mercredi 19 février 2014

Les "langages" de Dieu !

6ème T.O. Mercredi  -    

St Jacques qui ne ménage pas ses recommandations pour que nous soyons véritablement disciples du Christ, insiste aujourd'hui sur l'écoute de la Parole de Dieu ! Il faut être plus lent à parler, dit-il en quelque sorte, qu'à écouter. Et il est vrai que pour cela, si nous n'avons qu'une seule langue (fort heureusement !), nous avons deux oreilles, l'une pour écouter ce qui se dit, et l'autre pour écouter ce qui ne se dit pas !

Dans la Tradition juive dont l'auteur se réclame, il n'est pas concevable que l'on puiise prier sans avoir d'abord écouté la Parole de Dieu !
"Shema Israël !" - "Ecoute, Isaël !".

Et il est une chose que l'on trouve  assez fréquemment et dans la tradition juive et dans la tradition patristique chrétienne : c'est que le péché a émoussé la fine pointe de notre intelligence humaine. L'intelligence n'est même plus capable de se mettre à l'écoute pour comprendre le premier langage que Dieu prend pour nous parler : celui de la nature, de la création, quoique ce langage dans la nature existe toujours.

Alors, Dieu parle parfois - autre langage - d'une manière nouvelle pour remédier à cette espèce d'abrutissement de notre raison raisonnante. Il parle comme en frappant sur la table - à la manière d'un professeur qui frappe sur son bureau pour mieux se faire entendre de ses élèves - ... ! Dieu frappe, Lui, par des prodiges, des merveilles…, comme au Sinaï (éclairs, tonnerre, feu... etc.) et en d'autres circonstances de l'Histoire Sainte et de l'Histoire de l'Eglise. Hier, en la fête de Ste Bernadette, nous rappelions les "merveilles" des apparitions de Notre Dame... qui nous instruisait de son "Immaculée Concpeiton", de nos devoirs de disciples de son Fils !

Ce n'est pas, pour Dieu, la manière habituellle de parler : Lui qui "EST" n'a pas besoin de paraître !
D'ailleurs, spychologiquement parlant, ceux qui n'ont pas de consistance dans l’être font beaucoup de bruit ; et ceux qui font beaucoup de bruit, souvent, n'ont pas beaucoup de consistance dans l’être. Dieu est "Celui qui est" ! L’interprétation du texte grec n'est pas différente de l’interprétation hébraïque : "ὁ ὢν" : "Celui qui est".  Il EST ; et cela devrait nous suffire.

Il y a une espèce de proportion inverse entre l’être et le paraître. Dieu qui est n'a pas besoin de paraître ; et si on vit au plan du paraître, on risque de dire finalement qu'Il n'existe pas, alors que c'est nous qui sommes distraits, à cause de notre "aveuglement", disait Isaïe, à cause de nos "divertissements", disait Pascal !
Alors oui ! Dieu parle parfois par des prodiges…  !

Il parle encore - troisième langage - par la "folie" de la prédication, disait St Paul. (1Co. 1.21) :"Les hommes, ayant refusé de connaitre Dieu par la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication".
"Je perdrai la sagesse des sages", disait Dieu par le prophète Isaïe (29.14).

Et alors commence ce langage en lequel - et c'est curieux -, il y a toujours des paradoxes ou, comme dit Chesterton, "des vérités qui marchent sur la tête pour se faire remarquer". Ce sont les femmes vierges qui enfantent, les puînés qui remplacent les aînés, des pécheurs qui deviennent prédicateurs, des derniers qui deviennent premiers etc…

Et puis Dieu marque toujours sa liberté dans le déroulement de son dessein d'amour à l'égard de l'homme... Et cela aboutit - quatrième langage, si vous voulez  - à ce que Dieu lui-même descend vers l'homme par des démarches insensées : du ciel à la crèche, de la crèche à la croix, de la croix au tombeau et au plus profond des enfers ; et puis il rebondit jusqu'au ciel !

Et Dieu dit encore - dans un dernier langage - qu'il veut non pas seulement se faire connaître, mais s’unir à sa créature !
Et l'on découvre  que c'est par des démarches également insensées que nous devons nous-mêmes répondre à la Parole de Dieu, au "Verbe de Dieu", qui sans cesse nous invite...
Et c'est alors que l'on fait l'expérience, en même temps, de la présence de Dieu comme la Bien-Aimée du Cantique des cantiques :  "J'entends mon Bien-aimé. Voici qu'il arrive, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines" (Ct 2.8) : de la crèche à la croix... etc

Il faut entendre ces divers langages divins pour parvenir à celui que Dieu lui-même veut adresser à tout homme  : "Je lui parlerai au coeur" (Osée 2.16). C'est "coeur à coeur" que Dieu veut nous parler, discrètement, mystérieusement, comme pour le prophète Elie : dans "l'éclatement d'un silence" (2 Rois 19.12).

Savons-nous "écouter" Dieu et lui parler véritablement et déjà nous unir à lui ? Dans l'attente, dit St Jean,  du moment où "nous serons semblabes à Dieu parce que nous le v errons tel qu'il est !" (I Jn 3.2)

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