dimanche 28 décembre 2014

L'enfant du monde à venir !

28 Décembre   -   Sainte Famille 2014/B  - 

Après la fête de Noël, toute récente, dont la lumière de Dieu parmi les hommes réchauffe nos cœurs, je voudrais ne pas être trop long pour ne pas nous éloigner de cette lumière divine de Bethélem !

Cependant, durant quelques instants… admirons, contemplons le grandiose tableau que présente l'évangile.

Un vieillard porte en ses bras un tout jeune enfant. La lumière et les ombres jouent sur les rides de l'ancien ; et le sourire de l'enfant croise celui du vieillard qui s'éclaire d'une lumière venue du fond des âges, lumière qui se nuance cependant de tout ce qu'elle a vu au long des générations.
Et cette lumière, dans ce regard du vieillard, vibre encore, au contact de l'enfant, du désir de vivre au-delà de la vie. On dirait que les yeux de l'un s'allument à la lumière de l'autre avec la distance et la proximité des générations, comme dans une course de relais où l'effort de celui qui achève donne naissance au dynamisme de celui qui commence..

Vous avez certainement été le témoin d'une scène semblable. Entre le vieillard et l'enfant surgit une complicité d'aspiration à la vie, celle de cette terre et celle de l'au-delà de cette terre.
Leurs regards avec leur poids de rêves, de questions et de désirs n'épuisent pas la fraîcheur d'être. La nouveauté de l'enfant est comme la garantie d'une vie nouvelle pour le vieillard. Le regard chargé de l'expérience des ans et le regard vif de tout l'avenir embrassent, pour ainsi dire, tout l'univers (tout ce qui peut exister). "L'homme fertile déborde de ce qui ne s'achève pas", a-t-on dit (A. Chédid).

C'est ainsi que j'imagine la rencontre de Syméon et de Jésus, dans le Temple. Syméon - et tout le peuple avec lui - est entièrement tendu vers le Messie de Dieu. Et, par la lumière de l'Esprit-Saint, qui va-t-il reconnaître en cet enfant ? - "Mes yeux, dit-il, voient ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples. Lumière pour éclairer les nations païennes, et gloire d'Israël ton peuple !". Syméon, au seuil de son éternité, découvre l'enfant du monde entier, l'homme selon le cœur de Dieu malgré l'occupation romaine et toutes les cruautés de son temps, l'homme "à l'image et ressemblance de Dieu" !

Et nous, savons-nous regarder l'enfant de notre temps, cet enfant du troisième millénaire après la naissance du Fils de Dieu ? Savons-nous le contempler, cet enfant d'aujourd'hui, avec toute la riche lumière que le Christ nous a apportée depuis deux mille ans. Sommes-nous prêts à transmettre le trésor de la présence, de la naissance de Dieu à l'enfant d'aujourd'hui, à l'homme de demain afin qu'advienne "le salut pour tous les peuples" à venir ? Malgré nos fatigues, nos doutes, sommes-nous encore tout tendus d'espérance pour transmettre à l'enfant du monde actuel le relais de la lumière de Bethléem qui éclaire tout homme venant en ce monde ?

Joseph et Marie s'étonnent, dit l'évangile, de ce qui vient d'être dit. Ils pensaient peut-être, de prime abord, comme beaucoup de parents, que l'enfant était à eux, pour eux.
Mais non ! Ils ne peuvent et ne pourront jamais l'enfermer : il est pour demain ; il est à tous, pour tous. Sa vie est en avant, au-delà du cadre familial et des frontières nationales. Il est proclamé "salut des nations", et pas seulement celui d'Israël. Son cœur doit se mettre a la pleine mesure de l'homme voulu par Dieu, en faisant craquer de plus en plus les égoïsmes rétrécis et ouvrir tous les regards à l'immensité du monde divin.
Et ainsi apprennent-ils, les parents, la mission qui est désormais la leur. Marie conservait tout cela en son cœur, est-il dit…, comme une lumière pour sa propre vie - Et nous-mêmes savons-nous collaborer à l'œuvre de Dieu en portant en nos bras l'enfant du monde présent pour qu'il accomplisse, grâce à l'Esprit, le salut auquel Dieu l'appelle ?     N'est-ce pas l'un des sens du baptême d'un enfant ?

Certes, comme pour l'enfant Jésus, ceux qui tiennent leurs portes fermées se dresseront contre lui.
Et ceux qui tenteront de le retenir pour eux-mêmes ou ceux qui voudront le mettre à la mesure de leur cœur rétréci se condamneront à la solitude.
Ainsi sera-t-il "signe de contradiction" quand il voudra instaurer la communion, quand son regard se répandra sur tous les hommes de toutes les races et de toutes les nations pour faire de l'humanité une fraternité, celle qui vient de Bethléem !

Aussi, devant tout enfant, avec cet autre vieillard, St Jean, ne cessons jamais, en passant le seuil de toute nouvelle année, de fredonner ce refrain éternel :
"En lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes...
Le Verbe était la Vraie lumière
qui, en venant dans le monde, illumine tout homme...
A ceux qui l'ont reçu,
à ceux qui croient en son nom,
II a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu."
               Et nous le sommes !".

Et déjà : Bonne et heureuse année à tous !

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