St Jean - 27.12.16
Fête de St
Jean, du "disciple bien-aimé".
Jean a d'autres titres : apôtre, évangéliste, prophète de l'Apocalypse ; il est
ce "fils du tonnerre",
comme le surnommait Jésus avec son frère Jacques. Pourtant, le seul titre dont
il se sert lui-même pour se désigner, c'est le "disciple que Jésus aimait". Jean a été l'ami de
Jésus, l'ami avec tout ce que cela suppose d'unique, d'intimité, de tendresse,
de communion profonde.
Le "disciple que Jésus aimait" ! Amour
non exclusif, car Jésus n'aimait pas moins les autres disciples. On n'aime
jamais moins, on aime toujours et autant, mais autrement et différemment.
Ce titre de "disciple que Jésus aimait"
veut dire que Jean a perçu le sens de sa vie à travers l'amitié de Jésus, cette
amitié que Jésus a eue certainement pour d'autres. Mais lui, Jean, en a fait le
tout de sa vie. Avoir été l'ami de Jésus, avoir partagé si profondément tous
les instants du cœur de Jésus, c'est cela qui, pour Jean, fut décisif,
fondamental. Rien de subjectif en cela ! Mais ce qui fut le résumé de toute
sa vie fut l'amitié avec Jésus.
Si Jean est
l'auteur du 4ème évangile, le prophète de l'Apocalypse, le théologien qui nous
a conduits plus loin avec son regard très pénétrant... - regard comparé à celui
d'un aigle, car, dit-on, les aigles peuvent fixer le soleil de leur regard -
...si Jean nous a conduits plus loin avec son regard très pénétrant dans la
connaissance du mystère de Dieu, c'est parce qu'il a été l'ami de Jésus. Quand
Jean s'est penché sur la poitrine du Christ, quand il a posé sa tête sur la
poitrine de Jésus au cours de la dernière cène, toute la tradition nous dit :"Il
a bu au cœur du Christ les sources de son évangile".
Effectivement,
quand on lit l'évangile de St Jean, ce qui frappe, c'est qu'il a son style bien
à lui, ce style que l'on retrouve dans ses lettres. Et pourtant, les paroles du
Christ qu'il transmet - sans avoir pris de notes journalistiques, évidemment -
nous atteignent avec une telle vérité, une telle intensité, un tel frémissement
de vie, qu'instinctivement nous pensons qu'elles viennent de sortir du cœur
même du Christ pour nous atteindre de façon personnelle, immédiate. Jean s'est
tellement identifié à Celui qui l'aimait, il a si profondément communié par son
cœur au cœur du Christ, son bien-aimé, qu'il n'y a plus de différence entre la
manière dont Jésus parlait et celle que Jean emploie pour nous transmettre le
message divin. On dirait que les paroles du Christ jaillissent directement du
cœur de St Jean avec la même vérité que lorsqu'elles jaillissaient du cœur du
Christ quand il les prononçait. Voilà ce
que fait une amitié profonde, une amitié de vie !
Mais plus
encore, cette amitié de Jésus a permis
ç Jean d'aller jusqu'au cœur du mystère de Jésus, du mystère de Dieu.
Car si Jean a reposé sur la poitrine de Jésus au cours de la dernière cène,
s'il a reposé dans le sein de Jésus, il est également vrai, - c'est le même St
Jean qui le dit -, que "de
toute éternité le Fils repose dans le sein du Père". C'est
le même mot qui est employé ces deux fois : le sein du Père dans lequel Jésus
repose et le sein de Jésus sur lequel Jean repose.
Il y a comme
une continuité vitale entre l'intimité du Père et du Fils et l'intimité
de Jésus avec le "disciple qu'il aimait". C'est dans cette
intimité amicalement partagée que Jean a découvert le secret de la vie de Jésus
: son amour pour le Père. Et si St Jean a su nous révéler que "Dieu est amour", c'est
parce qu'il a découvert, dans cette relation d'amitié avec Jésus, la
relation intime d'amour qui constitue le mystère de la Sainte Trinité : le
Père et le Fils vivent, dans le souffle de leur Esprit commun, le bonheur
unique de l'amour qui est le secret profond du mystère de Dieu.
Et parce
qu'il a découvert ce secret divin è travers l'amitié de Jésus, Dieu fait homme
devenu son ami, que Jean a compris que toute vie chrétienne doit se résumer
dans cet amour que nous devons avoir les uns pour les autres, dans cet amour
qu'il avait reçu de l'amitié de Jésus : "Aimez-vous
les uns les autres comme Je vous ai aimés !", disait Jésus. Et
Jean savait de quoi il parlait.
Plus encore, Jean a bien compris que cet amour dont Jésus
l'avait aimé, était l'amour même dont le Père aimait Jésus : "Père, qu'ils soient un comme nous
sommes un !" disait Jésus. "Toi en Moi et Moi en eux, afin qu'ils soient eux-mêmes accomplis,
parfaits dans l'unité !"
Cette chaîne
d'amour, Jean l'a vécue directement. Il a été l'ami de Celui qui est le
bien-aimé du Père, l'ami de Celui qui était venu nous révéler l'amour du
Père, pour que nous soyons les uns les autres, des frères bien-aimés.
C'est
pourquoi, quand Jean s'adresse à ses disciples, Jean aimait leur parler avec
cette tendresse : "Petits
enfants !", ou encore : "Mes
bien-aimés !". Ce n'était pas là sensibilité, sensiblerie, - n'oublions
pas qu'il était le fils du tonnerre et non un doux sentimental rêveur ! -, mais
Jean avait découvert, dans cette passion qui était sienne et avec laquelle il
aimait, le centre de sa vie, le centre
de toute chose, la signification ultime de tout l'univers et de toute la
création : l'Amour de Dieu !
Soyons
aujourd'hui dans l'action de grâce - celle que nous venons d'exprimer à Noël, car
Jésus, le Fils de Dieu fait homme, n'est pas l'ami seulement de Jean, mais Il est
l'ami de chacun. Car le propre du cœur de Dieu, c'est d'être capable
d'aimer, comme un être unique, chacun de tous ceux qu'Il aime parce qu'Il les a
créés "à son image et
ressemblance", à cette image et
ressemblance qu'il est venu restaurer en chacun de nous. Car "Dieu est Amour".
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