2 Février – Présentation du Seigneur au
temple !
Sommes-nous
prêts à redonner à Dieu tout ce qu’il nous a donné le premier ? Tout ce que nous
sommes, tout ce que nous avons ?
Aujourd’hui,
en cette fête de la Présentation de Jésus au temple, Marie est notre modèle. Elle nous montre la seule attitude qui soit
véritablement chrétienne : elle tient dans ses mains un petit enfant, le
sien, chair de sa chair, corps de son corps. Et que fait-elle de son
enfant ?
Elle le redonne à
Dieu,
et
elle le donne aux
hommes en la personne du vieillard Syméon !
Oui, Marie vient au
Temple parce que, d'abord, elle veut “rendre grâce“ ! Elle exprime ce
sentiment qui est le fondement de l’âme juive, qui doit être le fondement de
toute âme croyante. “Rendre grâce“ est même inscrit dans la signification du
mot “Juif“ (Yehudim). Un “Juif“ comme
Jésus et conséquemment tout chrétien ne doit pas cesser de rendre grâce.
Certes, l'homme est
conscient d’être le “roi de la création“ que Dieu a mise à sa
disposition.
Mais il en est
aussi le prêtre : il doit retourner à Dieu tout ce que Dieu lui a
donné, dans un grand sentiment de reconnaissance ! Il
"reconnaît parce qu'il "connait", il sait que tout vient de Dieu
!
- Le livre de
l'Exode demande : “Tu diras ce
jour-là : « Je te rends grâce, Seigneur »“ (Ex 12.1).
- Le livre des psaumes chante : “J’exulte de tout mon cœur et je rends
grâce à Dieu…“ (Ps
28.7).
- “Que les peuples te rendent grâce,
Seigneur, tous ensemble !“ (Ps 67).
- Et St Paul nous
enjoint de façon péremptoire : “En tout
temps, à tout sujet, rendez grâce à Dieu !“ (Eph 5.20).
On pourrait
multiplier les citations…
Oui, Marie et
Joseph, conscients que Dieu est toujours premier viennent au
temple ! Geste de de connaissance, de reconnaissance dans tous les sens du
mot : "Action de grâce", "Merci", "Magnificat".
Mais geste encore
de dépossession de soi. Marie
le comprendra de plus en plus… : “Cet
enfant n’est pas à moi, semble-t-elle dire, il est à toi, Seigneur. Je le reconnais : Tu es son Père”.
C’est une reconnaissance de paternité divine et un renouvellement de sa propre
consécration au jour de l’Annonciation : “Je suis la servante du Seigneur”.
Comme Abraham
autrefois pour Isaac, Marie sacrifie son Fils entre les mains de Dieu. Mais il
n’est plus question de l’immoler comme une victime, mais de l’offrir. Sacrifier
ce n’est pas obligatoirement détruire - loin de là -, c’est “faire sacré“, c'est
consacrer.
Marie, en
présentant son enfant, pouvait prier ainsi : “Que ton Nom de Père soit sanctifié“, c’est-à-dire reconnu comme
saint, souverain, premier. "Que le
Nom de mon Fils qui est ton Fils soit sanctifié",
c’est-à-dire que cet enfant soit reconnu par moi, et ensuite par tous les
hommes comme étant en relation étroite, exceptionnelle avec toi, son Père.
C’est ton Fils Unique, le Saint de Dieu, qu’il faut sans cesse “écouter“ ! - "Ecoutez-le
!", demandera Dieu, au jour de la Transfiguration.
Comme ils ont
raison les parents chrétiens de s’empresser, dans la mesure de leur foi, de porter à l’Eglise, Temple de
Dieu, leur enfant, pour le présenter à Dieu, notre Père, pour le “sacrifier”,
le sanctifier, le consacrer ! Il portera désormais, lui
aussi, grâce au Christ, Frère aîné, le nom de “fils de Dieu”.
Ce baptême des
petits enfants n’empêche nullement, bien sûr, - au contraire -, une série de
renouvellements conscients, personnels au cours des divers âges de la
vie ! Ce n’est qu’à douze ans que Jésus lui-même parlera de son Père pour
la première fois dans l’Evangile : “Je
dois être aux affaires de mon Père !”.
Et, plus encore,
pour Marie, il ne s’agit pas seulement de redonner son enfant à Dieu ;
elle va jusqu’à le donner aux hommes.
Elle est tout le contraire d’une mère possessive. Elle remet l’enfant entre les
mains du vieillard Siméon qui, inspiré par l’Esprit Saint, comprend la
portée de ce geste : “Mes yeux ont
vu ton salut que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour
éclairer les nations…” – “Maintenant tu peux laisser mourir en paix ton
serviteur”. Cet enfant lui donne envie de mourir ! C’est déjà le
mystère pascal : la mort est vaincue, puisqu’elle ne fait plus peur en quelque
sorte… Vraiment, cet enfant, parce qu’il est “redonné” à Dieu, reconnu Fils de
Dieu, est le Sauveur, Sauveur d’Israël, Sauveur de tous les hommes ! Car il a cette puissance divine qui lui
permet d’avoir “les issues de la mort
elle-même“, de toute mort ! C'est, déjà, l'annonce du mystère pascal,
ce passage de mort à vie !
Avec Marie, prenons
le temps, nous aussi :
- de remercier Dieu pour tout ce
que nous avons et pour tout ce que nous sommes, d’offrir à Dieu tout ce que
nous avons reçu de lui.
- et d'offrir également tout ce que
nous sommes et tout ce que nous avons à tous ceux avec qui nous vivons… !
Mais comment
faire ? Une réflexion seulement. En Orient, cette fête de la Présentation
est appelée “Fête de la Rencontre” ! Dieu rencontre les
hommes !
Il suffit d’être
attentif, de se savoir sans cesse sur la trajectoire de Dieu qui passe…
pour nous rencontrer !
- Syméon n’avait
pas prévu de rencontrer le Messie sous une forme aussi inattendue que celle
d'un bébé. Mais, pourtant, c'est Dieu qui passait…
- Et tous ces
pêcheurs du lac de Tibériade s’attendaient-ils au passage de Dieu près du
rivage ?
- Et
Nathanaël… ? Et Zachée… et tant et tant d'autres ? Dieu ne cesse de
passer... Il nous suffit d'être attentifs !
Là encore on peut
multiplier les exemples. La petite Bernadette qui allait ramasser du bois près
d’une grotte à Lourdes…, s’attendait-elle… à dialoguer avec Marie ?
Exemples
extraordinaires, certes ! Mais nous-mêmes, simples chrétiens ou prêtres, religieux...,
n’avons-nous pas perçu, comme dans le souffle d’une brise légère parfois (dans “l’éclatement d’un silence“, dit le
texte à propos du prophète Elie) le passage de Dieu qui invitait à le
rencontrer…, à le rencontrer vraiment ?
Fête, donc, de la
"Rencontre" !
Mais quel est
donc le facteur de cette rencontre ? Comme à l'Annonciation, à la Visitation,
à la Pentecôte et en bien d'autres circonstances, comme en nos rencontres avec
Dieu, le principal acteur est l'Esprit Saint. “Poussé par l’Esprit Saint, dit le texte, Syméon vint au temple…“.
Oui, l'Esprit-Saint
est le merveilleux secret de cette rencontre. Il est l'unique secret de toute
rencontre sur la terre, entre Dieu et chacun de nous. Et de ce fait, il est le
secret de toute rencontre véritable entre les hommes ! Syméon aurait pu ne
pas obéir à cette sollicitation… de l’Esprit Saint ! Savons-nous écouter
l'Esprit de Dieu en nous-mêmes ?
Vraiment, l'Esprit
Saint est le don par excellence et Jésus n'est venu sur terre que pour nous le
donner : "Il vous est bon que je
m'en aille ; sans cela, l’Esprit ne pourrait venir" (Jn 16/7). Il est l'âme de
l'Eglise, la source de toute véritable vie, de toute joie, de toute harmonie.
“Ceux-là sont fils de Dieu qui sont conduits (pressés, poussés)
par l’Esprit Saint“ (Rom 8.14), dit St Paul. Plus nous croirons possible la présence
amoureuse de l'Esprit Saint en nos rencontres les plus familières, en nos
actions les plus habituelles, plus Dieu pourra réaliser pour nous, par nous la
splendeur si cachée et si réelle de cette rencontre que l’Evangile nous
présente aujourd'hui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire