7ème
T.O. Mercredi -
St
Jacques reprend ici un thème qui est constant dans toute la Bible et que St
Paul rappellera sans cesse : la seule
richesse, c'est Dieu ! "Tout
est à vous !", dira-t-il. Certes ! Au matin de la création, Dieu
n'a-t-il pas dit à Adam, à l'homme : "Remplissez
la terre, dominez-la ! Soumettez poissons de la mer, oiseaux du ciel et bêtes
sur la terre !" (Gen 1.28). "Tout
est à vous ! Mais vous, vous êtes au Christ ; et le Christ est à Dieu !"
(I Co. 3.21).
Mais
en nous créant, en nous confiant toute sa création, Dieu maintient son projet :
il met l'homme en marche vers une ville dont lui seul est "l'Architecte et le fondateur" (Heb
11.18). Et cette ville sera faite de pierres précieuses, dit
l'Apocalypse ; il n'y aura pas deux pierres précieuses semblables (Cf.
Apoc. 21).
Mais
l'homme, pourtant créé "à l'image et
ressemblance" (Gen 1.28) de Dieu, s'est comme désintéressé de
Dieu ; il oublie Dieu. Et au lieu de rentrer dans le projet divin avec
enthousiasme, avec foi, confiance et amour, il élabore un contre-projet à celui
de Dieu. Et les hommes font des briques ! "Faisons
des briques et construisons une tour !" (Gen 11.4),
nous-mêmes ! - "Nous ferons des
affaires et nous aurons du bénéfice" - nous seuls ! -, rapporte St
Jacques dans le même sens. "Vous
vous glorifiez en faisant les fanfarons !", en vous mettant à la place
du Créateur.
"Toute cette gloriole est
mauvaise !", ajoute St Jacques
!
- Elle
est mauvaise pour l'homme lui-même ! On le sait depuis toujours ! Car faire
des briques et encore des briques pour construire orgueilleusement une tour qui
monte à l'assaut du ciel conduit systématiquement à faire des briques et encore
des briques pour construire des pyramides à un pharaon quel qu'il soit, dans la
servitude d'une Egypte quelle qu'elle soit !
- Elle
est encore mauvaise cette gloriole, car en faisant des briques et encore des
brique par orgueil, les hommes ne se comprennent même plus ; ils sont
obligés de se séparer. Rappelons-nous l'histoire d'Abraham et de Lot à
Béthel, dans la montagne de Samarie. Tous deux reviennent d'Egypte ; ils
reviennent avec beaucoup de richesses. Et alors, dans le récit, il y a une
phrase curieusement pertinente : "Ils
avaient de trop grands biens pour pouvoir vivre ensemble !" (Gen
13.6). Alors, ce fut la séparation, la division ; et l'on connait
la suite ! "D'où viennent les
guerres, les conflits ?", nous demandait hier St Jacques. "Vous
êtes pleins de convoitise et vous n'obtenez rien ; alors vous tuez !"
Mais
alors, comment vivre ici-bas ? "Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l'argent",
nous dira Notre Seigneur, dimanche prochain. Alors comment vivre ? Peut-être
que St Paul a trouvé la formule, lui qui disait que l'important est d'être
finalement de ceux "qui usent de ce
monde comme s'ils n'en usaient pas !" (I Co. 7).
Et il ajoutais avec pertinence : "Car
la figure de ce monde passe. Et je voudrais que vous soyez exempts de soucis
!"
Oui,
le péché du monde, c'est bien l'orgueil de la richesse qui nous fait si
facilement oublier Dieu ! N'oublions pas qu'en nous créant, Dieu nous destine
aux épanouissements d'une fécondité divine... Et, malheureusement, nous tombons
dans les esclavages de la production : faire des briques terrestres, en encore
des briques !
Et
l'avertissement de St Jacques et de tout la Bible nous concerne tous !
On est tous tentés d'achanger cette logique de fécondité avec Dieu contre l'esclavage
de la production : faire des briques et encore des briques !
On
peut faire des briques si l'on est curé de paroisse, par exemple : on ne pense
qu'à ce que l'on fait ; on élabore plans, projets... et on oublie de prier !
On
peut faire des briques même si l'on est moine ou moniale : on est tellement
pris dans l'action de sa fonction quelle qu'elle soit : concocter des plats
pour ses frères et sœurs ou prendre soin des cierges de dévotion, peu importe
! On risque toujours d'élaborer son système à soi et, finalement, d'adorer
l'oeuvre de ses mains !
Aussi,
n'oublions pas : il n'y a qu'une seule richesse véritable : Dieu lui-même !
Et n'oublions surtout pas alors de laisser vivre le Christ en nous - c'est le
sens de toute participation à l'Eucharistie - de laisser vivre le Christ en
nous, "lequel s'est fait pauvre de
riche qu'il était" (2 Co. 8.9),
afin de nous transmettre sa richesse, sa richesse divine !
Et
notre pape François a bien raison de nous rappeler le sens de la véritable pauvreté,
à la suite de St François d'Assise qui disait : "Je connais Jésus pauvre (et crucifié) ; et cela me suffit !".
En tous les cas, évitons tout orgueil, car, disait, avec raison, Ste Thérèse
d'Avila : "Nous sommes tous des
pauvres devant Dieu !".
Et,
finalement, si c'étaient les pauvres - les éternels pauvres de cœur - qui ont
le secret de l'espérance ?
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