vendredi 26 décembre 2014

Du commencement à la fin !

26 Décembre   -      St Etienne :.

La première fête que l’on célèbre après Noël est celle de St Etienne, le premier martyr ! Est-ce un hasard ? Les spécialistes de la liturgie et de son histoire se sont penchés sur la question. Certains pensent que, plus ou moins consciemment, la fête du premier martyr (protomartyr) a voulu illustrer la grande loi de la pédagogie divine qui préside au développement de l’Histoire Sainte.

Cette loi a été formulée par l’écrivain français Jean Guitton, à propos de Marie : “Les commencements sont toujours riches de signification, contenant déjà en germes ce qui va se développer par la suite.
C’est en effet un des caractères de la conduite de Dieu sur l’Histoire de ramasser
en de certains moments critiques
ou en de certains êtres privilégiés,
ce qui doit, par la suite, se développer longuement, se déployer et s’expliciter.
Ainsi, l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir de ce qui n’est pas encore…“.

Ainsi avons-nous contemplé, en la nuit de Noël, la Vierge Marie qui, aujourd'hui, nous apparaît au sommet de la Création ; elle n’est pas seulement derrière nous dans le mystère de Bethléem, mais elle est devant nous comme elle daigne apparaître parfois, resplendissante, glorifiée de la gloire divine dans son âme et dans son corps. Elle est en avant de nous en son mystère de maternité éternelle pour stimuler notre marche vers le Royaume où les croyants seront véritablement engendrés comme "fils de Dieu" ! Sa maternité du Fils de Dieu venue sur terre annonce et explicite sa maternité des "fils de Dieu" que nous devons être parfaitement dans le Royaume d'éternité !

Les Juifs, dans un cantique qui est chanté le jour du Shabbat, ont la même réflexion spirituelle : Parce que le shabbat est au terme de l’œuvre des sept jours de la création, il sera également le terme de notre vie quand nous partagerons le "repos" éternel du Seigneur. Le terme de l’œuvre, ce qui arrivera à la fin, habite dès le commencement, de toute éternité, dans la pensée du Créateur.

Les artisans, artistes, dès le départ de leur recherche artistique, disent la même chose : ce qui est dernier dans l’ordre de l’exécution est premier dans l’ordre de l’intention. Le chef d’œuvre qu’ils veulent réaliser au sommet de leur labeur, ils le voient dès qu’ils commencent à travailler en ouvrant leur atelier ou leur chantier.

Et on pourrait énumérer bien des applications de cette "pédagogie divine" inscrite dans la création, dans le cours de l'"Histoire Sainte", de notre "histoire religieuse" : Les gens mariés (par exemple) se retournent facilement vers la période idyllique de leurs premières amours pour revivifier leur élan d'union lorsqu’il s’agit d’affronter la banalité de l’existence, l’éducation des enfants, les difficultés quotidiennes à résoudre.
Bien plus, ils savent que leur initial amour mutuel sera, par la puissance du sacrement reçu, "transfiguré" en "Dieu-Amour", en "Dieu-Trinité", en "Dieu-Famille", à leur profit et au profit des leurs, alors même qu'ici-bas ceux-ci semblent parfois très éloignés de ce que leur amour mutuel a désiré leur transmettre. Leur amour initial et sacramentel annonce un amour familial et sanctifié en Dieu !
“Les commencements, disait Jean Guillon (à la suite de la lettre aux Hébreux) contiennent déjà en germes ce qui va se développer par la suite... Ainsi, l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir de ce qui n’est pas encore…“.

Pour en revenir à St Etienne, l’Eglise n’a-t-elle pas obéi à cette grande loi,
- pour faire goûter aux "premiers chrétiens", dès le commencement, l’absolu de la première spiritualité chrétienne qui fut la seule jusqu’à la conversion de l’Empire au Christianisme, celle du martyre, du don de soi par amour pour Dieu, par amour pour ses frères, à l'exemple du Christ...,
- pour faire goûter à tous les disciples du Christ, l'absolu de leur vocation, celle qui est inscrite au fond de notre être par le caractère baptismal et qu’exprime si bien St Paul, dans l’épitre aux Philippiens, par exemple : “Nous tous, les "parfaits" (déjà "au commencement" par notre caractère baptismal), comportons-nous donc ainsi, et si, en quelque point, vous vous comportez autrement, là-dessus aussi Dieu vous éclairera. En attendant, au point où nous sommes arrivés, marchons dans la même direction(Philip. 3.15). - "Il nous faut marcher, dira St Jean, dans la voie où lui-même (le Christ) a marché..." (I Jn 2.6).

Aussi, St Paul encouragement son disciple Timothée :
“Combats le beau combat de la foi, conquiers la vie éternelle à laquelle tu as été appelé, comme tu l'as reconnu dans une belle profession de foi en présence de nombreux témoins.
Je t'ordonne en présence de Dieu qui donne vie à toutes choses, et en présence du Christ Jésus qui a rendu témoignage devant Ponce Pilate dans une belle profession de foi : garde le commandement en demeurant sans tache et sans reproche, jusqu'à la manifestation de notre Seigneur Jésus Christ, que fera paraître, aux temps fixés, le bienheureux et unique Souverain, le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, le seul qui possède l'immortalité, qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n'a vu ni ne peut voir. A lui gloire et puissance éternelle. Amen“ (I Tim. 6.12sv).

Autrement dit, avec la fête de St Etienne au lendemain de Noël, affirmons avec force que le l'Amour de Dieu pour l'homme
 - manifesté au jour de la Nativité du Fils de Dieu parmi les hommes,
- proclamé fortement au jour de sa "Pâques", au jour rédempteur de son "passage" de mort à vie,
- annonce le jour glorieux de notre éternité où tous nous vivrons de Dieu-Amour, en Dieu-Amour !

St Jean n'avait-il pas raison de nous dire et de répéter sans cesse : "Dieu est Amour !"

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