NOEL 2014 (Messe de l' Aurore) -
"Allons
jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé !", disent les bergers.
"Ils
se hâtaient d’y aller !".
Il en est toujours ainsi en
notre vie spirituelle, il faut se mettre en route aujourd’hui encore et
toujours : "Allons jusqu’à Bethléem
pour voir ce qui est arrivé !".
Les
bergers découvrent "Marie, Joseph
avec le nouveau-né couché dans une mangeoire".
Nous
avons besoin nous aussi de ce réalisme des bergers pour découvrir Dieu !
La foi n'est pas le résultat d'évanescentes ou vaporeuses idées d'intellectuels
- ou supposés tels et souvent par orgueil -. Non ! Dieu se manifeste toujours dans
le concret d'une vie, d'une vie pauvre, et pauvre parce que humble
-, comme celle des bergers.
On
le sait : la Mishna (1), (Lois orales) classait le métier de berger parmi les plus méprisables, le Talmud
lui-même (2), (Lois écrites) doutant de leur capacité à suivre les prescriptions de la Torah ! Les
portes des Synagogues se fermaient souvent devant eux. Et le peuple les
considérait comme menteurs, voleurs... Bref, les bergers étaient les pauvres
d'entre les pauvres. Ils avaient les sentiers pour maison et le ciel pour
abri. C'est tout.
Un
Enfant leur était annoncé ! Ils voulaient voir ! - Avons-nous ce même
désir, le désir de Dieu ? -.
Ils
découvrirent une femme remplie de tendresse, de douceur pour son enfant.
Ils aperçoivent Joseph, l’homme juste qui est passé par
l’épreuve. Mais ils contemplent surtout l’Amour mystérieux qui émane de
chacun. Il est tout nouveau pour eux.
Une
voix s'était fait entendre ; un cantique mystérieux avait été entonné,
entraînant vers une joie inconnue !
Alors,
en l'enfant entouré d'amour, ils devinent : Dieu se fait proche, Dieu
se manifeste en cet enfant !
Par
ce nouveau-né couché dans une mangeoire, Dieu montre l'homme qu’il vient de
mettre au monde. En cet enfant, ils contemplaient l'avenir de l'homme, cet
homme nouveau et accompli dont parlera St Paul ! L'homme, pleinement "à l'image et ressemblance de
Dieu",
tel
que Dieu l'avait voulu au matin de la création,
tel
qu'il le veut au matin de la Rédemption,
tel
qu'il le désire au matin de son éternité !
Alors,
ils prennent leur temps. Et "après
l’avoir vu (l'enfant) ils racontèrent
tout ce qui leur était arrivé !". En racontant la visite de l’ange
de l’annonce, le chant des anges et les paroles reçues, ils prennent mieux
conscience encore que le ciel est en fête et que la terre exulte.
Oui, les bergers "racontèrent
tout ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant !". La
visite des bergers est un mystère pour Marie et pour Joseph comme le fut
l’annonciation ! Comme le fut la Visitation après l'Annonciation : c'est
dire que le message étant reçu, il doit se propager rapidement.
Et ce message étant venu jusqu'à nous, à nous de le transmettre !
"Marie cependant retenait tous ces évènements et les méditait dans son
cœur !".
Et les
bergers repartirent, ils glorifiaient et ils louaient Dieu pour tout ce qu’ils
avaient entendu et vu selon ce qui leur avait été annoncé.
Nous
vivons la fête de Noël au cœur de la nuit. Le jour se lève ; et le mystère se
révèle par la Parole qui nous vient de Dieu. Il nous faut intérioriser cette
expérience de "Dieu-Emmanuel" ! Il y a dans notre vie des annonces de
Dieu proche de nous ! Qu’en faisons-nous
? Les bergers, eux, se mirent en route pour annoncer la présence de Dieu !
Il
nous faut, nous aussi, nous mettre en route, tout remplis de foi, d'espérance,
d'amour, même si nous cheminons la nuit avant l'aurore de l'éternel jour
pascal... Et nous pouvons aller répétant comme St Jean de la croix, dans l'un
de ses poèmes :
"Je
sais bien la fontaine qui coule et bruit,
Encor
que ce soit de nuit !
Cette éternelle fontaine est en cachette,
Je sais bien où elle demeure secrète,
Encor
que ce soit de nuit !
En
cette nuit obscure d’une vie sèche,
Je
sais bien par la foi la fontaine fraîche,
Encor que ce soit de nuit !
Je
n'en sais l'origine, elle n’en a point,
Mais
sais que d’elle toute origine vient,
Encor que ce soit de nuit !
Je
sais qu’il ne peut être chose aussi belle,
Et que
les cieux et la terre boivent en elle,
Encor que ce soit de nuit !"
Et le
poète religieux terminait par ces deux stances qui m'enchantent :
"Cette éternelle fontaine est en
cachette
Dans ce pain
vivant qui vie pour nous sécrète,
Encor
que ce soit de nuit !
Cette
fontaine vive, que je désire
Dans
ce pain de vie, elle-même j’admire,
Encor que ce soit de nuit !"
Saint Noël !
Saint Noël !
(1)
(Mishna = répétition) : Compilation des lois orales, de la Tradition orale
(2) 'Talmud = étude) : Commentaires de la Torah
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