mercredi 26 février 2014

Richesse - Pauvreté !

7ème T.O. Mercredi  -    

St Jacques reprend ici un thème qui est constant dans toute la Bible et que St Paul rappellera sans cesse : la seule richesse, c'est Dieu ! "Tout est à vous !", dira-t-il. Certes ! Au matin de la création, Dieu n'a-t-il pas dit à Adam, à l'homme : "Remplissez la terre, dominez-la ! Soumettez poissons de la mer, oiseaux du ciel et bêtes sur la terre !" (Gen 1.28). "Tout est à vous ! Mais vous, vous êtes au Christ ; et le Christ est à Dieu !" (I Co. 3.21).

Mais en nous créant, en nous confiant toute sa création, Dieu maintient son projet : il met l'homme en marche vers une ville dont lui seul est "l'Architecte et le fondateur" (Heb 11.18). Et cette ville sera faite de pierres précieuses, dit l'Apocalypse ; il n'y aura pas deux pierres précieuses semblables (Cf. Apoc. 21).

Mais l'homme, pourtant créé "à l'image et ressemblance" (Gen 1.28) de Dieu, s'est comme désintéressé de Dieu ; il oublie Dieu. Et au lieu de rentrer dans le projet divin avec enthousiasme, avec foi, confiance et amour, il élabore un contre-projet à celui de Dieu. Et les hommes font des briques ! "Faisons des briques et construisons une tour !" (Gen 11.4), nous-mêmes ! - "Nous ferons des affaires et nous aurons du bénéfice" - nous seuls ! -, rapporte St Jacques dans le même sens. "Vous vous glorifiez en faisant les fanfarons !", en vous mettant à la place du Créateur.

"Toute cette gloriole est mauvaise !", ajoute St Jacques !
- Elle est mauvaise pour l'homme lui-même ! On le sait depuis toujours ! Car faire des briques et encore des briques pour construire orgueilleusement une tour qui monte à l'assaut du ciel conduit systématiquement à faire des briques et encore des briques pour construire des pyramides à un pharaon quel qu'il soit, dans la servitude d'une Egypte quelle qu'elle soit !
- Elle est encore mauvaise cette gloriole, car en faisant des briques et encore des brique par orgueil, les hommes ne se comprennent même plus ; ils sont obligés de se séparer. Rappelons-nous l'histoire d'Abraham et de Lot à Béthel, dans la montagne de Samarie. Tous deux reviennent d'Egypte ; ils reviennent avec beaucoup de richesses. Et alors, dans le récit, il y a une phrase curieusement pertinente : "Ils avaient de trop grands biens pour pouvoir vivre ensemble !" (Gen 13.6). Alors, ce fut la séparation, la division ; et l'on connait la suite ! "D'où viennent les guerres, les conflits ?", nous demandait hier St Jacques.  "Vous êtes pleins de convoitise et vous n'obtenez rien ; alors vous tuez !"

Mais alors, comment vivre ici-bas ? "Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent", nous dira Notre Seigneur, dimanche prochain. Alors comment vivre ? Peut-être que St Paul a trouvé la formule, lui qui disait que l'important est d'être finalement de ceux "qui usent de ce monde comme s'ils n'en usaient pas !" (I Co. 7). Et il ajoutais avec pertinence : "Car la figure de ce monde passe. Et je voudrais que vous soyez exempts de soucis !"

Oui, le péché du monde, c'est bien l'orgueil de la richesse qui nous fait si facilement oublier Dieu ! N'oublions pas qu'en nous créant, Dieu nous destine aux épanouissements d'une fécondité divine... Et, malheureusement, nous tombons dans les esclavages de la production : faire des briques terrestres, en encore des briques !

Et l'avertissement de St Jacques et de tout la Bible nous concerne tous ! On est tous tentés d'achanger cette logique de fécondité avec Dieu contre l'esclavage de la production : faire des briques et encore des briques !
On peut faire des briques si l'on est curé de paroisse, par exemple : on ne pense qu'à ce que l'on fait ; on élabore plans, projets... et on oublie de prier !
On peut faire des briques même si l'on est moine ou moniale : on est tellement pris dans l'action de sa fonction quelle qu'elle soit : concocter des plats pour ses frères et sœurs ou prendre soin des cierges de dévotion, peu importe ! On risque toujours d'élaborer son système à soi et, finalement, d'adorer l'oeuvre de ses mains !

Aussi, n'oublions pas : il n'y a qu'une seule richesse véritable : Dieu lui-même ! Et n'oublions surtout pas alors de laisser vivre le Christ en nous - c'est le sens de toute participation à l'Eucharistie - de laisser vivre le Christ en nous, "lequel s'est fait pauvre de riche qu'il était" (2 Co. 8.9), afin de nous transmettre sa richesse, sa richesse divine !  
Et notre pape François a bien raison de nous rappeler le sens de la véritable pauvreté, à la suite de St François d'Assise qui disait : "Je connais Jésus pauvre (et crucifié) ; et cela me suffit !". En tous les cas, évitons tout orgueil, car, disait, avec raison, Ste Thérèse d'Avila : "Nous sommes tous des pauvres devant Dieu !".

Et, finalement, si c'étaient les pauvres - les éternels pauvres de cœur - qui ont le secret de l'espérance ?

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