5ème
T.O. Samedi
Jéroboam, roi d'Israël, fit deux veaux d'or
et dit au peuple : "Israël, voici
ton Dieu qui t'a fait sortir du pays d'Egypte !".
Ce n'est que la reprise, la répétition de l'histoire
du veau d'or, au désert, durant l'exode. Moïse était parti à la rencontre
de Dieu sur la Montagne Sainte. Mais Moïse tardait à revenir ! L'Exode est un
long pèlerinage. La vie est un long voyage aussi !
Et tout au long de l'Exode, tout au long de
l'histoire, tout au long de notre vie, l'épreuve est parfois très dure. Et on
aspire à la protection de Dieu, de Dieu que l'on ne voit pas. Alors la
tentation est grande de se représenter Dieu de façon très humaine, à
notre manière humaine ! En ce sens, Voltaire avait bien raison : "Dieu a fait l'homme à son image ; et l'homme
le lui a bien rendu !".
Jéroboam dit : "Israël, voici ton Dieu qui t'a fait sortir du pays d'Egypte
!", comme le peuple avait dit au désert devant le veau d'or : "Voici ton Dieu qui t'a fait sortir du
pays d'Egypte !".
Et si on se fait, par soi-même, un Dieu à
sa convenance, les rapports avec le "Dieu Unique" sont faussés ; et
du même coup les rapports de l'homme avec l'homme sont faussés !
L'"injustice" envers Dieu entraîne l'"injustice" entre les
hommes. Si l'on n'est plus "ajusté à Dieu, on n'est plus "ajusté à
son semblable ! Et, en fin de course, c'est l'homme qui devient un Dieu pour
l'homme ! Cela s'est vu ; cela se voit toujours !
Il est bon de remarquer d'ailleurs qu'au
moment même où Jéroboam établit ses veaux d'or à Béthel et à Dan, le "terrible"
Amos intervient. Mais - chose curieuse - ce n'est pas tellement l'idolâtrie
qu'il condamne, c'est, sous le paravent de la religion, la pratique de
l'injustice entre les hommes (Cf. Am. 1.6-8 ; 2.6-8 ; 3.9-10 ; 4.1 ;
5.10-12 ; 5.21-24).
Et Jérémie reprendra magistralement
cette argumentation, ce genre d'idolâtrie : Vous venez au temple, dira-t-il, et
vous dites : "Temple de Dieu !
Temple de Dieu ! Temple de Dieu" (7.4) ; vous vous abritez derrière le culte du
temple pour commettre vos iniquités. Finalement, sous vos gestes pieux et cultuels,
vous faites du Temple un "repaire de
brigands".
On sent qu'avec Amos et les grands prophètes
c'est le cœur de l'homme qui devient le véritable temple. Dieu veut
toujours nous attirer au désert pour nous parler "au cœur", selon
l'expression du prophète Osée (2.16).
Et à la Samaritaine, Jésus parlera du "culte en esprit et vérité",
un culte que l'on rend en son cœur !
St Jacques, lui aussi, sera très sensible à
cet enseignement
Certes, Dieu, on ne le voit pas ! On ne
connaît même pas son Nom avec exactitude. Alors, la tentation est parfois forte
de se faire une représentation de Dieu, de donner un nom à Dieu comme Adam
avait donné un nom aux animaux pour mieux les cerner, les posséder. Et si l'on
veut mettre Dieu à sa disposition, en quelque sorte, l'homme lui-même devient
propriétaire de l'homme ! Voilà la véritable idolâtrie ! Asservir Dieu
et du coup asservir l'homme !
"Fais-nous
un Dieu qui aille devant nous !", demandait le peuple au désert. Mais le
Dieu transcendant ne peut être réduit à la condition humaine ! "Je suis Dieu et non point homme,
transmettait le prophète Osée ; Au milieu
de toi, je suis saint !" (11.9).
Non, Dieu ne peut être ainsi
"réduit", si je puis dire..., à moins que... A moins que Lui,
Dieu, prenne l'initiative de venir à nous, de nous parler, et ce jusqu'à
naître dans une crèche, dans une étable de Bethléem, de cheminer sur nos routes
humaines, de nous donner le pain de la terre qui entre ses mains devient
"pain du ciel". Sept pains, c'est-a-dire les pains pour tous les sept
jours de la de création, de la re-création, pain de plénitude donné à quatre
mille hommes, aux hommes des quatre points cardinaux, aux hommes de la terre
entière...
Oui, c'est Dieu seul qui peut prendre
l'initiative d'être comme un homme ! Une initiative dont on ne mesurera
jamais assez la gratuité !
Et il est intéressant de remarquer que
c'est au moment où l'homme n'osait plus prononcer le Nom de Dieu - un Dieu si
transcendant -, c'est au moment où le Grand-Prêtre entrait, une fois pas an
seulement, dans le "Saint des Saints" et bafouillait le Nom de Dieu,
au moment où le sens du sacré était le plus développé chez les Juifs que
l'Incarnation - Dieu qui se fait homme - se produit "à la plénitude des
temps", dira St Paul.
C'est là toute la pédagogie de Dieu à notre
égard. Et, dès lors, on n'aura jamais fini d'inventorier toutes les méthodes
que Dieu prend pour parler au cœur de l'homme...
Il suffit de l'écouter pour pratiquer le
véritable culte et lui offrir un "sacrifice
qui est digne de lui" !
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