6ème
T.O. Mercredi -
St
Jacques qui ne ménage pas ses recommandations pour que nous soyons
véritablement disciples du Christ, insiste aujourd'hui sur l'écoute de la
Parole de Dieu ! Il faut être plus lent à parler, dit-il en quelque sorte,
qu'à écouter. Et il est vrai que pour cela, si nous n'avons qu'une seule langue
(fort heureusement !), nous avons deux oreilles, l'une pour écouter ce
qui se dit, et l'autre pour écouter ce qui ne se dit pas !
Dans
la Tradition juive dont l'auteur se réclame, il n'est pas concevable que l'on
puiise prier sans avoir d'abord écouté la Parole de Dieu !
"Shema Israël !"
- "Ecoute, Isaël !".
Et
il est une chose que l'on trouve assez
fréquemment et dans la tradition juive et dans la tradition patristique
chrétienne : c'est que le péché a émoussé la fine pointe de notre intelligence
humaine. L'intelligence n'est même plus capable de se mettre à l'écoute pour
comprendre le premier langage que Dieu prend pour nous parler : celui
de la nature, de la création, quoique ce langage dans la nature existe
toujours.
Alors,
Dieu parle parfois - autre langage - d'une manière nouvelle pour
remédier à cette espèce d'abrutissement de notre raison raisonnante. Il parle
comme en frappant sur la table - à la manière d'un professeur qui frappe sur son
bureau pour mieux se faire entendre de ses élèves - ... ! Dieu frappe, Lui,
par des prodiges, des merveilles…, comme au Sinaï (éclairs, tonnerre,
feu... etc.) et en d'autres circonstances de l'Histoire Sainte et de l'Histoire
de l'Eglise. Hier, en la fête de Ste Bernadette, nous rappelions les
"merveilles" des apparitions de Notre Dame... qui nous instruisait de
son "Immaculée Concpeiton", de nos devoirs de disciples de son Fils !
Ce
n'est pas, pour Dieu, la manière habituellle de parler : Lui qui "EST"
n'a pas besoin de paraître !
D'ailleurs,
spychologiquement parlant, ceux qui n'ont pas de consistance dans l’être font
beaucoup de bruit ; et ceux qui font beaucoup de bruit, souvent, n'ont pas
beaucoup de consistance dans l’être. Dieu est "Celui qui est" ! L’interprétation
du texte grec n'est pas différente de l’interprétation hébraïque : "ὁ
ὢν" : "Celui qui est". Il
EST ; et cela devrait nous suffire.
Il
y a une espèce de proportion inverse entre l’être et le paraître.
Dieu qui est n'a pas besoin de paraître ; et si on vit au plan du paraître, on
risque de dire finalement qu'Il n'existe pas, alors que c'est nous qui sommes
distraits, à cause de notre "aveuglement", disait Isaïe, à cause de
nos "divertissements", disait Pascal !
Alors
oui ! Dieu parle parfois par des prodiges… !
Il
parle encore - troisième langage - par la "folie" de la
prédication, disait St Paul. (1Co. 1.21) :"Les hommes, ayant refusé de connaitre
Dieu par la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la
folie de la prédication".
"Je perdrai la sagesse des sages",
disait Dieu par le prophète Isaïe (29.14).
Et
alors commence ce langage en lequel - et c'est curieux -, il y a toujours
des paradoxes ou, comme dit Chesterton, "des
vérités qui marchent sur la tête pour se faire remarquer". Ce sont les
femmes vierges qui enfantent, les puînés qui remplacent les aînés, des pécheurs
qui deviennent prédicateurs, des derniers qui deviennent premiers etc…
Et
puis Dieu marque toujours sa liberté dans le déroulement de son dessein d'amour
à l'égard de l'homme... Et cela aboutit - quatrième langage, si vous voulez - à ce que Dieu lui-même descend vers l'homme par
des démarches insensées : du ciel à la crèche, de la crèche à la croix, de
la croix au tombeau et au plus profond des enfers ; et puis il rebondit
jusqu'au ciel !
Et
Dieu dit encore - dans un dernier langage - qu'il veut non pas seulement se
faire connaître, mais s’unir à sa créature !
Et
l'on découvre que c'est par des
démarches également insensées que nous devons nous-mêmes répondre à la
Parole de Dieu, au "Verbe de Dieu", qui sans cesse nous invite...
Et
c'est alors que l'on fait l'expérience, en même temps, de la présence de Dieu
comme la Bien-Aimée du Cantique des cantiques : "J'entends
mon Bien-aimé. Voici qu'il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur
les collines" (Ct 2.8) : de la crèche à la croix... etc
Il
faut entendre ces divers langages divins pour parvenir à celui que Dieu
lui-même veut adresser à tout homme : "Je lui parlerai au coeur" (Osée
2.16). C'est "coeur à coeur" que Dieu veut nous parler,
discrètement, mystérieusement, comme pour le prophète Elie : dans "l'éclatement d'un silence" (2
Rois 19.12).
Savons-nous
"écouter" Dieu et lui parler véritablement et déjà nous unir à lui ? Dans
l'attente, dit St Jean, du moment où "nous serons semblabes à Dieu parce que
nous le v errons tel qu'il est !" (I Jn 3.2)
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