jeudi 6 septembre 2012

Tous, vous êtes à Dieu !


22 T.O. Jeudi 12/B       -   (I Co. 3.18sv)

Aux Corinthiens qui, trop facilement, veulent jouir des plaisirs de ce monde, se tourner vers des “sagesses humaines“, se réclamer de maîtres divers - tels apollos, Céphas, Paul… -, ce qui risque de créer de fortes divisions, l’apôtre Paul vient de leur dire : De fondement, de principe de vie, il n’y en a pas d’autre que le Christ !
Il n’y en a pas d’autres ! Voyez donc sur quoi, sur qui vous construisez votre vie… N’oubliez pas que tous, vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ! Aux Ephésiens, il écrira : “Vous êtes, ensemble, intégrés à la construction qui a pour fondement les apôtres et les prophètes pour devenir une Demeure de Dieu par l’Esprit“ (Eph. 2.20sv). Et, un peu plus loin, il demandera aux mêmes Corinthiens : “Qu’y-a-t-il de commun entre le Temple de Dieu et les idoles (les prétendues sagesses de ce monde). Car nous sommes, nous, le Temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : « Au milieu d’eux j’habiterai… »“ (2 Co. 6.16).

De cette réalité, dit-il, il faut en prendre conscience - et une conscience qui doit en témoigner - : La Communauté chrétienne est, doit être le véritable Temple de la Nouvelle Alliance dans le Christ. Elle prend la suite du temple de Jérusalem. Car l’Esprit Saint habite en elle, accomplissant de façon infiniment plus parfaite ce que réalisait la présence de la Gloire de Dieu habitant le temple de Jérusalem. Et Paul de demander un peu plus loin : “Ne savez-vous pas que votre corps (lui-même) est temple du Saint-Esprit qui est en vous et qui vous vient de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ?“ (I Co. 6.19). Oui, il n’y a bien comme fondement de vie que le Christ !

Donc - et c’est notre lecture -, “que personne ne s’y trompe !“. Paul emploie, là, une formule de diatribe. Jusqu’ici, il a retenu l’explosion d’une colère qui s’accumulait en lui à mesure que, dictant, il se représentait de plus en plus la légèreté des Corinthiens, les dangers auxquels ils exposaient leur foi et leur salut. S’en apercevant peut-être, il remonte alors brusquement aux principes généraux et énonce, dans notre lecture, des prescriptions qui pourraient servir à clore toute discussion… Il le fait avec une vigueur qui souligne son émotion ! Si quelqu’un, dit-il, est sage à la manière du monde, qu’il devienne donc fou - de cette folie de Dieu qui a envoyé son Fils dans le monde mourir pour notre salut -, qu’il devienne donc ainsi fou de cette folie de Dieu qui, finalement, est sagesse de Dieu pour notre salut ! 

Que nul ne mette donc son orgueil en des hommes en disant : “Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos, moi à Céphas“. – Non, vous n’appartenez pas à ces hommes-là ; ce sont eux qui sont vos serviteurs. Eux… - comme tout le reste de la création qui peut induire à des sagesses humaines -, … ceux-là mêmes sont à votre service pour que vous soyez vous-mêmes au service du Christ, et, par le Christ, au service de Dieu ! Exhortation qui n’a pas toujours été suivie, appliquée et qui, pourtant, devrait régir toutes relations qu’imposent toute charge d’autorité et tout devoir d’obéissance l Personne n’appartient à quelqu’un d’autre ; tous, nous sommes au Christ.

A ce sujet, le Concile Vatican II - dont nous allons fêter le 50ème anniversaire -, demande à l’évêque (c’est un exemple) “de garder devant ses yeux l’exemple du Bon Pasteur venu, non pas pour se faire servir, mais servir (Cf. Mth 20.28 ; Mc 10.45), et donner sa vie pour ses brebis (Jn 10.11)…“ (L.G. 27).
Et il précisera (L.G. 32), se référant à St Paul : “L'Eglise est organisée suivant une variété merveilleuse. "De  même qu'en un seul corps nous avons plusieurs membres qui n'ont pas tous même fonction, ainsi, à plusieurs, nous sommes un seul corps dans le Christ, … (Rm 12,4-5). "Il n'y a qu'un Seigneur, une foi, un baptême" (Ep 4,5). Commune est la dignité des membres du fait de leur régénération dans le Christ ; commune la grâce d'adoption filiale ; commune la vocation à la perfection ; il n'y a qu'un salut, une espérance, une charité sans division. Il n'y a donc, dans le Christ et dans l'Eglise, aucune inégalité … car "vous n'êtes tous qu'un dans le Christ Jésus" (Ga 3,28 grec ; cf. Col 3,11).

Si donc, dans l'Eglise, tous ne marchent pas par le même chemin, tous, cependant, sont appelés à la sainteté et ont reçu à titre égal la foi qui introduit dans la justice de Dieu (cf. 2 P 1,1). Même si certains sont institués docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres, cependant, quant à la dignité et à l'activité commune à tous les fidèles dans l'édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité… La diversité même des grâces, des ministères contribue à lier les fils de Dieu en un tout. Car "tout cela c'est l’œuvre d'un seul et même Esprit" (1Co 12,11).

Et le Concile de rappeler la phrase célèbre de St Augustin : "Si ce que je suis pour vous (évêque) m'épouvante, ce que je suis avec vous (chrétien) me rassure. Pour vous en effet, je suis l'évêque ; avec vous je suis chrétien. Evêque, c'est le titre d'une charge qu'on assume ; chrétien, c'est le nom de la grâce (qu'on reçoit) ! (Evêque), Titre périlleux ; (chrétien), nom salutaire".

Aussi, notre lecture d’aujourd’hui de conclure par cette formule lapidaire dont St Paul a le secret : Certes, “tout est à vous - Paul et Apollos et Pierre ; le monde, la vie et la mort ; le présent et l’avenir ; tout à vous ! - ; Mais vous, vous êtes au Christ (c’est lui le “fondement“, ne l’oublions jamais !), et le Christ est à Dieu !“.

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