6ème
T.O. Lundi
"Ce
qui n'est pas clair n'est pas français", a-t-on dit (Antoine de Rivarol)
!
Aussi passe-t-on le plus clair de notre temps à chasser les ombres. Et puisque
nous commençons aujourd'hui la lecture liturgique de la lettre de St Jacques,
permettez-moi d'essayer de tirer au clair la confusion qui règne facilement
entre les personnages du Nouveau Testament qui portent le nom de Jacques.
1. Il y a Jacques dit "le Majeur",
apôtre du Seigneur et frère aîné ("majeur") de Jean, tous deux étant
dénommés "boarnègès", fils du tonnerre, à cause probablement de leur
tempérament vif et ardent...
Avec Pierre, ces deux frères participent à
des événements importants de la vie de Notre Seigneur : Transfiguration, résurrection
de la fille de Jaïre ; ils seront les témoins "endormis" de la prière
de Jésus à Gethsémani... etc.
Jacques fut le témoin de la troisième
apparition de Jésus après sa mort, sur les bords du lac de Tibériade. C'est
l'épisode la pèche miraculeuse.
Il est le seul apôtre dont la mort est
rapportée dans le Nouveau Testament : "Hérode
fit périr par la glaive Jacques, frère de Jean" (Act 12.2). Nous sommes
probablement en l'an 44.
2. Il y a également Jacques dit "le
Mineur" ou "le Petit" qui est mentionné dans les récits de
la Passion pour identifier l'une des "Marie" qui étaient près de
Jésus en croix et ensuite près de son tombeau (1)
3. Il y a un autre apôtre du nom de
Jacques, le fils d'Alphée qui a été longtemps confondu avec Jacques
"le Mineur".
4. Il y a encore Jacques,
"le frère de Jésus" : figure prestigieuse du
christianisme primitif. Il ne fut pas, de son vivant, "évêque de
Jérusalem" parce que ce titre n'existait pas à cette époque. Cependant,
dès que cette fonction commença à exister, on n'hésita pas à l'attribuer à ce Jacques tant son influence fut grande et respectée... (Concile de
Jérusalem..., rapports avec Paul...).
Paul dit lui-même que ce Jacques gouverna
d'abord l'Église de Jérusalem avec Céphas et Jean (Ga 2,9), mais après
la mort de Jacques, le fils de Zébédée (Ac 12,2), et après l'arrestation
dont Pierre s'échappa miraculeusement (donc dès 44), il régna seul à Jérusalem (Ac 12,17) jusqu'à sa
mort en 62.
St Jérôme (en particulier avec
Eusèbe de Césarée... etc.) tenta, pour diverses raisons, de prouver que ce
Jacques "frère du Seigneur" est le même que Jacques, le fils
d'Alphée, l'un des Douze et que Jacques le Mineur. Bien que cette
identification ait été, à une certaine époque acceptée par l'Église catholique - surtout en
Occident, ce qui provoqua confusion pendant longtemps -, elle n'est
plus soutenue aujourd'hui. L'état actuel de la recherche nous dit que ce
Jacques "évêque de Jérusalem" ne fut jamais l'un des Douze.
5. Et enfin, il y a Jacques,
l'auteur de la lettre qui porte son nom. Il est difficile d'attribuer cette
lettre à l'un des autres "Jacques". On pense plutôt que notre auteur
fut un disciple de Jacques l'"évêque de Jérusalem" et qu'il
écrivit vers l'an 80.
L'écrit ressemble plus à
une collection de sentences qu'à une lettre. On sent que
l'intention de l'auteur n'est pas de donner un exposé de la foi, de rappeler
l'enseignement de l'Evangile. Il se borne à y faire référence.
On l'a souvent - et à tort
- opposé à St Paul. Probablement sensible aux relations sociales, il réagit
vigoureusement contre certains chrétiens dont la foi (trop
théorique sans doute - cela arrive ! -) n'a aucun effet sur leur
comportement. Il insiste donc sur la nécessité des œuvres : "comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les oeuvres
est morte" (Cf. (2.14-26). St Paul, lui aussi, attend que la
foi se fasse agissante. Et s'il condamne certaines œuvres, c'est qu'elles sont trop acccomplies dans un
esprit d'orgueil, en oubliant que notre seule force, c'est le mystère
pascal du Christ et non notre force banalement humaine pour se conformer à
une Loi : "Si la justice s'obtient
par la Loi, dira-t-il, Christ est
donc mort en vain !" (Gal 2.21)
Il reste que l'écrit donne
l'essentiel de toute une réflexion chrétienne en matière de morale pratique.
Et le document s'achève par
une forte incitation à la prière qui doit soutenir toute l'existence
chrétienne. Elle peut même devenir source de santé pour les malades.
Après ces quelques
réflexions, il serait bon maintenant d'entrer dans le texte lui-même ! Il ne
m'en reste guère le temps. Aussi, je vous propose aujourd'hui qu'un seul mot à
méditer : celui de la persévérance,
malgré les épreuves ! St Jacques et St Paul se retrouveraient facilement
sur ce mot.
Dans l'Ancienne
Alliance, la fidélité de Dieu envers son peuple était en fonction de la
fidélité de celui-ici à son égard, ce qui rendait les bénédictions divines
faites "au commencement" fort aléatoires, comme le souligne le livre
du Lévitique : "Si vous repoussez
mes lois et rompez mon alliance en ne mettant pas en pratique tous mes
commandements, j'agirai de même, moi aussi, envers vous". (Lev 26.15-16). Et le Livre du
Deutéronome est encore plus précis (Cf. Det. 26.17-18 ; 28.15-69 ; cf Am. 4.6-12).
La Nouvelle Alliance établie par
Jésus Christ, elle, est éternelle (Cf. Heb 8.8-9).
D'une part, elle est conclue par l'amour immuable de
Dieu : "Quoi donc, s'écrie
St Paul, si quelques-uns ont été
infidèles, leur infidélité va-t-elle annuler la fidélité de Dieu ? Certes non !"
(Rm 3.3). Et il s'écrie encore : "Si
nous sommes infidèles, lui reste
fidèle, car il ne peut se renier lui-même" (2 Tm 2.13). Et souvent
l'apôtre manifestera son "espérance
de la vie éternelle promise avant tous les siècles par le Dieu qui ne ment pas
!" (Tit 1.2).
D'autre part, l'Ancienne Alliance
obligeait sans procurer les moyens de remplir les obligations souscrites. Le Dieu de la Nouvelle Alliance, lui, ayant déjà donné le salut par son Fils
- "Il n'a pas épargné son propre Fils
mais l'a livré pour nous tous ! Comment, avec lui, ne nous accordera-t-il pas
toute faveur ?" (Rm. 8.32) -, nous acccordera tous les moyens nécessaires pour persévérer (Cf. I Thess. 8.24
; II Thess 3.3 ; I Co. 1.9 ; Phil. 1.6).
Il accordera même le pardon des fautes. Car il est
fidèle dans sa miséricorde : "Si
nous confessons nos péchés, lui, fidèle et juste, pardonnera nos péchés et nous
purifiera de toute iniquité" (I Jn 1.9). C'est qu'il est bien plus grand que notre propre
cœur, comme le souligne St Jean : "Si notre
cœur venait à nous condamner, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît
tout" (I Jn 3.20).
En conséquence, soyons persévérants. Et que "notre
persévérance, nous dit St Jacques,
s'accompagne d'une conduite parfaite", la plus possible. "Restons indéfectiblement attachés à la
profession de notre erspérance, dit la lettre aux Hébreux, car celui qui a promis est fidèle. Et
faisons attention les uns aux autres pour nous stimuler dans la charité et les
œuvres bonnes" (Heb 10.23).
(1) "Il y
avait des femmes (près de la croix), entre autres Marie de Magdala, Marie mère de
Jacques le petit et de Joset, et Salomé" (Marc
15.40)
Et
"Quand le sabbat fut passé, Marie de
Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates..."
(16.1).
"A leur retour du tombeau, elles
rapportèrent la aux Onze et à tous les autres" ce qu'elles
avaient vu. "C'étaient Marie la Magdaléenne, Jeanne et Marie, mère de Jacques"
(Lc 24.9-10).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire