mardi 25 février 2014

Prier !

7ème T.O. Mardi  

"Vous priez, mais vous ne recevez rien, parce que votre prière est mauvaise !"

Qu'est-ce donc que prier comme il faut ?
Je ne saurais bien vous répondre, car je crois que la prière est un secret, un secret d'amour entre Dieu et chacun d'entre nous..., un secret qui dépasse le langage et même la raison... Un secret difficile à divulguer, car seuls les habitants du ciel peuvent le comprendre et nous aider nous-mêmes à l'approfondir. Un secret qui est déjà comme un accès au Royaume de Dieu !

Ici-bas, il nous faut plutôt regarder des témoins de la prière. Ils sont - fort heureusement - nombreux !
Un des plus grands, me semble-t-il, est le roi David. Parce que ce roi - si actif, si nerveux, si impétueux et même grand pécheur - priait ; il priait tout le temps. Les psaumes qui lui sont attribués l'attestent : "Du roi David quand il coupait (malicieusement) le manteau de Saül..., de David quand le Seigneur le délivre de ses ennemis..., de David quand il fuyait..., de David après sa faute..." etc. Sa vie était une prière. Il chantait sa vie devant Dieu - avec heurs et malheurs -  ! Il priait tout le temps !

Autrement dit, il ne faut pas attendre d'avoir une disposition parfaite pour commencer à prier, sinon - c'est certain - on risque de ne jamais prier.
Certes, il faut des moments privilégiés pour la prière ; et St Benoît nous en parle suffisamment. Et notre vocation n'est-elle pas de prier au nom de l'Eglise, pour l'Eglise, pour tous les hommes, durant de longues heures, chaque jour ?
Cependant, il faut prier en toutes circonstances et principalement en les circonstances douloureuses, difficiles, pénibles et même en ces moments qui peuvent nous entraîner à nous détourner de Dieu. C'est là que David est pour nous un grand Maître en spiritualité. C'est un Maître parce que, en toutes circonstances - et surtout en la circonstance de ses errances, de ses fautes -, il n'a jamais été un "Tartuffe". Il nous enseigne que la première disposition à la prière, c'est simplement de laisser Dieu balayer le fond de son cœur : "Tu aimes la vérité au fond du cœur !" (Ps 50). Oui, la prière est vérité et amour ! Elle une preuve, comme je le disais hier, que la charité ne peut se faire sans la vérité ; et la vérité ne peut s'exprimer sans la charité !

Ainsi donc, avec David, on prie non seulement quand on peut prendre la position parfaite (et il y a des spiritualités qui enseignent cela !), mais dans toutes les circonstances de l'existence telle qu'elle se présente ! Au lieu de se cacher - tels Adam et Eve en leur paradis terrestre - derrière les arbres du jardin de notre cœur quand on a péché - car le juste peut pécher jusqu'à sept fois (indéfiniment) dit le livre des Proverbes (Prov. 24.16) -, on laisse la lumière de Dieu balayer le fond de son cœur dans une véritable repentance qui est bien autre chose qu'une culpabilité morbide. Et Dieu, alors, peut nous prendre par la main pour nous relever - "le juste pourra tomber sept fois, il se relèvera !" (id) - ... Dieu nous relèvera pour une plus grande communion avec lui !

Ainsi, le premier réflexe de la prière, c'est d'entendre cette invitation, non seulement au début de chaque jour, mais à chaque instant : "Aujourd'hui (en ce moment), n'endurcissez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur !" (Ps 94). Entendre cette invitation pour mieux répondre : "Seigneur, viens à aide, Seigneur, à notre secours !".
Dieu nous donne alors une grâce toujours plus grande, nous dit St Jacques. Car il est dit : "Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne sa grâce aux humbles !". Et David à qui fut promis un descendant pour qui Dieu sera un Père (2 Sam 7.14), nous conduit directement à la prière de Marie, la Mère de Jésus : "Le Seigneur a porté son regard sur son humble servante... Il vient en aide à Israël selon sa promesse". Marie, elle aussi, nous enseigne l'humilité pour prier.

Et avec elle, très vite, nous nous immergeons dans l'action de grâce et allons répétant, sans la savoir précisément, cette prière que tout Juif - et donc Marie, et donc Jésus lui-même - ne cessait de répéter : "Béni sois-tu, Seigneur, Roi de l'Univers, qui tous les matins (à chaque instant), dans ta tendresse, renouvelle l'œuvre de ta création", et ce, jusqu'en moi-même - "crée en moi un cœur pur" -, car "sans toi je ne suis rien !".

Et ensuite - comme naturellement - le priant se laisse envahir par la Parole de Dieu, se laisse ensemencer par le Verbe de Dieu, afin d'être un ce des arbres qui, selon leurs espèces, selon les temps, donnent des fruits, 30, 50, 100 pour un !

Il est dit que Jésus s'éloignait souvent pour prier, pour tout recevoir de son Père, pour toujours accueillir l'Amour de son Père et le transformer en Amour filial sous l'action de leur Esprit commun, leur Esprit d'Amour. Et sa prédication ne devait être que comme le prolongement de cet échange d'amour avec son Père
St Luc - cet évangéliste de la prière, a-t-on dit - nous rapporte qu'après la mission des soixante-douze disciples, "Jésus tressaillit de joie sous l'action de l'Esprit-Saint" en précisant : "Tout m'a été remis par le mon Père ; et nul ne connait qui est le Fils si ce n'est le Père, ni qui est le Père si ce n'est le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler" (Lc 10.22). Et après leur avoir transmis la prière par excellence, le "Notre Père", Jésus, toujours sous l'action de l'Esprit-Saint, dit : "Combien plus le Père donnera-t-il l'Esprit-Saint à ceux qui l'en prient !" (Lc 11.13). Demander l'Esprit-Saint ! Car "nous ne savons pas prier comme il faut", nous dit St Paul, mais "l'Esprit qui est en nous pousse des gémissements inénarrables !" (Rm 8.26).

Prier, c'est donc recevoir en toute humilité, comme le roi David, comme la Vierge Marie - l'Esprit Saint, l'Esprit de Jésus qui, en nous, vient prier, et ce, encore une fois, lorsque l'on est à la chapelle, à l'église, mais en chaque souffle de notre vie ! Inspirer l'Esprit-Saint et l'expirer devant Dieu en action de grâce, et devant nos frères en témoignage !

Il y aurait, bien sûr beaucoup à dire encore. Mais pour terminer selon l'esprit de St Jacques, je vous transmets un texte anonyme gravé sur une plaque de bronze dans un Institut de réadaptation à New-York

"J'ai demandé à Dieu la force pour atteindre le succès ;
il m'a rendu faible afin que j'apprenne humblement à obéir.

J'ai demandé la santé pour faire de grandes choses ;
il m'a donné l'infirmité pour que je fasse des choses meilleures.

J'ai demandé la richesse pour pouvoir être heureux ;
il m'a donné la pauvreté pour pouvoir être sage.

J'ai demandé la puissance pour obtenir l'estime des hommes ;
il m'a donné la faiblesse afin que j'éprouve le besoin de Dieu.

J'ai demandé un compagnon afin de ne pas vivre seul ;
il m'a donné un cœur afin que je puisse aimer tous mes frères.

J'ai demandé toutes les choses qui pourraient réjouir ma vie ;
j'ai reçu la vie afin que je puisse me réjouir de toutes choses.

Je n'ai rien eu de ce que j'avais demandé,
mais j'ai reçu tout ce que j'avais espéré.

Presque en dépit de moi-même,
les prières que j'avais formulées ont été exaucées.

Je suis, parmi les hommes, le plus richement comblé !". 

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