dimanche 18 décembre 2016

Naissance de Dieu en nous !

4ème Dimanche de Carême 16/A

La richesse et la profondeur de ce texte d'évangile ont peut-être, à première vue, toutes les chances de crisper nos mentalités de chrétiens portés, avec nos contemporains, à tout mesurer à l'aune de la science !

Et pourtant, St Matthieu, dans sa sobriété, nous situe au palier le plus profond de la réalité : la présence agissante de Dieu en l'homme, en tout événement humain, même dans un événement qui, de prime abord, pourrait apparaître comme scandaleux, puisque Marie attend un enfant au grand étonnement de Joseph.

Remarquons d'abord qu'en insistant pour relier Jésus à un homme et une femme, Matthieu nous dit que Dieu n'agit pas en dehors de l'histoire des hommes ; c'est à travers le rôle d'un homme et d'une femme qu'il va poser le geste définitif de sa venue dans le monde.
Cela va très loin pour notre connaissance de Dieu :
Dieu n'est pas à chercher spécialement dans les nuages, dans les apparitions remplies de tonnerre et d'éclairs, comme pour Moïse,
ni dans des déchirements apocalyptiques du firmament, comme pour le prophète Daniel,
mais bien davantage dans l'histoire quotidienne des hommes, dans l'histoire, somme toute banale, d'un homme et d'une femme au fond de la Palestine.

St Matthieu semble nous dire : Dieu est là où sont les hommes, dans leurs aventures, dans leurs recherches ou dans leurs découvertes, dans leurs amours interrogatifs ou comblées.
Dieu est toujours là, même dans les méandres parfois incompréhensibles de nos existences. Et c'est à cette sorte de présence divine à laquelle Marie et Joseph ont acquiescé.
 Et nous ? Dieu est là ! En ma vie ! Saurais-je le reconnaître ?

Déjà l'homme de l'Ancien Testament l'avait bien compris, lui qui définissait Dieu comme celui qui dit : " Je suis pour vous ce que je suis pour vous" - ou encore - "Je serai pour vous ce que je serai pour vous".
En d'autres termes, Dieu peut toujours se faire connaître par ses actions dans l'histoire des hommes,
telle qu'elle se déroule aujourd'hui,
telle qu'elle se déroulera demain.
Et même, de ce qui nous étonne, de ce qui peut nous paraître déconcertant, Dieu peut toujours faire jaillir du bien. Sa présence !
Et l'homme est appelé à rendre visible, par ses actes d'homme, cette présence de Dieu au monde.

Première leçon de Joseph ! Il cherche et il trouve Dieu même dans un événement déconcertant. Il trouve parce que, avant tout, il cherche cette présence de Dieu parmi les hommes.

Mais Matthieu va encore plus loin, en parlant du rôle de l'Esprit dans la naissance de Jésus. Si Dieu agit parmi les hommes, c'est pourtant toujours Lui qui prend l'initiative de l'action. Malgré l'apparente banalité du processus biologique de la naissance d'un enfant, il y a, dans la naissance de Jésus, qui sera le sauveur des hommes, l'initiative d'amour absolument gratuit de Dieu.
Ce ne sont pas les hommes qui se donnent Celui qui sera l'Homme totalement réalisé, même si celui-ci naît dans les limites de la pauvreté d'un homme, d'une femme ; c'est toujours Dieu qui, à travers une naissance humaine, prend l'initiative de se donner aux hommes.

En prenant conscience de ce fait, bien des questions se résolvent.
Ce ne sont pas les hommes qui, par une magie quelconque, réussiraient à s'emparer de Dieu et à se Le donner. Certes pas !
Cette gratuité absolue et permanente de l'intervention de Dieu fait de sa présence dans le monde une réalité permanente et toujours nouvelle.
En effet, si Dieu a voulu venir au monde à travers un enfant au point que son Nom divin soit lié au nom d'un homme, d'une femme, c'est pour marquer que Dieu a l'habitude de se faire connaître à travers le nom des hommes, et d'être, sous des visages multiples, toujours nouveau pour ceux qui le cherchent. Tel un Clovis qui veut connaître le "Dieu de Clotilde" ! Grande leçon ! Importance de notre témoignage.
Sauf désormais, cependant, qu'il ne sera plus possible de nommer Dieu totalement sans prononcer le nom de Jésus. Bien sûr ! Mais retenons bien que Dieu a toujours l'initiative de sa présence divine parmi nous à travers les hommes eux-mêmes.

De plus, - troisième réflexion - puisque le Dieu Unique a l'habitude de se faire connaître à un autre personne unique, telle Marie, tel Joseph, ne vaut-il pas mieux comprendre sa présence au milieu de nous, en nous, à la façon d'une personne qui se découvre aimée, et parce que aimée habitée par quelqu'un, par l'Esprit de Dieu comme pour Marie ?

Tous les Saints le disent : la foi est avant tout une "co-naissance", une "naissance avec l'autre", avec Dieu qui vient naître en nous-mêmes pour nous aimer jusqu'au plus profond de nous-mêmes.    

Aussi, en ce temps d'avent, le récit de Matthieu me renvoie à moi-même dans ma "naissance-avec-Dieu", dans ma "co-naissance" de Dieu à travers Jésus.
Dieu est-il toujours pour moi l'être neuf qui m'interpelle le premier par mon nom à travers le nom de Jésus ? Dieu est-il toujours pour moi celui qui me prévient et m'enveloppe de son amour à travers l'amour de Jésus ? Finalement, "le chrétien n'est pas finalement un homme qui aime Dieu en Jésus-Christ ; c'est plutôt un homme qui croit qu'il est aimé de Dieu, habité de Dieu en Jésus-Christ".

Et c'est sans doute dans cette certitude que fut formulée la dernière réflexion de Joseph qui, après son interrogation, prit chez lui, Marie, son épouse.
Il accueille l'amour prévenant de Dieu, de ce Dieu qui a toujours l'initiative de sa présence active parmi les hommes…

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