous êtes au Christ ; et le Christ est à Dieu”. Notre mission n'est pas principalement de rassembler du monde sur des manières de faire, d’agir. Notre mission est d'être au service de Quelqu’un, d'une Parole qui nous dépasse, la Parole de Dieu, Verbe fait chair, Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité. Notre fidélité, c'est de témoigner du Christ toujours présent en nous et autour de nous !

Alors, comment faire ? Les Chrétiens d'Antioche n'ont pas tranché seuls. Ils ont envoyé Paul et Barnabé vers les Apôtres ! Oui, les solutions ne peuvent être trouvées qu'en acceptant humblement de tout soumettre à la Communauté qu'est l'Eglise réunis autour des apôtres, autour de Pierre à qui il fut dit : “J’ai prié pour que ta foi ne défaille pas !“. La Communion autour de Pierre et des apôtres !

Jésus lui-même nous donne deux autres clefs qui nous permettent de garder cette unité toujours fragile tout en étant accueillants à tous les hommes et aux nouveautés. La première clef, c'est l'Amour. La fidélité, c'est d’aimer… Jésus-Christ. A force de la répéter, cette formule peut paraître banale et un peu enfantine ! C'est pourtant ce sur quoi Notre Seigneur insiste juste avant sa mort : “Si quelqu'un m'aime, il restera fidèle à ma Parole !".

La deuxième clef que Notre Seigneur nous donne, c'est le don de l'Esprit-Saint qu’il nous a promis. Seul l'Esprit peut nous guider pour concilier, dans l’amour du Christ, ce qui peut paraître parfois contradictoire : tenir fermement à ce que nous avons reçu du Seigneur et nous ouvrir largement pour semer la Parole de Dieu si nous voulons que le monde la reçoive. En cela, seul l'Esprit-Saint peut nous guider.

Et l’accueil de l’Esprit de Dieu en nous suppose toujours une très grande humilité. Mais c’est alors que nous pourrons répéter avec les apôtres cette formule si extraordinaire et si saisissante qu’il nous faut la méditer : “Nous et l’Esprit Saint avons décidé que…“. Aussi faut-il toujours nous demander de quel esprit nous sommes, savoir “discerner les esprits“ (I Co. 12.10) “pour voir s’ils sont de Dieu“ (I Jn 4.1), car “tout esprit qui divise Jésus n’est pas de Dieu !“ (I Jn 4.3).

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